Selon Indrė Viltrakytė, entrepreneuse de mode à la tête de l’entreprise de mode numérique “The Rebels”, la blockchain pourrait aider à résoudre les problèmes clés du marché de la mode, tels que les produits contrefaits, le travail forcé et l’impact environnemental.
L’industrie de la mode a beaucoup à gagner de l’usage de la technologie blockchain, notamment en termes de lutte contre la contrefaçon, de prévention du travail forcé et de limitation de l’impact environnemental. Cependant, l’adoption lente et certains mythes du marché peuvent ralentir son implémentation ainsi que soulever de nouveaux défis dont il est nécessaire de tenir compte.
Indrė Viltrakytė, cofondatrice de l’entreprise de mode Web3 “The Rebels”, s’est exprimée sur la manière dont la technologie pourrait bénéficier à l’industrie de la mode ainsi que sur la façon de traiter ses facteurs limitatifs.
Les avantages de la blockchain dans le milieu de la mode
Lutter contre la contrefaçon
En 2022, le secteur mondial de la contrefaçon devrait atteindre 4,2 billions de dollars. Les articles de mode font partie des articles les plus répliqués. Pour de nombreuses marques, cela s’est traduit par des pertes de plusieurs milliards de dollars.
Il est important de noter que les vêtements, les chaussures et les accessoires provenant de sources incertaines peuvent nuire à la santé des consommateurs ; en effet, une étude récente a révélé que les articles de mode contrefaits peuvent exposer les consommateurs à des produits chimiques dangereux et à des métaux lourds.
Intégrer la blockchain dans la chaîne d’approvisionnement permet de suivre un produit de sa production à sa vente, garantissant ainsi son authenticité au moment de l’achat. La technologie protège également la légitimité des biens numériques de la mode.
La blockchain et la transparence
De nos jours, rester à la mode ne doit pas nécessairement coûter cher. Cependant, les vêtements à bas prix sont souvent le résultat d’une exploitation du personnel à un moment ou un autre au sein de la chaîne d’approvisionnement. La complexité de la logistique mondiale complique le suivi de toutes les parties impliquées dans le processus, et la surproduction croissante de biens à rotation rapide continue d’exacerber le problème.
La blockchain permet de suivre les processus en temps réel, ce qui augmente la traçabilité de l’origine de la production, excluant également le travail forcé ou la traite des personnes. Indré Viltrakytė a ajouté : “le suivi instantané des données permet d’optimiser les ressources, ce qui se traduit par une plus grande efficacité globale de la production”.
Une consommation réduite de CO2 et d’eau
La “fast fashion” pèse lourd sur la planète et ses ressources. Selon l’ONU, il faut environ 2700 litres pour fabriquer une chemise en coton, alors qu’une seule paire de jeans requiert 9982 litres. La fast fashion est également responsable de 8 à 10 % des émissions mondiales de CO2. Entre 2000 et 2015, la production de vêtements a approximativement doublé, atteignant 1715 millions de tonnes de CO2 produites, la tendance se renforçant au cours des dernières années.
“L’intérêt actuel pour le metaverse (qui est alimenté par la blockchain) offre un moyen de lutter contre la surconsommation des consommateurs, car les gens peuvent d’abord essayer les vêtements au sein de l’espace numérique. L’expérience gamifiée permet ainsi de passer en revue de nombreux styles et de trouver ‘la meilleure coupe’ avant même de se rendre dans un magasin de vêtements, ce qui réduit les achats impulsifs et inutiles”, a commenté l’entrepreneuse de mode.
Une barrière à l’entré réduite sur le marché
Pour les créateurs de mode débutants, il peut être extrêmement difficile de percer dans ce secteur, qui demeure extrêmement compétitif. De plus, pour rester en phase avec le marché, les artistes doivent lancer au moins plusieurs collections de vêtements par an, ce qui ne fait qu’ajouter aux difficultés financières.
