Ray Youssef, PDG de NoOnes et ancien cofondateur de Paxful, estime qu’un listing sur Binance n’est plus un gage de légitimité, mais un véritable fardeau pour les tokens élus.
Lors d’un podcast réalisé avec BeInCrypto, Youssef a affirmé que Binance est passé d’un moteur de croissance pour les projets crypto à une « machine extractive » depuis le départ de Changpeng Zhao (CZ).
Sur ce point, le PDG n’a pas mâché ses mots.
« Autrefois, les listings sur Binance avaient un sens. Maintenant, c’est un baiser mortel », a déclaré Youssef.
Les listings de Binance ont-ils perdu leur légitimité ?
Youssef soutient que Binance a changé de cap de manière radicale après que les autorités américaines ont exercé des pressions sur CZ le poussant à la démission en 2023. Selon lui, depuis, l’exchange agit contre les intérêts des utilisateurs et sélectionne les projets à lister en fonction de ce qu’il peut en tirer.
« Lorsque l’Amérique a pris le contrôle de Binance, tout a changé », a-t-il déclaré. « Ils ont désactivé le trading P2P panafricain. Les Égyptiens ne peuvent plus échanger avec les Nigérians. C’était la première mesure. »
Il a accusé la nouvelle direction de privilégier le contrôle et les profits au détriment de la communauté et de l’innovation. Youssef a également affirmé que Pi Network aurait refusé de répondre à une demande présumée de Binance pour une importante allocation de jetons ou des frais de listing élevés, ce qui a conduit à l’impasse actuelle.
« Ils ne voulaient pas donner à Binance 50 % de leur offre de jetons », a déclaré Youssef. « C’est pourquoi Binance ne les a pas listés. C’est aussi simple que ça. »
Il a par ailleurs décrit le modèle de listing de l’exchange comme prédateur.
« Ils listent des tokens frauduleux, en font des rug pulls et les déversent sur la communauté », a-t-il affirmé. « Ils ne construisent rien. Ils se contentent de traire ce qui reste. »
Youssef a également établi des parallèles avec la plateforme Pump.Fun, décrivant les deux comme des schémas d’extraction de profits.
« Binance aujourd’hui, c’est Pump.Fun avec une interface utilisateur. C’est juste du sniping, du dumping et de la vidange de valeur. »
Pourquoi un listing sur Binance serait dangereux Pi Network
Alors que les utilisateurs de Pi Network continuent de pousser pour un listing sur Binance, Youssef soutient que ce projet irréalisé pourrait en fait constituer une véritable bénédiction.
« Si Pi avait été listé, leur token pourrait valoir dix fois moins », a-t-il déclaré. « Binance l’aurait dump comme il le fait avec tout le reste. »
Binance a autrefois joué un rôle crucial dans la popularisation des ICO et a contribué à donner de la visibilité aux petits projets. Cependant, Youssef a déclaré que cette époque est révolue.
Il a suggéré qu’aujourd’hui, les lancements de tokens gérés par les exchanges visent davantage à en saisir l’offre qu’à encourager l’innovation.
« Si vous ne remettez pas des quantités massives de jetons ou ne payez pas de gros frais, ils ne veulent pas de vous. »
Cette perspective remet ainsi en question une croyance de longue date dans l’espace crypto : qu’un listing sur Binance est l’étape finale avant l’adoption grand public.
« Les gens pensaient autrefois qu’un listing sur Binance signifiait la légitimité [du projet]. Maintenant, cela signifie généralement une courte hausse et une longue chute. Il existe de meilleures façons d’atteindre votre communauté que de remettre la moitié de votre offre à des gestionnaires intermédiaires. »
Pi Network est-il un système pyramidal ?
Pi Network a longtemps été critiqué pour son modèle de minage sur invitation uniquement, qui récompense ainsi l’acquisition d’utilisateurs. Les sceptiques le qualifient notamment de système pyramidal. Ses partisans, de leur côté, soutiennent qu’il s’agit d’une manière novatrice de créer une base d’utilisateurs.
Ray Youssef n’a pas directement soutenu le projet mais a souligné une raison pour laquelle il pourrait être mal compris.
