Le fonds souverain du Luxembourg est devenu le premier de la zone euro à investir dans Bitcoin, en allouant 1 % de son portefeuille de 730 millions de dollars à des fonds négociés en bourse (ETF) de Bitcoin. Le ministre des Finances, Gilles Roth, a annoncé cette décision ce jeudi 9 octobre, marquant un tournant dans la manière dont le capital d’État interagit avec les actifs numériques.
Cette initiative témoigne bien de la légitimité croissante de la cryptomonnaie parmi les allocateurs institutionnels. Autrefois considérée comme une valeur spéculative marginale, Bitcoin est désormais évalué aux côtés des valeurs refuges traditionnelles et des instruments de couverture contre l’inflation.
SponsoredL’initiative audacieuse du Luxembourg
Le Fonds Souverain Intergénérationnel (FSIL) a réalisé cet investissement dans le cadre d’un mandat révisé qui permet jusqu’à 15 % des actifs dans des placements alternatifs, dont la crypto. Jonathan Westhead, responsable de la communication à l’Agence Financière du Luxembourg, a déclaré que cette étape reflète « une confiance mesurée dans un marché des actifs numériques en maturation ».
Il a expliqué que les ETF Bitcoin offrent une voie régulée pour s’exposer à Bitcoin sans la complexité opérationnelle de la garde directe des pièces.
« Le Luxembourg veut de l’innovation avec responsabilité. Cette structure offre les deux », a déclaré Westhead.
L’investissement, d’une valeur d’environ 7 millions de dollars, peut sembler modeste mais revêt une importance symbolique. Il établit ainsi un précédent institutionnel au sein de la zone euro, une région encore prudente vis-à-vis de l’adoption de la crypto. En optant pour des ETF plutôt que pour des achats directs, le Luxembourg a mis en place un cadre que d’autres fonds souverains ou de pension peuvent reproduire dans des limites régulées.
De nombreux investisseurs sur les réseaux sociaux ont d’ailleurs salué la décision. Les analystes ont également noté que la participation souveraine valide l’infrastructure construite par des gestionnaires d’actifs tels que BlackRock et Fidelity.
SponsoredL’initiative du Luxembourg inspirera-t-elle ses voisins ?
L’entrée du Luxembourg dans le secteur pourrait accélérer la liquidité et la demande pour les produits liés à Bitcoin. Les ETF liés à cet actif ont déjà absorbé plus de 168 milliards de dollars à l’échelle mondiale, représentant près de 7 % de la capitalisation boursière de Bitcoin. L’investissement du FSIL contribue à renforcer cette dynamique et consolide la position de l’actif en tant qu’instrument macro-économiquement pertinent.
Les ETF Bitcoin au comptant aux États-Unis ont maintenu leur élan le 8 octobre, enregistrant une nouvelle journée d’entrées nettes majeures après une activité intense durant le week-end. Selon Farside Investors, le total des entrées nettes pour tous les fonds a atteint 440,7 millions de dollars ce jour-là, principalement grâce au iShares Bitcoin Trust (IBIT) de BlackRock, qui a attiré 426,2 millions de dollars. Le fonds Ark/21Shares ARKB a également enregistré 13,4 millions de dollars d’entrées. Pour la semaine débutant le 7 octobre, les entrées ont déjà approché 1,3 milliard de dollars, soulignant la demande persistante des investisseurs pour une exposition à Bitcoin.
En Europe, plusieurs nations montrent une ouverture croissante envers Bitcoin. Bien que la Suisse, en dehors de l’UE, reste un centre pour la banque d’actifs numériques et l’émission d’ETF, des gestionnaires d’actifs comme DWS et Deutsche Digital Assets étendent leurs offres crypto sous la supervision de la BaFin en Allemagne. En parallèle, la France a accordé des licences à plusieurs entreprises pour la garde de crypto et la tokenisation, et le Liechtenstein continue de pionnier la régulation de la blockchain avec son Acte sur les Tokens. Ces développements suggèrent que l’initiative du Luxembourg s’inscrit dans une plus ample tendance régionale vers une exposition structurée et conforme à Bitcoin.
Les participants du marché affirment que l’effet de signal est plus important que le capital lui-même. Le Luxembourg pourrait encourager d’autres fonds d’État européens ou banques centrales à envisager une diversification similaire. Cela pourrait, à son tour, attirer de nouveaux prestataires de services, dépositaires et startups fintech dans la région, renforçant l’infrastructure institutionnelle de Bitcoin.
La morale de l’histoire : Qui tard s’y met loupe le train.