Le Web3 a ouvert de nouvelles perspectives aux créateurs indépendants qui cherchent à se faire une place dans le secteur. Comme l’a noté Mme Viltrakytė, le monde virtuel offre des possibilités aux “artistes de toute dimension de présenter leur travail, offrant aux créateurs de niche un tremplin vers un marché totalement mondial et sans frontières”. D’autre part, les marques établies peuvent tirer parti du metaverse comme d’un marché secondaire facilement accessible.
Les facteurs limitants de la blockchain
Une adoption lente
L’un des principaux problèmes soulignés par Mme Viltrakytė est le manque d’interopérabilité des blockchains. Tant que ce problème n’est pas résolu, l’adoption massive des “wearables” numériques est loin d’être acquise. Dans l’ensemble, elle a noté qu’il s’agira d’un processus lent et régulier plutôt que d’une percée massive. Dans ce contexte, les membres de la génération Z natifs du monde numérique seront essentiels pour ouvrir la voie à une adoption plus étendue.
“Le point positif est que nous avons le temps d’expérimenter pour voir quelle solution pourrait accélérer le processus”, a déclaré l’entrepreneuse. “Je vois de bien meilleures chances d’adoption de la RA [réalité amplifiée] plutôt que de la RV [réalité virtuelle] complète. De même, les accessoires, tels que les lunettes de soleil, les bijoux et autres, constituent un terrain de jeu privilégié pour les filtres IG/Snapchat. Avec la mise en œuvre de la vérification NFT par IG, le cas d’utilisation devient assez concret”, a-t-elle ajouté.
Des mythes largement répandu concernant le secteur numérique
Beaucoup restent sceptiques en affirmant que l’art numérique “ne peut pas être ressenti ni touché” ; cependant, Indré Viltrakytė a contré cette idée en mentionnant l’exemple de l’écran “Samsung The Frame”. Lorsqu’il n’est pas utilisé, ce téléviseur fait office de présentoir d’art. Dans le cas de l’art génératif, par exemple, la beauté est dans le code, ce qui constitue un tout nouveau support pour l’art.
“Certains diront que c’est de l’art, mais il fut un temps où la photographie n’était pas non plus considérée comme un véritable art. Si les gens décident que l’art numérique est au même niveau que les peintures à l’huile, il en sera ainsi. L’art numérique est également beaucoup plus accessible et peut être apprécié à tout moment, contrairement à de nombreux biens artistiques traditionnels, confinés à jamais dans des salles fermées quelque part dans des entrepôts internationaux.”
La blockchain et la cybercriminalité
L’art virtuel est devenu une cible de plus en plus fréquente pour les pirates informatiques. Aucun système numérique n’est à l’abri des attaques et le Web3, en particulier, est encore très “Far West”. Ainsi, selon Indré Viltrakytė, “les acteurs du domaine doivent montrer l’exemple” et éduquer la communauté.
“The Rebels dispose par exemple d’un support communautaire Discord 24/7 qui réagit presque instantanément à toute question sur le Web3, les NFT et la blockchain en général, pour ceux qui débutent dans cet espace”, explique-t-elle.
“Le Web3 est un concept relativement nouveau pour beaucoup d’entre nous, ce qui augmente les risques d’erreur humaine. Je pense que chaque projet/entreprise Web3 devrait faire sa part du travail, ce qui, en retour, rendrait l’ensemble de la communauté plus résistante aux menaces.”
À propos de l’auteur
Indrė Viltrakytė est la cofondatrice de l’entreprise de mode Web3 The Rebels. Ses NFT sont constitués de 10101 personnages uniques basés sur la campagne publicitaire controversée “Jésus, Maria”. La campagne s’est vue interdite mais a ensuite trouvé justice auprès de la Cour européenne des droits de l’homme, qui a statué en faveur de la marque. L’affaire est désormais considérée comme un précédent dans les affaires liées à la liberté d’expression dans l’UE.
Indrė Viltrakytė compte plus de 10 ans d’expérience dans le secteur de la mode.
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