« Les gens utilisent trop facilement le terme ‘système pyramidal’. Les mécaniques pyramidales en elles-mêmes ne sont pas le problème ; Avon les a utilisés et a construit une entreprise mondiale. La vraie question est de savoir si le travail réel est effectué, ou si vous payez simplement les anciens utilisateurs avec l’argent des nouveaux. Si aucune valeur réelle n’est créée, cela devient cannibale. Mais s’il y a un vrai travail, même un effort humain, alors c’est légitime. C’est la différence entre une arnaque et un modèle intelligent. »
Il n’a pas commenté les mérites techniques du projet. Cependant, son cadrage suggère que le refus de Pi d’être listé selon les conditions de Binance pourrait refléter un certain niveau d’intégrité, ou du moins, d’indépendance.
Une chute sans fin pour le prix du Pi Coin
Malgré plusieurs mises à niveau clés et déploiements d’écosystèmes, le Pi Coin continue de chuter en valeur. Le token se négocie désormais près de son plus bas historique, autour de 0,44 $, ce malgré des développements majeurs comme le lancement de Pi App Studio et de nouveaux partenariats commerciaux.
Selon Ray Youssef, le problème réside dans les porteurs du message du projet.
« Dans la blockchain, les développeurs sont votre filet de sécurité », a-t-il déclaré. « Ils sont comme les souscripteurs de votre prix de token. »
Il a expliqué que les utilisateurs particuliers peuvent favoriser une adoption massive, mais que les développeurs sont essentiels pour défendre le prix par le biais du soutien à l’écosystème et de la promotion technique.
« Pi a réussi du côté des particuliers, des millions de personnes ayant miné le token. Mais en ce qui concerne les développeurs, ce secteur est mince », a-t-il déclaré.
Youssef a comparé cela au succès précoce d’Ethereum. Il a ainsi souligné comment Vitalik Buterin a activement courtisé les développeurs, créant une communauté technique qui a aidé à valider chaque mise à jour et à instaurer une confiance à long terme.
« Ces Ghanéens, Nigérians, Argentins qui utilisent l’application ne savent pas ce qu’est un zk-SNARK », a-t-il dit. « Ils ne peuvent pas communiquer cette valeur. Les développeurs, eux, le peuvent. »
Il a soutenu que le leadership anonyme de Pi Network et le manque d’ouverture technique ont pu décourager l’implication des développeurs. Sans cette base, même des mises à jour majeures ne parviennent pas à générer une dynamique de prix.
« Peut-être que la structure n’est pas attrayante pour les développeurs. Peut-être que le fait que l’équipe soit dans l’ombre les retient », a-t-il ajouté.
Le résultat : un projet qui compte des millions d’utilisateurs, mais sans évangélistes techniques pour amplifier ses progrès. Ce décalage peut expliquer pourquoi l’évolution du prix va à l’encontre de la croissance de son écosystème.
Réflexions finales
Les commentaires de Ray Youssef reflètent une remise en question plus large au sein de l’industrie crypto : la centralisation des listings sur les exchanges, la capture réglementaire et la consolidation du pouvoir ont créé des risques systémiques.
Selon lui, Pi Network a peut-être évité un piège en ne rejoignant pas Binance, ce malgré la pression de la communauté.
« Les projets se listent sur Binance en pensant que c’est leur grand moment. Au lieu de cela, ils se font dump par les baleines. Peut-être qu’ils s’en sortent mieux », a-t-il conclu.
Ainsi, alors que les débats se poursuivent sur l’avenir de Pi et l’utilité du token, une chose est claire : la légitimité dans la crypto ne passe plus par les mêmes canaux qu’autrefois.
Avis de non-responsabilité
Avis de non-responsabilité : Conformément aux directives de The Trust Project, BeInCrypto s'engage à fournir des informations impartiales et transparentes. Cet article vise à fournir des informations exactes et pertinentes. Toutefois, nous invitons les lecteurs à vérifier les faits de leur propre chef et à consulter un professionnel avant de prendre une décision sur la base de ce contenu.