Alors que beaucoup attendent avec impatience le grand décollage de l’Ether sur les marchés, celui-ci n’arrive pas à suivre ses confrères comme le Bitcoin ou le XRP malgré des annonces de mise à jour et un ETF Spot. À côté du fait que le réseau devient de moins en moins attractif à cause des frais de transactions trop élevés et une faible scalabilité, d’autres problèmes internes à la Ethereum Foundation semblent entraver le rebond du projet qu’on considère comme le Google du web3. Que se passe-t-il exactement ? Faisons le point sur la situation.
La démission d’Eric Conner, un coup de tonnerre dans l’écosystème Ethereum
Quand Eric Conner, l’un des développeurs les plus respectés d’Ethereum, annonce qu’il quitte le navire, la nouvelle fait l’effet d’une bombe dans l’écosystème crypto Dans un tweet poignant, il déclare : “Je ne suis plus un dot eth. Peut-être qu’un jour, ceux qui dirigent tout ça se realigneront avec la communauté, mais pour l’instant, je m’en vais.” Ces mots, simples mais lourds de sens, ont immédiatement enflammé les réseaux sociaux. Conner, c’est un peu l’âme d’Ethereum. Un de ceux qui y croyaient dur comme fer depuis le début. Alors, quand il part, c’est comme si le projet perdait une partie de son ADN.
Mais pourquoi ce départ ? Conner ne mâche pas ses mots. Pour lui, la gouvernance d’Ethereum est devenue un vrai chaos. Trop de flou, trop de décisions prises dans l’ombre, et surtout, une communauté qui n’est plus écoutée. “Je ne me sens plus aligné avec la direction prise par l’EF. La communauté mérite mieux”, explique-t-il. Il dénonce aussi une culture toxique, où les critiques constructives sont étouffées au nom d’une pseudo-gentillesse. “On est là pour changer le monde, pas pour créer un safe space”, assène-t-il.
Le timing de cette démission n’est pas anodin. Quelques jours plus tôt, Vitalik Buterin, le co-fondateur d’Ethereum, avait balayé d’un revers de main les appels à un renouvellement du leadership. “Non. Ce n’est pas comme ça que ça marche. C’est moi qui décide de la nouvelle équipe de direction de l’EF”, avait-il tweeté, provoquant un tollé. Buterin a même accusé ceux qui réclament plus de transparence de créer un environnement toxique. “Si vous continuez à faire pression, vous chassez les talents”, a-t-il lancé. Un discours qui a visiblement achevé de convaincre Conner de partir.
La Ethereum Foundation dans la tourmente
En dehors des tensions autour du leadership, un autre problème majeur secoue la Ethereum Foundation : sa gestion financière. Plutôt que de staker ses ETH pour générer des rendements, l’EF préfère les vendre pour couvrir ses dépenses. Une pratique qui fait grincer des dents. “L’EF utilise la chaîne, en fait, notre principal cas d’utilisation est de vendre des ETH. C’est insensé”, a tweeté Eric Conner, exaspéré.
La question qui tue : pourquoi ne pas utiliser les outils DeFi qu’Ethereum a lui-même créés ? Avec des protocoles comme Aave ou des solutions de staking, l’EF pourrait facilement couvrir ses coûts sans diluer la valeur de l’ETH. Vitalik Buterin a tenté de justifier cette prudence en évoquant des risques réglementaires et des dilemmes en cas de hard fork. “Les préoccupations historiques étaient réglementaires et liées à la neutralité en cas de fork. On explore des solutions pour minimiser ces risques”, a-t-il expliqué. Mais pour beaucoup, ces excuses ne tiennent plus la route. “L’EF pourrait facilement staker ses ETH et utiliser la DeFi pour couvrir son budget. C’est de plus en plus difficile à défendre”, a répliqué Conner.
Dans ce climat tendu, Justin Sun, le fondateur de TRON, a proposé un plan de sauvetage. Il suggère ainsi de stopper les ventes d’ETH pendant trois ans, de réduire les effectifs pour ne garder que les meilleurs et d’utiliser les rendements du staking et des protocoles DeFi pour financer les opérations. “Nous vivons dans une époque où Justin Sun a un plan plus sensé pour l’EF que l’EF elle-même”, a déclaré sur un ton ironique Marc Zeller, fondateur de l’Aave-Chan Initiative. Sun va même plus loin, proposant de transformer l’EF en une méritocratie où les employés seraient récompensés en fonction de leurs performances. “Les employés restants recevront des augmentations considérables, faisant de l’EF un système purement basé sur le mérite”, a-t-il déclaré.
