Depuis le début de l’année et avec l’adoption de lois telles que le GENIUS Act, les Etats-Unis lâchent du leste pour la crypto. Face à ce virage, Emmanuel Macron esquisse à son tour une révolution monétaire… mais à l’européenne.
De la crypto pour sauver l’Europe ?
Emmanuel Macron change de ton sur les outils de souveraineté économique européenne. Après s’être interrogé sur la pertinence d’imposer des droits de douane aux importations chinoises, il revient sur cette idée dans une tribune publiée par le Financial Times.
Le président français estime désormais qu’une telle mesure constituerait une réponse non coopérative face aux déséquilibres commerciaux entre la Chine et l’Union européenne. Il plaide plutôt pour un renforcement du marché unique, un soutien à la compétitivité et à l’investissement, et une meilleure mobilisation de l’épargne européenne.
SponsoredMais c’est surtout sa position sur la crypto qui marque un tournant. Emmanuel Macron propose désormais de développer des stablecoins adossés à l’euro et, à terme, un euro numérique attendu d’ici 2029. Pour lui, ces instruments monétaires pourraient accroître le rôle international de la monnaie unique et renforcer l’autonomie financière du Vieux Continent.
Sa vision reste toutefois prudente : il ne s’agit pas d’ouvrir les vannes des cryptoactifs sans garde‑fous, mais de bâtir une infrastructure numérique européenne à la fois compétitive et régulée. Vous l’aurez donc compris, les stablecoins sont bienvenus mais c’est encore ce très controversé euro numérique qui prime.
Un retournement de veste pas innocent
Derrière ce virage mesuré transparaît une stratégie d’adaptation à la dynamique américaine et à la montée de l’industrie. Aux États‑Unis, les autorités ont profondément révisé leur approche des crypto‑monnaies et des stablecoins en 2025. Le Financial Stability Oversight Council (FSOC) a retiré la crypto de la liste des menaces systémiques, saluant désormais leur potentiel pour sécuriser les transactions et renforcer la transparence grâce à la blockchain.
Les régulateurs américains sont même allés plus loin : la FDIC a approuvé son premier projet de stablecoin sous cette loi, autorisant les banques à en émettre via leurs filiales. Ce pas décisif vers un dollar numérique régulé place les États‑Unis en avance dans la course à la monnaie programmable et à la tokénisation des actifs.
Face à cette accélération, la France et l’Europe ne peuvent se permettre de rester spectatrices. Emmanuel Macron l’a compris : sans écosystème numérique souverain, l’euro risque de perdre son influence au profit d’un dollar numérisé, piloté par des acteurs privés américains. En prônant des stablecoins adossés mais encadrés, le président tente d’ouvrir la voie à une innovation maîtrisée. Une ligne d’équilibre, donc, entre prudence financière et ambition géopolitique.
La morale de l’histoire : à trop vouloir réguler la crypto, l’Europe pourrait rater le train du progrès mais au moins, elle aura validé le billet.
