Depuis 2023, les géants de la tech (Amazon, Google (Alphabet), Meta, Microsoft) sont engagés dans une course effrénée à l’intelligence artificielle. En 2025, leurs investissements combinés en IA dépasseraient les 360 milliards $ selon The Wall Street Journal. Sur le papier, c’est une stratégie d’avenir. Dans les faits, cela fait flirter les bilans avec un risque de bulle. Est‑ce le moment de vendre avant que l’euphorie se retourne ?
Tout d’abord, faisons le point sur les chiffres clés de ces investissements frénétiques dans l’IA.
Les chiffres effarants derrière la course à l’IA
En 2025 :
- Alphabet prévoit un budget IA record d’environ 85 milliards $
- Meta table sur 66 à 72 milliards $ (et pourrait monter à 100 milliards en 2026)
- Microsoft investit massivement : 24,2 milliards $ au dernier trimestre FY, avec une large part dédiée à l’IA
- Amazon, de son côté, programme un capex IA sur l’ordre de 100 milliards $ avec notamment l’investissement dans Anthropic et la construction de Datacenters lourds
Ce déluge d’argent a deux effets :
- Il soutient encore les cours boursiers – Wall Street voit en l’IA un moteur de croissance.
- Il grève pourtant la trésorerie libre, qui s’érode face à des dépenses structurelles massives.
Des signaux alarmants dans les résultats récents
Amazon : Malgré un bénéfice net de 18,2 milliards $ au T2 2025 (+35 %), le titre a plongé de 7 % en afterhours, après une guidance prudente et des frais IA jugés trop élevés.
Les analystes (UBS, Jefferies) restent toutefois optimistes sur le long terme, mais la volatilité de court terme pousse certains à conseiller un prudent take‑profit.
Meta continue de croître vite (+22 % CA, +36 % EPS) et séduit les investisseurs qui voient en elle un bon pari IA ajusté à son cœur publicitaire.
Alphabet, bien qu’innovation et recherche IA placent Google en bonne position, reste prudent dans le déploiement produits, freinant l’enthousiasme immédiat.
Microsoft dépend fortement d’OpenAI, Copilot, Azure AI… Le groupe a publié des résultats solides, mais certains analystes préfèrent rester à l’écart, jugeant le titre proche de ses sommets sans catalyseur clair immédiat.
Le risque de bulle IA : analogie avec le krach dot-com
Des voix s’élèvent déjà : Torsten Sløk (Apollo) estime que cette bulle IA pourrait être encore plus grave que l’éclatement de la bulle dot-com au début des années 2000 :
“Les investissements IA actuels ont des allures de bulle dot-com. La différence, c’est qu’aujourd’hui, tout le monde est exposé.”
Ed Zitron, critique de l’industrie, affirme pour sa part que la hype IA repose sur des promesses non validées, beaucoup de firmes perdent des milliards sans produit rentable tangible à court terme.
“L’IA est devenue une religion pour les entreprises tech. Elles investissent non pas parce que c’est rentable, mais parce qu’elles ont peur de rester à la traîne.”
En parallèle, un modèle académique, le CRR (Capability Realization Rate) calcule l’écart entre le potentiel futur de l’IA qui justifie des valorisations élevées, et la réalisation concrète du ROI réel. Ce désalignement crée un terrain spéculatif propice à une correction brutale.
Le graphique présenté ci-dessous illustre la tension entre les investissements massifs en IA et le cash flow libre des grands groupes tech en 2025.
Une analyse entreprise par entreprise
Amazon (AMZN)
- Points forts : leader Cloud avec AWS, intégration IA via Alexa+, e-commerce massive, investissement majeur dans Anthropic.
- Risques : croissance AWS décevante comparée aux pairs Microsoft/Google, perspective prudente, coût énergétique et infrastructurel élevé (accès processeur, électricité).
Conclusion : bon long terme mais signal de take‑profit pour investisseurs à risque faible.
Alphabet (Google – GOOGL)
- Points forts : expertise historique IA (DeepMind, Brain), dominance publicitaire, capex IA record 85 milliards $.
- Risques : risque réglementaire antitrust, prudence dans le lancement de produits IA mainstream qui pourraient cannibaliser Search.
Conclusion : position privilégiée sur l’IA, mais valorisation déjà élevée – vendre une partie peut être judicieux si vous cherchez du rendement cash-flow.
Meta (META)
- Points forts : hausse rapide des revenus, stratégie IA ambitieuse, acquisitions ciblées, alignement avec modèle basé sur les recettes publicitaires.
- Risques : scandales liés à l’exploitation des données privées, régulation forte en Europe, rotations légales & réputationnelles persistantes.
Conclusion : pour les investisseurs à horizon moyen/long, Meta reste un bon choix ; pour les traders plus courts, un léger allégement peut être prudent.
Microsoft (MSFT)
- Points forts : partenaire stratégique d’OpenAI, leadership sur Copilot et Azure AI, revenus Cloud solides.
- Risques : rendement libre faible, le capex IA peut freiner les flux de trésorerie distribuables, exposition macro sur taux/usd.
Conclusion : Microsoft est solide, mais la valorisation reflète déjà le potentiel futur. Une prise partielle de profits peut maintenir un bon équilibre.
Checklist : faut-il vendre et combien ?
Question | Si vous vendez | Si vous gardez |
Vous cherchez du rendement à court terme ? | Oui → alléger toutes positions (10–20 %) | Non → conserver une portion |
Vous croyez à l’IA sur 5–10 ans ? | Alléger partiellement | Garder ou renforcer |
Vous êtes sensible aux chocs réglementaires ? | Vendre Alphabet/Meta | Conserver Amazon/Microsoft pour cash-flow |
Vous êtes prudent vis-à-vis de la bulle IA ? | Oui → prendre des profits | Non → accroître l’emplacement à long terme |
Perspectives et conseils pour l’investisseur
Perspective équilibrée : ces entreprises resteront des leaders technologiques pour plusieurs années. L’IA est un pari stratégique, pas une bulle passagère, et la correction pourrait être sévère mais temporaire.
Conseil de gestion :
- Garder 60–80 % de ses positions si on y croit à long terme.
- Vendre 10–20 % pour sécuriser des gains.
- Surveiller les rapports trimestriels AWS / Azure / Ads qui peuvent infléchir la tendance.
Pour conclure
Faut‑il vendre Amazon, Alphabet, Meta et Microsoft parce qu’ils investissent trop dans l’IA ? La réponse dépend de votre profil d’investisseur :
- Trader spéculatif : vende partiellement pour capitaliser sur le buzz actuel.
- Investisseur de long terme : conserver la majorité, car l’IA structure le futur des entreprises sélectionnées.
La morale de l’histoire : l’IA pèse lourd dans les comptes, mais pèse encore plus dans le futur des géants tech.
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