La plateforme Pump.fun, qui a facilité le lancement de millions de memecoins sur Solana, vient de voir son compte suspendu sur X. Son fondateur, Alon Cohen, a également été banni du réseau social, alors que la plateforme faisait l’objet de critiques croissantes et d’un procès en justice. Ces événements soulèvent la question d’un possible essoufflement du marché des meme coins.
Une ascension express portée par la fièvre des meme coins
À ses débuts, Pump.fun a bouleversé le secteur en démocratisant la création de meme coins sur Solana. En quelques clics, n’importe qui pouvait lancer son propre token, espérant surfer sur une hype virale. En janvier 2025, plus de 60 000 tokens étaient générés chaque jour, créant une frénésie digne des ICO de 2017.
Ce modèle a généré des revenus considérables. Les frais perçus sur les meme coins par la plateforme ont dépassé les 5 millions de dollars par jour à certaines périodes, selon des rapports relayés sur X. Le projet $PUMP, lancé pour renforcer l’écosystème, ambitionnait de son côté une levée de fonds de 1 milliard de dollars.
Mais cet engouement a attiré les regards suspicieux. Certains observateurs ont rapidement commencé à comparer Pump.fun à un casino numérique, utilisant le surnom “Slot Machine of DeFi”. Une étiquette qui, avec le recul, pourrait avoir sonné le glas de la plateforme.
Bannissements, accusations et effondrement : le début de la fin ?
Le lundi 16 juin, le compte officiel X de Pump.fun ainsi que celui de son fondateur Alon Cohen ont été suspendus sans préavis. Cette décision a provoqué une vague de spéculations sur X et Telegram, certains évoquant un abus d’API, d’autres une possible pression réglementaire. Plusieurs comptes liés à des projets similaires (GMGN, BullX, Bloom Trading) ont également été suspendus, renforçant l’idée d’une action coordonnée de X.
Cependant, ce mardi 17 juin en fin d’après-midi, les comptes ont été réactivés sans annonce officielle. Pump.fun a pu reprendre sa communication, suggérant que la suspension était probablement liée à une mesure de modération automatique ou à une vérification technique. Le fait qu’aucune sanction n’ait été maintenue laisse penser qu’il ne s’agissait pas d’une action réglementaire, ni d’un bannissement permanent.
Dans le même temps, Pump.fun faisait face à une action collective en justice. En janvier, un recours collectif a été déposé aux États-Unis, accusant la plateforme d’avoir facilité la création de meme coins considérés comme des “pump and dump” non enregistrés, engrangeant près de 500 millions de dollars de frais au passage. L’accusation affirme que tous les tokens lancés via Pump.fun devraient être qualifiés de securities non enregistrés.
Pour aller plus loin : Attention, fuyez Pump.fun à tout prix !
Déclin d’activité et remise en question du modèle
Même si Pump.fun est de retour, les indicateurs fondamentaux montrent un net ralentissement de son activité. Selon Dune Analytics, le nombre d’adresses actives quotidiennement a chuté de plus de moitié depuis janvier, passant de 150 000 à environ 50 000 en juin. Cette baisse s’explique à la fois par la baisse structurelle des meme coins depuis le scandale Libra mais aussi par un secteur trop saturé où les nouveaux projets n’arrivent plus à séduire les investisseurs.
En effet, plus de 10 millions de tokens ont été créés sur la plateforme en l’espace d’un an. Une telle quantité rend mécaniquement toute appréciation significative difficile, les investisseurs se retrouvant face à une concurrence excessive pour un capital spéculatif limité. La monétisation du projet $PUMP devient donc plus compliquée, dans un contexte où les revenus générés par les frais sont tombés sous les 1,5 million de dollars par jour.
Enfin, les critiques internes à la communauté crypto se multiplient. Certains utilisateurs sur X ont accusé Pump.fun de détourner l’attention des projets réellement innovants. Tandis que d’autres voient dans cette affaire un rappel que les excès des bull markets incarnés ici par les meme coins créés à la chaîne finissent souvent par imploser d’eux-mêmes.
Morale de l’histoire : Pump.fun sans X, c’est comme un clown sans public : toujours là, mais plus personne ne rigole.
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