Mais malgré ces propositions, la colère de la communauté ne faiblit pas. “Si l’EF ne croit pas en l’ETH, pourquoi devrions-nous le faire ?”, a tweeté un internaute sur X. Cette crise de confiance pourrait bien coûter cher à Ethereum.
Une communauté en plein désarroi
Ethereum, autrefois vu comme le “Google du web3” et le fer de lance de la révolution DeFi, semble avoir perdu sa magie. Ki Young Ju, fondateur de CryptoQuant, résume la situation en une phrase : “Ethereum a perdu son narratif central. Ce n’est plus l’Ultra Sound Money, un hub pour les DApps révolutionnaires, ou une blockchain centrée sur les builders.” Sans un récit fort, Ethereum peine à mobiliser sa communauté et à rivaliser avec des concurrents comme Solana ou Avalanche.
La communauté, autrefois soudée, est aujourd’hui divisée. D’un côté, les puristes défendent la vision originelle de Vitalik Buterin : une blockchain décentralisée, neutre et axée sur l’innovation à long terme. De l’autre, des voix de plus en plus nombreuses réclament une approche plus agressive, tournée vers la compétition. “Je crois en la compétition et en la victoire. C’est même dans mon nom”, a déclaré Richard Heart, fondateur de PulseChain. Pour lui, Ethereum doit abandonner sa posture de neutralité et se battre pour dominer le marché.
Cette division se ressent dans les performances d’Ethereum. Alors que Solana et d’autres blockchains Layer 1 enchaînent les succès, Ethereum semble stagner, l’écosystème restant englué dans des frais de transaction élevés et une scalabilité limitée. Les L2 (solutions de Layer 2) comme Arbitrum et Optimism offrent des solutions partielles, mais elles ne suffisent pas à redonner à Ethereum sa place de leader. “Ethereum doit maintenir ses objectifs originels plutôt que de courir après les tendances du marché”, a tweeté un utilisateur en réponse à Ki Young Ju. Mais pour ce dernier, “quelqu’un doit fournir un narratif simple et fort qui puisse unir la communauté.”
Le manque de cohésion et de vision claire a des conséquences directes sur l’adoption et la valorisation d’Ethereum. “Sans un narratif fort, le shilling est inutile”, a conclu Ki Young Ju, soulignant l’urgence pour Ethereum de retrouver une raison d’être qui puisse rallier les troupes.
Vitalik Buterin, dernier rempart de l’Ether ?
Malgré les critiques, Vitalik Buterin reste confiant dans l’avenir d’Ethereum. Dans un récent billet de blog, il a dévoilé une feuille de route ambitieuse pour relancer l’écosystème. Parmi les priorités : renforcer le rôle de l’ETH comme actif économique principal, accélérer l’adoption des L2 et augmenter la capacité de traitement grâce à des améliorations techniques comme le “blob scaling”. “L’avenir d’Ethereum dépend de cette synergie”, a-t-il déclaré, appelant à une plus grande collaboration entre les L1 et les L2.
Buterin mise sur une approche holistique, où croissance technique, adoption des L2 et renforcement de l’ETH comme pilier économique se renforcent mutuellement. “Nous devons cimenter l’ETH comme l’actif principal de l’économie Ethereum”, a-t-il insisté. Cependant, cette vision ne suffit pas à apaiser les inquiétudes. Pour beaucoup, Ethereum a besoin d’un nouveau souffle, d’un narratif fort qui puisse rallier la communauté et redonner confiance aux investisseurs. “Ethereum doit retrouver son esprit de compétition et de victoire”, a tweeté à ce sujet Richard Heart en promouvant sa propre blockchain, PulseChain, comme une alternative viable.
Le temps presse. Alors que les concurrents se multiplient et que les attentes du marché évoluent, Ethereum doit se réinventer pour rester pertinent. La démission d’Eric Conner, les critiques envers l’EF, et les divisions au sein de la communauté ne sont que les symptômes d’un malaise plus profond. Ethereum peut-il retrouver sa gloire d’antan, ou assistons-nous au déclin d’un géant ? La réponse dépendra de la capacité de Vitalik Buterin et de la Ethereum Foundation à écouter leur communauté, à prendre des décisions audacieuses, et à redéfinir ce qui fait la singularité d’Ethereum dans un paysage crypto en constante mutation.
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