Le 10 octobre 2025, tout s’est emballé. En quelques heures, le marché crypto a décroché d’un bloc. Les messages paniqués ont envahi les téléphones, les plateformes ont rameuté les alertes, et des milliers d’investisseurs ont vu leurs positions s’évaporer. Voici ce qu’ont vécu cinq personnes au cœur de la tempête.
Maxime, trader d’options : « J’ai vendu de l’assurance à une foule en panique »
« À 18 h, j’ai vu la couleur : le prix tombait, les gens voulaient des puts (des assurances contre la chute), et tout d’un coup. » Maxime travaille sur un desk de produits dérivés à Singapour. Son boulot ce soir-là ? Répondre à une seule demande : protéger.
Sponsored« Le spread s’écartait, la liquidité se retirait. Chaque client voulait le même parapluie en même temps. J’ai enchaîné cafés et appels. »
Il n’a presque pas dormi du week-end. « On a limité la casse pour nos clients, mais j’ai pris une claque nerveuse. Le lundi, je tremblais encore en ouvrant la plateforme. J’ai compris que la meilleure stratégie, ce n’est pas d’être un héros : c’est d’avoir un plan avant la pluie. »
Lina, créatrice de contenus : « J’ai streamé la chute… puis j’ai lu les DM »
Lina est une influenceuse « fin-crypto ». Elle a lancé un live quand les bougies rouges se sont mises à défiler. « L’audience grimpait, le chat explosait. Certains racontaient leurs liquidations, d’autres demandaient quoi faire. »
Après le live, les messages privés ont pris le relais. « Des gens perdus, honteux, en panique. J’ai passé mon dimanche à répondre, à rappeler des basiques : ne pas tout jouer sur marge, ne pas confondre “vu sur TikTok” et stratégie. »
Le lundi, elle a posté un guide simple : comment répartir ses mises, comment poser des limites, comment faire une pause. « Les vues, c’est bien. Les gens, c’est mieux. »
« Leo », market-maker : « La mer s’est retirée, et on a vu le sable »
Un market-maker, qu’on appellera Leo, décrit la scène avec une image facile à comprendre :
« C’est comme si la mer se retirait avant un tsunami. La profondeur disparaît, les ordres au marché mordent plusieurs niveaux d’un coup, les prix glissent plus vite. »
Ses algorithmes sont programmés pour réduire le risque quand ça dégénère : « On coupe la taille, on élargit les prix, on évite de se retrouver coincés avec des positions impossibles à couvrir. »
Sa leçon grand public : « Ne jamais présumer qu’il y aura toujours quelqu’un en face pour vous racheter. Quand tout le monde veut sortir par la même porte, la porte rétrécit. »
Sponsored SponsoredSalomé, analyste sell-side : « Le halving n’est pas un airbag »
Salomé, analyste dans un courtier, a passé son week-end à rassurer, expliquer, remettre des chiffres dans l’émotion.
« Beaucoup de clients disaient : “Mais le halving !” Comme si c’était un bouclier magique. J’ai répété cent fois : le halving, c’est un calendrier d’émission. Ce n’est pas un airbag. À court terme, ce sont les positions, la liquidité, la peur qui mènent la danse. »
Le lundi, elle a envoyé à tous ses clients une check-list simple :
- Moins d’effet de levier (surtout sur les petites pièces très volatiles).
- Plus de cash en réserve pour tenir les creux.
- Règles automatiques (stop, prise de profits) pour éviter la panique.
« Mon métier n’est pas de prédire l’avenir. C’est d’enseigner des bonnes habitudes quand l’avenir devient flou. »
Le choc humain : « Derrière une courbe, il y a quelqu’un »
Au milieu des graphiques, une nouvelle a figé tout le monde : un créateur de contenu connu dans la communauté a été retrouvé mort, en Ukraine. La police évoque un suicide.
Des amis parlent de pertes massives et d’un moral en chute libre. D’autres influenceurs ont décidé de faire une pause, de publier des numéros d’aide, de rappeler que rien ne vaut la santé mentale.
SponsoredCe drame a servi d’électrochoc. « On l’oublie trop souvent : ce marché, ce sont des vies. On peut tout recommencer en trading. On ne peut pas tout recommencer dans la vraie vie. »
Ce qui s’est passé (version très simple)
- Étincelle macro : une annonce politique à haute tension a fait grimper l’angoisse sur tous les marchés risqués.
- Effet boule de neige : beaucoup d’investisseurs utilisaient du levier (paris à crédit). Quand les prix ont chuté, les plateformes ont forcé des ventes pour couvrir les pertes.
- Moins d’acheteurs au même moment : la liquidité s’est évaporée (peu de monde en face pour racheter), donc chaque ordre a fait baisser encore plus les prix.
- Le lundi, petit rebond : les nerfs redescendent, quelques acheteurs reviennent. Mais la claque reste dans les têtes.
Cinq leçons pour tout le monde (pas besoin d’être pro)
1) Le levier, c’est comme l’alcool fort.
Une petite dose peut aider, trop d’un coup vous met au tapis. Si vous devez poser un stop-loss « pour dormir », c’est déjà trop.
2) Ayez un plan avant la tempête.
Décidez à l’avance de ce que vous faites si ça chute de 10 %, 20 %, 40 %. En plein orage, on ne réfléchit pas bien.
Sponsored Sponsored3) La liquidité n’est pas garantie.
Ce n’est pas parce qu’un prix s’affiche que vous pouvez vendre au même niveau. En crise, la porte de sortie se réduit.
4) Le halving n’est pas un super-héros.
C’est une horloge, pas un bouclier. Les prix obéissent d’abord aux flux réels (achats/ventes), pas aux slogans.
5) Votre santé mentale vaut plus que n’importe quel trade.
Coupez l’écran. Parlez à quelqu’un. Reprenez plus tard avec un esprit clair. L’argent va et vient ; vous, vous restez.
Épilogue : après la peur, la méthode
Chaque krach raconte la même fable : on sous-estime le risque quand tout va bien, on le surestime quand tout va mal. La sortie, ce n’est pas de trouver le gourou qui « savait », c’est d’adopter une méthode : moins de levier, plus de règles simples, plus de temps long.
La morale de l’histoire : le meilleur trade, c’est parfois de fermer l’appli.
