La séance du vendredi 10 octobre 2025 a servi de stress test grandeur nature à l’idée que le bitcoin serait l’« or digital ». Alors que Wall Street dévissait (Nasdaq –3,6 % ; S&P 500 –2,7 %), l’or a fait ce qu’un actif refuge est censé faire : absorber le choc, après avoir franchi dans la semaine le seuil inédit des 4 000 $ l’once. Les cryptos, elles, ont décroché avec les actions, révélant leur bêta de risque plutôt qu’une vertu de couverture.
Des flux divergents
Côté or, la dynamique était déjà haussière depuis le début de semaine, dopée par la quête de sécurité et l’anticipation d’un assouplissement monétaire. L’once a battu des records historiques autour de 3 970–4 060 $ entre lundi et mercredi, avant de repasser brièvement au-dessus de 4 000 $ le vendredi lors du regain d’aversion au risque, puis de parer une partie de ses gains en fin de séance. Autrement dit : flux refuge à l’impact, consolidation ensuite—un comportement classique d’« hedge » macro.
SponsoredCôté crypto, la narration a basculé. L’onde de choc géopolitique (annonce américaine de tarifs à 100 % sur la Chine, riposte chinoise sur des intrants critiques) a déclenché une liquidation accélérée : Bitcoin a enfoncé 110 000 $, passant en baisse de 8–10 % sur la journée selon les heures ; Ethereum et plusieurs alts ont cédé 15–30 % par moments, avec des liquidations de positions longues comptabilisées en milliards de dollars sur les principales plateformes dérivées. Ici, pas de « hedge » : le complexe crypto a amplifié la jambe baissière de la tech.
Deux actifs de nature différente
Le contraste or/bitcoin est économiquement intuitif. L’or est un actif sans passif ni promesse de rendement ; sa demande de précaution s’embrase lorsque montent l’incertitude politique, les risques de chaîne d’approvisionnement (terres rares, raffinage) et la perspective d’un dollardollar plus volatil. À l’inverse, le bitcoin reste financiarisé : très traité via produits à effet de levier, il réagit aux appels de marge et au resserrement de liquidité comme un actif de croissance. Le vendredi 10 l’a rappelé : la corrélation court terme avec les actions, surtout la tech, s’accroît lorsque l’on passe en risk-off global.
La semaine fournit aussi un repère chronologique utile. Entre lundi et mercredi, l’or inscrit record sur record (3 970–4 060 $), pendant que le bitcoin tutoie ses propres sommets annuels (>125 000 $). Mais à l’instant du choc sur les actions US, les chemins se séparent : l’or capte les flux de protection, le bitcoin subit les dégagements forcés. Le mythe d’un « or digital » censé grimper quand la Bourse chute s’effrite dans le feu de l’action—et non dans l’abstrait.
Ranger vos mouchoirs
Faut-il pour autant enterrer l’analogie à jamais ? Pas forcément. Sur horizon long, certains arguments (plafond d’offre, portabilité, indépendance de l’émetteur) continueront d’alimenter la comparaison. Mais sur l’horizon qui compte en crise, c’est le comportement de flux qui tranche. Le 10 octobre 2025, le « test de réalité » a rendu son verdict : l’or a joué son rôle de pare-chocs, la crypto celui d’accélérateur de volatilité. Pour l’épargnant, la leçon est simple : ne confondez pas narration et corrélation—et sachez de quel actif vous attendez la protection le jour où tout baisse.
La morale de l’histoire: Comparaison n’est pas raison.