Le monde de la crypto africaine ne parle plus que de ça : le président ghanéen John Dramani Mahama aurait vanté les mérites de Solana comme moteur d’inclusion financière sur le continent. Pourtant, une zone d’ombre plane sur cette histoire, certains éléments laissant penser qu’il s’agirait d’un piratage de son compte officiel. Alors, véritable coup de pouce au secteur crypto ou simple escroquerie ? Décryptage.
Une publication mystérieuse autour de Solana
Le week-end dernier, John Dramani Mahama aurait publié sur ses réseaux sociaux un message encensant Solana, présenté comme un levier de croissance pour la fintech africaine. L’homme politique soulignait notamment la rapidité et les frais de transaction réduits du réseau. Mieux encore, il décrivait cette blockchain comme un moyen de démocratiser la crypto sur le continent, en facilitant paiements et investissements.
Le post, aujourd’hui supprimé, renvoyait également à un discours de Mahama prononcé lors de l’Africa Prosperity Dialogue en février, où il encourageait les gouvernements africains à adopter les nouvelles technologies pour booster le développement économique. Jusque-là, rien de surprenant dans la sphère crypto : les leaders qui s’intéressent à la blockchain sont de plus en plus nombreux.
Un possible piratage crypto ?
La situation se complique quand entrent en scène des captures d’écran, désormais effacées, évoquant la création d’un memecoin baptisé « Solanafrica ». Selon ces clichés, Mahama aurait invité les investisseurs à rejoindre le mouvement en partenariat avec la Banque du Ghana… sans aucune confirmation de la part de l’institution.
Cerise sur le gâteau : l’analyse on-chain a rapidement montré que ce Solanafrica avait bondi en valeur avant de s’effondrer aussi vite, laissant supposer un simple « pump-and-dump ». Plus inquiétant encore, 80 % de l’offre de ce jeton étaient concentrés dans seulement trois portefeuilles, un schéma classique dans le monde crypto lorsqu’il s’agit d’arnaques.

Il ne s’agirait pas d’un cas isolé. Ces derniers mois, plusieurs comptes officiels africains ont été piratés pour promouvoir de fausses opérations crypto. Le président du Congo, Félix Tshisekedi, et la Direction des enquêtes criminelles du Kenya ont notamment été ciblés par ces cybercriminels, qui cherchent à surfer sur la crédulité des internautes.
Meme coins et scams : une épidémie africaine ?
Les attaques ne se limitent pas au Ghana. La République centrafricaine a récemment connu un épisode similaire, lorsque le président Faustin-Archange Touadéra s’est retrouvé associé au projet CAR. D’abord étiqueté comme une arnaque, ce memecoin a finalement été validé par Touadéra lui-même, qui l’a présenté comme une expérience visant à attirer les capitaux étrangers.
Cette prolifération d’escroqueries dans la sphère crypto africaine repose toujours sur le même schéma : usurper l’identité de leaders ou de figures institutionnelles, promouvoir une crypto meme aux perspectives de gains faramineux, puis opérer une liquidation soudaine qui laisse les investisseurs sur le carreau.
Face à ces dérives, plusieurs pays africains ont déjà pris des initiatives pour renforcer leur cadre légal, afin de prévenir les arnaques tout en soutenant l’innovation. La semaine dernière, le Rwanda a introduit un projet de loi visant à réguler les cryptomonnaies, imposant des licences aux plateformes et interdisant certaines activités, comme le minage.
En début d’année, le ministre des Finances kenyan, John Mbadi, a également annoncé qu’un projet de loi était en cours pour définir un cadre juridique clair concernant la crypto. Objectif numéro un : protéger les utilisateurs en renforçant la surveillance des échanges et en sanctionnant les acteurs malhonnêtes.
Morale de l’histoire : « tout ce qui brille n’est pas or » : dans la crypto, un tweet présidentiel peut parfois cacher la plus sournoise des arnaques.
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