La question revient à chaque record de cours et à chaque frisson géopolitique : “Est-il trop tard pour acheter de l’or ou de l’argent ?” La réponse courte : non, mais pas n’importe comment. L’or et l’argent ne sont pas des tickets de loterie ; ce sont des actifs de portefeuille avec des rôles précis, des cycles et des risques. Voici un cadre simple pour décider sereinement — sans se laisser dicter le timing par la peur de rater le train.
À quoi servent l’or et l’argent dans un portefeuille ?
L’or est un actif défensif. Il sert surtout à diversifier et à résister aux chocs : inflation qui dérape, récessions, crises de confiance, stress bancaire. Il ne verse pas de coupon et ne “croît” pas comme une entreprise ; sa valeur vient de sa rareté, de sa liquidité mondiale et du fait qu’il n’est la dette de personne.
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L’argent est un métal “hybride” : valeur refuge et matériau industriel (électronique, solaire, médical). Il bouge souvent plus fortement que l’or, à la hausse comme à la baisse ; on le considère volontiers comme une version plus nerveuse de l’or.
Conclusion : on ne les achète pas pour “battre le marché” au trimestre, mais pour stabiliser un ensemble d’actifs sur plusieurs années.
Le prix est-il “trop haut” ?
La vraie question n’est pas “haut ou bas” en absolu, mais “où en est le cycle des taux réels, du dollar et du risque” :
- Taux réels (taux moins inflation) : quand ils montent, détenir un actif qui ne rapporte rien (or/argent) coûte plus cher… et les métaux souffrent. Quand ils baissent, l’attrait des métaux augmente.
- Dollar : un dollar fort pèse sur les métaux cotés en dollars ; un dollar plus faible les soutient.
- Risque et politique : tensions géopolitiques, crises financières, achats des banques centrales, essor des panneaux solaires (pour l’argent) soutiennent la demande.
Autrement dit, même après une forte hausse, si l’on se trouve dans un régime de taux réels en baisse, de dollar moins dominant, et de risques élevés, il n’est pas “trop tard” — à condition d’accepter la volatilité.
Sponsored SponsoredFaut-il préférer l’or ou l’argent ?
- Vous cherchez un “coussin” : privilégiez l’or, historiquement plus stable et plus liquide.
- Vous visez du levier sur le thème des métaux : l’argent offre plus d’amplitude… et plus de sueurs froides.
- Mix : beaucoup d’épargnants retiennent un couple or majoritaire / argent minoritaire (ex. 70/30), pour profiter du bêta de l’argent sans tout miser dessus.
Comment acheter sans se brûler
Quatre voies principales, chacune avec ses atouts et limites :
- Physique (pièces, lingots)
- + Contrôle direct, pas de risque d’émetteur, objet tangible.
- – Prime au-dessus du cours, frais d’expédition/assurance, stockage sécurisé à prévoir, revente à organiser.
- Astuce : privilégiez des produits standardisés et liquides (ex. pièces d’investissement connues) pour minimiser l’écart à la revente.
- + Contrôle direct, pas de risque d’émetteur, objet tangible.
- ETF/ETC adossés au métal
- + Simples à acheter/vendre sur un compte-titres, frais souvent raisonnables, bonne liquidité.
- – Risque de contrepartie (dépositaire), frais annuels qui érodent doucement, pas d’accès direct au métal.
- + Simples à acheter/vendre sur un compte-titres, frais souvent raisonnables, bonne liquidité.
- Actions minières
- + Potentiel de performance supérieur quand les métaux montent (effet de levier opérationnel).
- – Risque “entreprise” (coûts, dettes, gestion, pays), volatilité souvent bien supérieure au métal.
- + Potentiel de performance supérieur quand les métaux montent (effet de levier opérationnel).
- Dérivés (futures/options)
- Réservé aux investisseurs expérimentés : levier, appels de marge, timing serré — l’inverse d’une approche patrimoniale.
- Réservé aux investisseurs expérimentés : levier, appels de marge, timing serré — l’inverse d’une approche patrimoniale.
À quel moment entrer ?
Le timing parfait n’existe pas. Deux approches tempérées fonctionnent mieux que la boule de cristal :
- DCA / achats étalés : investir une somme fixe à intervalles réguliers (mensuel/trimestriel) pour lisser le prix d’entrée et neutraliser l’émotion.
- Paliers : définir à l’avance 3–4 niveaux de prix et acheter par tranches ; si le cours recule, on exécute la tranche suivante, sinon on garde du cash.
Quelle taille allouer ?
Il n’y a pas de pourcentage magique, mais, pour un particulier diversifié, 5–10 % du portefeuille total en métaux précieux (or majoritaire) est une fourchette classique. Les profils prudents montent parfois un peu au-dessus ; les profils très dynamiques restent en dessous. L’idée n’est pas de “tout miser” sur l’or/l’argent, mais d’en ajouter une dose comme assurance de portefeuille.
SponsoredLes pièges à éviter
- Acheter pour de mauvaises raisons (“ça ne peut que monter”, “tout va s’effondrer demain”). Privilégiez une thèse rationnelle et un horizon long.
- Ignorer les frais : primes sur pièces, stockage, frais de courtage, TER des ETF — ils rongent le rendement.
- Confondre métal et mines : ce ne sont pas les mêmes risques ; les minières peuvent baisser même si l’or monte (et inversement).
- Sur-dimensionner l’argent : sa volatilité surprend les débutants.
- Oublier la fiscalité : selon le pays et le véhicule (physique vs. ETF), l’imposition diffère ; renseignez-vous avant d’acheter.
En résumé : trop tard… pour quoi faire ?
- Trop tard pour spéculer sur un “coup” rapide ? Souvent oui : les mouvements violents reviennent aussi vite qu’ils partent.
- Trop tard pour diversifier intelligemment ? Non, si vous dimensionnez modestement, achetez par étapes, et savez pourquoi vous l’ajoutez au portefeuille.
- Trop tard pour l’argent ? Non, mais acceptez qu’il bouge davantage et qu’il exige une dose de sang-froid supérieure à l’or.
L’or et l’argent ne sont pas des prophéties, ce sont des outils. Ils protègent surtout contre l’inconnu, pas contre l’impatience. Si vous voulez la tranquillité d’esprit, fixez un plan simple
La morale de l’histoire : Si ma grand mère en a sous son matelas, cela ne peut pas être mauvais d’en avoir aussi.