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Les banques centrales et leurs méthodes pour s’enrichir : le cas de la Suède et des États-Unis

5 mins
Mis à jour par Célia Simon
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EN BREF

  • La décision de la banque centrale suédoise d'imprimer de nouvelles sommes d'argent et de maintenir les taux d'intérêt à un niveau bas a eu une incidence sur les prix des actions et des logements, permettant aux principaux responsables politiques de s'enrichir.
  • Le gouverneur de la Riksbank, Stefan Ingves, a été le plus gratifié par ces mesures, la valeur de son portefeuille ayant gagné 26% pendant la crise de Covid-19.
  • Les pratiques d'investissement des responsables de banques centrales en Suède et aux États-Unis ont soulevé de graves questions éthiques, à savoir s'ils devraient pouvoir faire du trading alors que leurs politiques influencent souvent les marchés.
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Six responsables haut placés de la banque centrale suédoise Riksbank auraient gagné des millions de dollars en investissant dans des actions et des fonds. Selon un nouveau rapport, ces gains pourraient avoir été influencés par les décisions politiques de la banque pendant la crise du Covid-19.

Entre mai 2020 et octobre 2021, selon le rapport du média local SvD Näringsliv, ces fonctionnaires, parmi lesquels le gouverneur de la Riksbank Stefan Ingves, ont investi en actions et en fonds un total cumulé d’environ 30 millions de couronnes suédoises [soit près de 3,1 millions d’euros].

Cependant, pendant la crise de Covid, Stefan Ingves et son équipe, qui siègent tous au conseil d’administration de la Riksbank, ont pris des décisions censées améliorer le fonctionnement du marché. Celles-ci ont eu pour effet de gonfler les prix des logements et de porter la bourse suédoise à des sommets records.

La décision d’imprimer de nouvelles quantités d’argent tout en maintenant un plafond sur les taux d’intérêt bas a ainsi affecté les prix des actions et des maisons, ce qui, selon le rapport, a fortement enrichi les principaux responsables politiques. Le rapport cite également l’achat d’importantes quantités d’obligations d’entreprises par la banque comme une incitation aux profits réalisés par ses responsables.

Les gros bonnets s’enrichissent

D’après le rapport, le gouverneur Ingves a pour sa part récolté la plus grande récompense en termes de valeur. Son portefeuille, qui comprend “un fonds indiciel suédois, un fonds de taux d’intérêt à court et à long terme et des actions dans plus d’une douzaine de grandes entreprises suédoises”, a ainsi gagné cinq millions de couronnes [environ 513 000 euros], montant à 24 millions de couronnes [environ 2,47 millions d’euros].

M. Ingves a profité de la crise du Covid-19 pour renforcer sa participation dans Scandinavian Airlines (SAS), qui a émis de nouvelles actions pour lever des capitaux. Le rapport indique que plusieurs entreprises du portefeuille du gouverneur ont bénéficié “de la machine à billets de la Riksbank… et aussi de la décision controversée de la banque d’acheter, pour la toute première fois, des obligations dites d’entreprise”.

Au cours de la période examinée dans le rapport, la Riksbank a acheté des obligations d’environ 60 grandes entreprises suédoises. L’idée était de maintenir les taux d’intérêt sur les titres à un niveau bas, “réduisant ainsi les coûts d’emprunt des entreprises.” M. Ingves et son adjointe, Cecilia Skingsley, possèdent tous deux des parts dans des entreprises au sein desquelles la banque a acheté les obligations.

Parmi celles-ci, on retrouve notamment l’entreprise forestière SCA, la société d’hygiène Essity, l’entreprise industrielle Epiroc, le géant de la serrurerie Assa Abloy et le groupe d’ingénierie Sandvik.

Dans le cas de Mme Skingsley, la chef adjointe de la Riksbank a vendu la quasi-totalité de ses fonds pour environ 240 000 dollars juste avant la crise de Covid. Cependant, lorsque les marchés ont commencé à chuter, la banque centrale est intervenue avec un plan de relance soutenu par Mme Skingsley, qui a racheté la plupart de ses actions avec une décote, ce pour seulement 60 000 dollars. Mme Skingsley n’a pas encore déclaré les économies réalisées.

