Vous auriez cru que l’extrême droite, férocement nationaliste et attachée à une vision souverainiste de l’État, verrait d’un mauvais œil une crypto-monnaie déterritorialisée, anonyme, défiant les banques centrales. Eh bien non — certains de ces partis semblent tout à fait séduits.
Ce mariage inattendu pose question : est-ce idéologique, stratégique, ou cyniquement opportuniste ?
Le Rassemblement National : minage nucléaire et crypto-nation
En juillet 2025, Le Monde révélait que le Rassemblement National explorait un projet surprenant : exploiter l’électricité excédentaire des centrales nucléaires françaises pour miner du Bitcoin sur le territoire. Cela devrait servir une rhétorique de souverainisme économique et énergétique.
Ironique situation : un parti jadis soupçonné de vouloir exclure les étrangers envisage aujourd’hui d’utiliser une énergie prétendument “verte” pour faire fortune via une monnaie globale, déconnectée du rôle des banques centrales.
Reconquête et modernité numérique
Sarah Knafo, figure clé du parti de Zemmour (Reconquête), multiplie les ponts avec les cercles techno-libertariens, pro-tech et pro-business, notamment avec l’univers américain de Trump et Musk.
Pour eux, la crypto est un symbole de rupture avec l’establishment, une monnaie alternative au système bancaire “officiel”, et une prise de posture politique pro-innovation.
Crypto & extrémisme : une histoire qui remonte
Loin des discours modernes, l’usage de crypto-monnaies par des groupes extrémistes n’est pas nouveau. Une enquête de PBS montrait que des groupes d’ultra-droite aux États-Unis récoltaient des dons en Bitcoin pour financer podcasts, merch et propagande.
En résumé : dès que la crypto devient un outil utile pour esquiver la régulation, elle attire tous les acteurs poussant à l’anti-système, y compris ceux d’extrême droite.
Crypto = moyen d’influence et de financement
Chainalysis rapporte que les donations crypto à des organisations extrémistes ont diminué globalement, mais que certaines poches subsistent encore comme outil de financement discret.
La promesse de pseudonymat (souvent surestimée) attire les acteurs qui cherchent à contourner le système bancaire classique sans être complètement exposés.
Arguments idéologiques : souveraineté, identité, décentralisation
Les partis d’extrême droite flirtent avec l’argumentaire suivant :
Souveraineté énergétique : exploiter l’électricité française (nucléaire) pour miner localement du Bitcoin, symbolisant une autonomie économique.
Décentralisation : rejeter le contrôle central (banques, BCE) tout en promouvant la crypto comme “monnaie du peuple”.
Pouvoir populaire : une monnaie hors de portée des élites internationales.
L’absurde : le discours souverainiste vise à défendre l’État-nation, et la crypto, paradoxalement, est un outil anti-État.
Cas concrets et projets politiques
RN propose une loi cadre pour encourager l’exploitation énergétique à des fins minière.
Reconquête lie la crypto à une vision technologique modernisée, s’appuyant sur un électorat jeune et digital.
Ce positionnement électoral sert à séduire les jeunes électeurs, en jouant sur l’image de la crypto comme « révolution sociale » technologique.
Les contradictions idéologiques
Idée affichée | Réalité crypto paradoxale |
Monnaie nationale forte | Crypto = monnaie mondiale sans contrôle central |
Souveraineté énergétique/nationale | Dépendance au réseau internet et aux infrastructures globales |
Discours anti-élite | Crypto valorise aussi les gros portefeuilles et acteurs privés privés dominants |
Risques et dérives potentielles
- Financement occulte : la crypto pourrait être utilisée pour des réseaux clandestins ou des collectes non transparentes.
- Manipulation de la population jeune via des promesses style « crypto libre contre euro sale ».
- Normalisation de l’idéologie extrémiste via des plate-formes commerciales.
En résumé
- Le RN et Reconquête exploitent la crypto pour une image de souveraineté économique.
- La crypto permet de contourner le système classique, séduisant une rhétorique anti-étatique.
- Le financement extrémiste via crypto est réel, même s’il reste marginal.
- Idéologiquement contradictoire, le crypto-fascisme est autant pragmatique que symbolique.
Pour conclure
Pourquoi l’extrême droite française aime-t-elle la crypto ? Parce qu’elle en fait un symbole de rupture, un outil de financement alternatif, un marqueur techno-libertarien — malgré le fait que blockchain et souverainisme soient par nature antagonistes.
Le mélange est fascinant et inquiétant : la crypto permet d’amorcer un discours politique ultra-moderne, tout en flirter avec des logiques radicales d’opposition au système. Un pari dangereux, à surveiller.La morale de l’histoire: l’argent apatride n’a pas d’odeur
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