Pendant des années, le marché crypto a suivi une structure quasi-religieuse : un halving tous les quatre ans, suivi d’un bull run explosif, puis d’un bear market prolongé. Ce schéma a nourri les croyances des maximalistes du Bitcoin et structuré les stratégies des investisseurs. Mais selon l’analyste Miles Deutscher, ce modèle serait aujourd’hui caduc. L’arrivée des ETF Bitcoin, l’évolution des flux de liquidité et le changement de comportement des investisseurs redessinent complètement le marché.
Le halving, un événement devenu anecdotique ?
Depuis sa création, Bitcoin a toujours été perçu comme un actif déflationniste, avec des cycles régis par les halvings. Ces événements, qui réduisent de moitié la récompense des mineurs tous les quatre ans, ont historiquement provoqué des hausses massives, en diminuant l’offre de nouveaux BTC sur le marché. Cette mécanique a fonctionné en 2012, 2016 et 2020, où l’offre réduite a contribué à des bull runs explosifs.
Cependant, l’effet du halving s’estompe avec le temps. La réduction d’émission de BTC en 2024 n’est que de 6,25 %, contre 50 % en 2012 et 25 % en 2016. L’impact sur l’offre devient négligeable, et les investisseurs, en particulier institutionnels, anticipent ces événements bien en amont, intégrant leur effet dans les prix des mois avant leur survenue. Le marché est donc de plus en plus efficient, limitant l’impact des cycles prévisibles.
En parallèle, Bitcoin est désormais bien plus corrélé aux dynamiques macroéconomiques. Les politiques monétaires de la Fed, la liquidité globale et l’appétit pour le risque influencent davantage son prix que le simple halving. On est passé d’un marché dominé par des mécaniques internes à un écosystème financier où Bitcoin est un actif parmi d’autres, soumis aux flux macroéconomiques.
The 4-year cycle is dead.
— Miles Deutscher (@milesdeutscher) February 10, 2025
We're entering a new paradigm for crypto – either adapt or die.
🧵: Here's how I'm approaching the market in 2025 to keep building wealth in uncharted waters.👇
Pour Miles Deutscher, se focaliser uniquement sur le halving pour prédire le marché est une erreur stratégique. La smart money ne raisonneraient plus en cycles figés, mais en opportunités liées aux conditions de liquidité et à l’évolution du paysage crypto global.
Les ETF Bitcoin : un game changer qui perturbe tout le marché
Selon l’analyse de Deutscher, un des éléments les plus disruptifs de cette nouvelle ère crypto est l’introduction des ETF Bitcoin Spot, qui ont absorbé plus de 40 milliards de dollars depuis leur lancement. Ces instruments, largement dominés par des acteurs institutionnels, transforment complètement la façon dont le capital circule sur le marché.
Dans les cycles précédents, les whales et les fonds crypto réalisaient d’énormes profits sur Bitcoin, qu’ils réinvestissaient ensuite dans Ethereum, puis dans les altcoins majeurs, avant de finir dans les small caps et memecoins. C’est cette cascade de liquidité qui déclenchait les altseasons spectaculaires observées en 2017 et 2021.
Mais aujourd’hui, ce flux de capital est largement capturé par les ETF Bitcoin, qui agissent comme des trous noirs financiers. L’argent qui entre dans ces produits ne ressort pas pour aller alimenter le marché des altcoins. Il reste stocké sous gestion institutionnelle, freinant drastiquement la traditionnelle rotation vers les alts.
En parallèle, le retail ne joue plus selon les anciennes règles. Plutôt que d’investir massivement dans Ethereum et les altcoins majeurs après Bitcoin, les investisseurs particuliers préfèrent directement spéculer sur des micro-cap et des memecoins via la DeFi et les DEX. Cela crée un marché bien plus fragmenté, où la montée en puissance des altcoins est plus chaotique et imprévisible qu’auparavant.
Ce changement structurel signifie que le modèle classique du bull run suivi d’une altseason généralisée est en voie de disparition. Désormais, les opportunités se concentrent sur des poches de liquidité spécifiques et temporaires, nécessitant une approche bien plus agile et tactique.
Fini les bull markets massifs, place aux micro-cycles ?
Avec la disparition du cycle de quatre ans, le marché crypto fonctionne désormais selon une logique de rotations narratives. Plutôt qu’un long bull run homogène, on assiste à une série de mini-cycles sectoriels, où les capitaux se déplacent en fonction des tendances du moment.
On le voit déjà :
- Novembre 2023 – novembre 2024 : explosion des mèmes coins.
- Décembre 2023 : emballement autour des projets IA.
- Janvier 2024 : hype sur les protocoles d’agents autonomes.
- Février 2024 : retour des narratives sur Ethereum Layer 2.
Ce modèle suggère que les longues phases de bear market appartiennent au passé. À la place, on assiste à une succession de bull markets spécialisés, déclenchés par des tendances narratives et des innovations sectorielles. Les opportunités sont toujours là, mais elles demandent une lecture bien plus fine du marché et une capacité d’adaptation rapide.
Miles Deutscher insiste sur une chose : ceux qui restent ancrés dans l’ancien modèle perdront de l’argent. La stratégie du “buy & hold” basé sur les cycles passés devient risquée, tandis que les investisseurs les plus performants sont ceux qui captent rapidement les nouvelles tendances et savent pivoter au bon moment.
En somme, le Bitcoin de 2024 n’est plus celui de 2016 ou 2020. La crypto est entrée dans une nouvelle ère, dominée par la finance institutionnelle et les narratives à court terme. Attendre une altseason classique pourrait être une erreur fatale selon l’analyse de Miles Deutscher.
Morale de l’histoire : attendre l’altseason comme en 2021, c’est comme refresh FTX en 2023 : ça ne sert plus à rien.
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