Anna Breman, une autre gouverneure adjointe, a continué à investir “d’importantes sommes d’argent en bourse alors qu’elle votait des mesures de relance massives”. Au total, durant la pandémie, l’épargne de son fonds, qui vise principalement le développement durable, a augmenté de près de 40% pour atteindre 1,8 million de couronnes [environ 184 000 euros]. Il est à noter que Mme Breman a orienté la politique de la Riksbank vers la maîtrise des impacts du changement climatique.

Selon le rapport, d’autres gouverneurs de la banque centrale épargnent régulièrement dans des fonds. Le sous-gouverneur Martin Flodén possèderait des parts dans onze fonds d’actions générales. La valeur de ces fonds a fortement augmenté pendant la crise, passant de 1,2 million de couronnes [environ 123 000 euros] à 1,6 million de couronnes [environ164 000 dollars].

Une controverse autour des notions d’éthique

Il est essentiel de noter qu’aucune des opérations sur titres d’Ingves, de Skingsley ou de Breman ne va à l’encontre de la loi sur la Riksbank. Toutefois, cette pratique a soulevé de sérieuses questions éthiques, à savoir si les responsables de la banque centrale devraient pouvoir effectuer des transactions alors que leurs politiques influencent souvent les marchés.

Aux États-Unis, la Réserve fédérale (Fed) a été contrainte d’établir de nouvelles règles plus strictes pour réduire le risque de ce qui pourrait être interprété comme un “délit d’initié” impliquant des responsables politiques haut placés. La Fed a ainsi interdit aux fonctionnaires et aux cadres supérieurs de posséder des actions individuelles de certaines sociétés, lesquels ne peuvent pas non plus investir dans des obligations ou des contrats dérivés.

Les fonctionnaires peuvent toujours investir dans des titres à base large comme les fonds communs de placement, a indiqué la Fed, mais les fonds ne peuvent être vendus pendant au moins un an et les détenteurs doivent donner un préavis de 45 jours avant toute transaction. Les règles stipulent également que les responsables politiques ne seront pas autorisés à faire des affaires lorsqu’il y a “un stress accru sur le marché financier”.

Ces mesures radicales font suite à des révélations selon lesquelles plusieurs responsables de la Réserve fédérale, dont le président Jerome Powell, ont négocié des actions pendant la crise de Covid alors qu’ils approuvaient des politiques qui ont injecté des milliers de milliards de dollars dans l’économie américaine.

Le responsable de la Fed de Dallas, Robert Kaplan, a échangé des millions de dollars en actions de sociétés comme Amazon et Delta Airlines. Le directeur de la Fed de Boston, Eric Rosengren, a pour sa part négocié des titres liés à l’immobilier pour des montants plus faibles, selon les rapports. Les deux présidents de banques régionales ont démissionné suite à la nouvelle.

Il existait déjà aux États-Unis des règles visant à limiter ce genre de dérapage éthique, et qui sont désormais plus strictes. Il est probable que la Suède suive le même chemin, mais rien ne s’est encore produit pour suggérer un changement dans la législation de la Riksbank afin de limiter la capacité des fonctionnaires à épargner et à emprunter.

Les banquiers ont souvent critiqué les cryptomonnaies telles que Bitcoin, pointant du doigt leur manque perçu de valeur intrinsèque et leur volatilité comme étant des facteurs qui sapent leur utilité en tant que moyen d’échange ou réserve de valeur. Le directeur général de la Banque des règlements internationaux (BRI), Agustin Carstens, a précédemment déclaré :

“Si la monnaie numérique veut exister, la banque centrale doit jouer un rôle central, en garantissant la stabilité de la valeur, en assurant l’élasticité de l’offre globale de cette monnaie et en supervisant la sécurité globale du système.” Cependant, d’après les informations susmentionnées dans cet article, il semble évident que les banquiers centraux ne sont pas vraiment des parangons de vertu.

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Jeffrey Gogo is a versatile financial journalist based in Harare, Zimbabwe. He has more than 17 years experience covering local and global financial markets; economic and company news. Gogo first encountered bitcoin in 2014, and began covering cryptocurrency markets in 2017.
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