Bpifrance annonce une première souscription dans un fonds monétaire tokénisé, adossé aux bons du Trésor français. Une opération qui s’inscrit dans la stratégie d’investissement de l’institution dans les technologies financières émergentes.
Le contexte
Alors que la tokenisation gagne du terrain dans les salles de marché, les institutionnels commencent à tester ces nouveaux outils dans des cadres régulés. Avec Spiko, Bpifrance choisit d’expérimenter concrètement la blockchain appliquée à la gestion de trésorerie.
Un fonds adossé à la dette publique française, disponible sur Ethereum
La banque publique d’investissement Bpifrance a réalisé une souscription, sur fonds propres, dans le fonds Spiko Euro, un fonds monétaire tokénisé accessible via la blockchain Ethereum. Ce produit est investi exclusivement en bons du Trésor français et permet aux porteurs de parts de bénéficier d’intérêts journaliers ainsi que d’une liquidité totale, avec la possibilité de transférer leurs titres en continu et sans contrainte géographique.
Spiko, la société à l’origine de ce fonds, a été fondée en 2023 par Paul-Adrien Hyppolite et Antoine Michon. La fintech s’est spécialisée dans la tokénisation des instruments financiers, avec pour objectif de moderniser les infrastructures post-marché. En 2024, elle devient le premier acteur européen à lancer un fonds monétaire tokenisé sur une blockchain publique. Aujourd’hui, elle gère plus de 220 millions d’euros d’encours et travaille avec environ 700 entreprises.
Le fonds Spiko Euro repose sur un registre d’actionnaires tokénisé, ce qui permet une transparence accrue sur les opérations et la détention des parts. Ce mécanisme vise également à améliorer la gestion du collatéral et la centralisation de trésorerie. Pour Bpifrance, cette souscription représente un investissement dans un cadre technologique et réglementaire déjà en place, tout en explorant de nouveaux usages liés à la tokenisation des actifs.
La blockchain gagne du terrain chez les institutionnels en France
Bpifrance ne cache plus son intérêt pour le Web3. La banque est aujourd’hui l’un des principaux financeurs de la blockchain en France, avec plus de 150 millions d’euros investis dans l’écosystème. Elle a soutenu près de 200 start-ups hexagonales, à travers des prises de participation directes (comme ACINQ, Dfns, Flowdesk ou Arianee) et via des fonds spécialisés comme White Star Capital, Ledger Cathay ou Sparkle Ventures.
L’écosystème français bouge aussi du côté des grandes banques. La Société Générale, par le biais de sa filiale SG-FORGE, a mené, décembre dernier, une opération pilote de refinancement interbancaire avec la Banque de France, en utilisant une MNBC (monnaie numérique de banque centrale). L’opération reposait sur des obligations tokénisées sur la blockchain Ethereum, utilisées comme collatéral. Résultat : une transaction fluide, traçable et conforme, qui renforce l’idée que les MNBC pourraient jouer un rôle clé dans la finance de demain.
Même logique du côté de la Deutsche Bank, qui travaille sur une blockchain layer 2 appelé Dama 2, basé sur la technologie ZKsync. L’objectif : permettre aux acteurs institutionnels de bénéficier des avantages de la blockchain publique, tout en respectant des standards de conformité élevés. Validateurs approuvés, supervision dédiée aux régulateurs, transparence des flux… Le cadre se veut rassurant pour un secteur encore frileux vis-à-vis des réseaux publics.
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