Retour

Le 17 octobre 2025 : début du crash des banques régionales ?

editor avatar

Mis à jour par
Célia Simon

17 octobre 2025 11:38 CET
Trusted

Le vendredi 17 octobre 2025 a marqué un tournant : l’aversion au risque s’est propagée comme une traînée de poudre depuis les banques régionales américaines vers l’ensemble des marchés mondiaux. En Europe, les indices ont effacé leurs gains hebdomadaires, les bancaires décrochant nettement, après une chute de 6 % de l’indice des régionales US la veille. Le déclencheur immédiat ? Des révélations de prêts frauduleux et d’irrégularités chez Zions et Western Alliance, qui ont ravivé le souvenir de 2023 : face à l’incertitude, « vendre d’abord, poser des questions ensuite ».

À chaud, l’affaire peut sembler purement idiosyncratique : quelques dossiers douteux, des provisions, des poursuites. Mais le marché a lu ces signaux à travers un prisme plus large : fragilité du crédit et stresses macro.

D’un côté, un durcissement commercial brutal — le relèvement annoncé à 100 % des tarifs sur les importations chinoises, avec des menaces additionnelles sur les logiciels et sur les exportations sensibles — fait planer un risque clair sur la consommation et les marges des détaillants américains. De l’autre, une réduction de l’immigration déjà mesurée par la Fed de Dallas pèse sur la croissance potentielle et le marché du travail, rognant la capacité de remboursement des ménages et des petites entreprises que financent… les banques régionales.

Sponsored
Sponsored

Le fil des événements

Le 16–17 octobre, plusieurs médias de référence convergent : plongeon des régionales, nervosité sur les indices, et déformation de la courbe des taux (reflux du 2 ans) typique des séances « risk-off ». Les précisions venues des banques citées (montants de provisions, collatéraux, actions en justice) n’ont pas calmé la foule : la mémoire de 2023 reste vive, et le doute se propage par analogie à toute la catégorie « regional banks ». En Europe, la contagion boursière est instantanée, les bancaires reculant de 2–3 %, l’ensemble des places terminant en forte baisse.

Pourquoi les régionales sont en première ligne

Trois raisons structurelles expliquent la vulnérabilité des banques régionales :

Mix de clientèle : elles prêtent d’abord à des ménages et PME locales, aux immobilier résidentiel et commercial de leurs territoires. Quand la croissance se tasse, ce sont précisément ces segments qui souffrent d’abord (hausse des défauts, retards de paiement), surtout si la demande est fragilisée par les prix à l’import plus élevés liés aux tarifs.

Accès à la liquidité : à la différence des géantes systémiques, elles disposent d’une base de dépôts plus concentrée et d’accès au marché moins profonds. Une montée de l’incertitude peut donc rapidement renchérir leur coût de financement et contracter l’offre de crédit dans leur périmètre.

Sponsored
Sponsored

Sensibilité au local : si un État ou une région encaisse une baisse d’immigration — donc moins de travailleurs, moins de créations d’entreprises, moins de demande — la banque locale ressent l’impact dans ses carnets. La Fed de Dallas documente qu’entre fin 2024 et mars 2025, l’immigration non autorisée nette a chuté de 82 %, et ses économistes estiment que des restrictions plus larges amputent la croissance à court terme.

Tarifs : l’autre lame du ciseau

La menace d’une hausse massive et rapide des droits de douane (100 %) sur les importations chinoises, effective dès le 1er novembre selon les annonces, arrive au pire moment : juste avant la saison des fêtes, quand la trésorerie des détaillants et de leurs fournisseurs se tend. Les fédérations de la distribution préviennent d’un choc de prix et d’une baisse de volumes, surtout pour les ménages modestes.

Pour les banques régionales exposées au commerce local et au crédit à la consommation, la perspective est évidente : recettes sous pression, risque de défaut en hausse. Les marchés l’ont immédiatement intégré, sanctionnant à la fois la distribution et les banques.

Sponsored
Sponsored

« Crash » ou crise de confiance ?

Faut-il parler de « début du crash » ? Les cours boursiers traduisent bien une crise de confiance. Mais du point de vue bancaire, il faut distinguer le prix de marché et la santé réglementaire : à ce stade, le FDIC recense deux petites faillites de banques en 2025 (actifs < 70 M$), loin d’une hémorragie systémique. Autrement dit, le narratif de « crash » décrit surtout l’ajustement boursier à une conjonction de risques (fraudes isolées, macro en refroidissement, choc tarifaire), plus qu’une série de faillites bancaires avérées.

Cela n’absout pas le risque : si les conditions financières se resserrent et que la demande fléchit, les pertes de crédit pourraient s’amplifier dans les trimestres à venir.

Le chaînon immigration–croissance–crédit

Pourquoi l’immigration entre dans l’équation bancaire ? Parce qu’elle alimente l’offre de travail, l’entrepreneuriat, et à court terme la demande locale. La CBO avait déjà montré que l’immigration réduit les déficits publics en soutenant l’activité ; des travaux de la Fed de Dallas et des analyses privées (Bloomberg, Deloitte) convergent : moins d’immigration, c’est moins de croissance, donc plus de fragilité pour le petit crédit local.

Pour des banques dont le moteur est la vie économique de proximité, l’équation est implacable : quand l’économie ralentit par choix politique, le coût du risque monte.

Sponsored
Sponsored

Ce qui peut encore basculer

Trois inconnues décideront si le 17 octobre restera comme un jour sombre isolé ou comme le prologue d’une crise :

  • L’ampleur réelle des pertes liées aux dossiers litigieux : si d’autres banques révèlent des cas comparables, le marché passera d’un choc de confiance à une réévaluation structurelle du risque de crédit. À l’inverse, si les montants restent marginaux aux bilans, le sell-off paraîtra exagéré a posteriori.
  • Le calendrier et la portée des tarifs : plus les tarifs seront élevés et larges, plus la consommation pâtira, notamment dans les comtés desservis par des régionales. Des assouplissements, exemptions ou délais réduiraient la casse.
  • La trajectoire de l’immigration : si les restrictions se durcissent encore, l’effet macro négatif s’amplifiera. À l’inverse, une normalisation (visas, travail, régularisations ciblées) allégerait la pression sur la demande locale et sur le crédit.

Verdict provisoire

Le 17 octobre 2025 ressemble au début d’un stress-test grandeur nature pour les banques régionales américaines : mélange d’alertes micro (fraudes, provisions), de chocs politiques (tarifs) et de vent contraire démographique (immigration en recul) qui refroidit les anticipations de croissance. Le mot « crash » n’est pas usurpé pour les actions de régionales ; il reste prématuré pour le système bancaire au sens strict. Tout dépendra maintenant de la politique commerciale, de la dynamique migratoire, et de la discipline avec laquelle les banques reconnaîtront — ou pas — leurs risques de crédit.

La morale de l’histoire : Ce qui est mauvais pour les banques américaines est mauvais pour le Bitcoin.

Avis de non responsabilité

Avis de non-responsabilité : Conformément aux directives de The Trust Project, BeInCrypto s'engage à fournir des informations impartiales et transparentes. Cet article vise à fournir des informations exactes et pertinentes. Toutefois, nous invitons les lecteurs à vérifier les faits de leur propre chef et à consulter un professionnel avant de prendre une décision sur la base de ce contenu.