Pour éviter la radiation des marchés américains, certaines entreprises chinoises cotées au Nasdaq adoptent une stratégie aussi risquée que symbolique : investir massivement dans la cryptomonnaie favorite de Donald Trump, le TRUMP. D’après une enquête du Wall Street Journal, cette opération leur permettrait d’attirer les projecteurs… et de rester cotées.
Le contexte
Pourquoi des entreprises chinoises menacées de radiation se tournent-elles soudainement vers un memecoin lié à Donald Trump ? Ce choix surprenant soulève des questions sur les nouvelles dynamiques entre spéculation crypto, influence politique et survie en Bourse.
GD Culture et Addentax parient sur le TRUMP coin pour éviter l’expulsion du Nasdaq
D’après ce qu’a rapporté le Wall Street Journal, plusieurs petites entreprises chinoises cotées aux États-Unis se tournent vers une solution peu conventionnelle pour éviter la radiation du Nasdaq : acheter du TRUMP, le memecoin associé au président américain. Le cas le plus emblématique est celui de GD Culture Group, société technologique installée à New York mais opérant en Chine. Le 12 mai, elle annonce un financement de 300 millions de dollars destiné à constituer une réserve de cryptomonnaies qui inclue notamment du Bitcoin et du TRUMP coin. En Bourse, son action grimpe aussitôt de 11 %.
Trois jours plus tard, c’est au tour du fabricant de vêtements Addentax Group, basé à Shenzhen, de faire une déclaration similaire. L’entreprise révèle être en pourparlers avec des détenteurs de cryptomonnaies pour acheter jusqu’à 800 millions de dollars de TRUMP et de Bitcoin. Après une spectaculaire envolée intrajournalière de 150 %, le titre s’effondre finalement de 7 %, soulignant la fragilité de cette stratégie.
Pourquoi ces entreprises adoptent-elles une telle tactique ? Toujours selon le WSJ, il s’agirait d’une tentative de manipulation symbolique du marché, visant à regagner l’intérêt des investisseurs et à satisfaire aux critères du Nasdaq. Pour rappel, GD Culture a été prévenue en mars qu’elle enfreignait une règle exigeant un minimum de 2,5 millions de dollars de capitaux propres. Quant à Addentax, sa capitalisation est tombée sous la barre fatidique du dollar par action. Miser sur la popularité crypto de Trump est donc un dernier pari… avant l’exclusion.
Dîner présidentiel, stratégie d’image et dérive spéculative
Toujours selon les révélations du Wall Street Journal, ces annonces d’achat de TRUMP coin par les entreprises chinoises interviennent à un moment très particulier : quelques jours avant le dîner privé organisé par Donald Trump pour les plus grands détenteurs de son memecoin. Cet événement, prévu ce jeudi 22 mai dans l’un de ses clubs de golf près de Washington D.C., est réservé aux 220 portefeuilles les plus exposés au jeton. Ce timing interroge : pour certains analystes, il s’agirait là d’une tentative délibérée de profiter du buzz politique pour gagner du temps en Bourse.
L’exemple de Justin Sun, fondateur de Tron, illustre bien cette tendance. Ce dernier a confirmé sa présence au dîner via un post sur X, affirmant posséder le portefeuille numéro un en TRUMP coin, d’une valeur estimée à 19 millions de dollars. Il a déclaré vouloir “soutenir l’innovation blockchain” et échanger avec les autres invités sur l’avenir de l’industrie. Cette posture publique renforce l’association entre influence politique et poids économique dans l’écosystème crypto.
Mais ces pratiques inquiètent. Toujours dans le WSJ, certains acteurs du marché dénoncent une instrumentalisation du marché crypto à des fins purement spéculatives ou politiques. “Une trésorerie d’entreprise est censée créer de la valeur durable pour les actionnaires, pas spéculer sur les derniers memecoins à la mode,” rappelle Cory Klippsten, PDG de Swan Bitcoin. Le fait même que de petites entreprises cherchent à s’acheter de la visibilité en accumulant du TRUMP interroge. D’autant plus que les démocrates, déjà critiques de l’événement, dénoncent un système où “le plus offrant” accède directement au pouvoir, comme l’a souligné Elizabeth Warren. La frontière entre spéculation, influence et légitimité boursière n’a sans doute jamais été aussi floue.
Morale de l’histoire : Quand le Nasdaq menace, mieux vaut avoir un portefeuille Trump qu’un plan B !
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