Qui aurait cru qu’un simple tweet ferait chuter un géant bancaire de la taille de Silicon Valley Bank ? Pourtant, les récents événements économiques nous prouvent que la rumeur peut parfois l’emporter sur la réalité.
Binance, la plus grande bourse crypto au monde, a perdu 50 millions de dollars dans la nuit du 3 au 4 avril 2023. Et pour cause ; un tweet qui prédisait que Changpeng Zhao (CZ) allait recevoir une notice rouge d’Interpol. En seulement quelques heures, BNB, le token natif de Binance, a dégringolé de 3%.
Prédictions crypto : malédiction ou bénédiction ?
Il suffit de faire un tour sur Twitter pour trouver des milliers de prédictions crypto aussi farfelues les unes que les autres. Traders chevronnés, influenceurs ou simples boursicoteurs, tout le monde s’en donne à cœur joie. Et pour attirer autant d’audience que possible, tous les moyens sont permis, y compris les prédictions cryptées.
Le tweet qui a coûté 50 millions de dollars à Binance était écrit dans un langage très spécial : le SHA-256 (Secure Hash Algorithm ou algorithme de hachage sécurisé). Aussi ironique que cela puisse paraître, ce mécanisme conçu pour lutter contre les fake news est devenu un outil de désinformation.
En effet, de plus en plus de “twittos” utilisent cette fonction de hachage pour donner des prédictions crypto. Ensuite, ils partagent le hachage (une longue chaîne illisible de chiffres et de lettres) dans un tweet. Si la prédiction se réalise, la personne qui a partagé le tweet peut traduire son message avec le bon hachage. Dans le cas contraire, elle peut supprimer le tweet comme si de rien n’était.
Les fonctions de hachage font partie intégrante des mécanismes de cryptage blockchain. Il n’est donc pas surprenant qu’elles soient utilisées dans les prédictions crypto. Il est également normal qu’une industrie basée sur le concept de gamification (NFT, meme coins, metaverse, etc) trouve un moyen de “gamifier” les prédictions crypto.
Le tweet sur Binance aurait-il eu le même impact s’il était écrit en anglais ? Difficile de le savoir. Cependant, une chose est sûre : les rumeurs se propagent beaucoup plus vite que les informations vérifiées.
Démêler le vrai du faux
Cobie, l’auteur du tweet qui a failli détruire Binance, anime le podcast UpOnly, dont le slogan est : “enfantin, non professionnel et bizarre”.
Entre fausses prédictions crypto, blagues et pièges à clics (clickbaits), démêler le vrai du faux est loin d’être une tâche simple. Sans oublier le shitposting (publication de messages dénués de sens ou ironiques), une activité que Cobie maîtrise à la perfection.
On sait depuis très longtemps que les rumeurs se propagent comme une traînée de poudre sur Internet. Pourtant, les gens ont encore beaucoup de mal à choisir leurs sources d’information.
Selon Statista, 37 % des américains utilisent les résaux sociaux comme première source d’actualités. Dans le monde crypto, le constat est encore plus alarmant. Étant donné qu’on parle rarement de cryptomonnaies à la télé ou dans les journaux, Twitter, Discord et Telegram sont devenus une source d’information priviligiée pour la crypto sphère.
Récemment, des millions de personnes ont été dupées par une image IA du pape François vêtu d’un manteau de luxe. Sans oublier le tweet qui a coûté 50 millions de dollars à Binance. Autant dire que l’internaute lambda a encore un long chemin à parcourir pour pouvoir démêler le vrai du faux.
En attendant, les journalistes doivent continuer à lutter contre la désinformation en cherchant des sources fiables et sûres. Sans quoi, les rumeurs risquent de l’emporter sur la vérité.
Morale de l’histoire : sans aucun doute, la rumeur est le virus le plus dangereux du siècle.
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