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BlockbusterDAO : quel est le point commun entre les cassettes VHS, Netflix et une DAO ?

7 mins
Mis à jour par Célia Simon
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EN BREF

  • Il existait autrefois 9 000 magasins Blockbuster dans le monde. Aujourd'hui, il n'en reste qu'un seul.
  • Il est donc d'autant plus intéressant qu'une DAO veuille justement racheter les droits restants de Blockbuster pour créer une entreprise de streaming décentralisée.
  • BlockbusterDAO s'est fixé des objectifs ambitieux et doit relever des défis encore plus importants.
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La réponse : ils ont tous un rapport avec “Blockbuster”. BeInCrypto se penche sur la naissance du streaming DeFilm.

L’année dernière, une DAO (abréviation de Decentralized Autonomous Organization, ou organisation autonome décentralisée en français) a réussi à acheter un album unique du Wu-Tang Clan en tant que NFT. Pour sa part, la ConstitutionDAO a été à deux doigts de réunir les millions nécessaires à l’achat d’une copie rare de la Constitution américaine. On peut le dire : les DAO ont le vent en poupe.

Une DAO fait concurrence à Netflix : Streaming 2.0

Aujourd’hui, la BlockbusterDAO, qui est une sorte de croisement entre une startup et un club basé sur la blockchain, s’est fixé pour objectif de racheter l’ancienne chaîne de vidéoclubs “Blockbuster”, et de la transformer en un service de streaming décentralisé avec pour ambition de faire concurrence à Netflix. Il s’agit d’un développement passionnant, car le patron de Blockbuster de l’époque avait justement mis à la porte les fondateurs Reed Hastings et Marc Randolph à cause de cette “idée débile appelée Netflix”, se demandant : “Qui veut regarder des films sur Internet ?”

Et maintenant, BlockbsuterDAO vise à réécrire l’histoire. S’agit-il d’une vengeance tardive ou d’une transfiguration nostalgique ?

Source

Les cassettes VHS, les vidéothèques, les taxi à DVD, Blockbuster. Si tous ces mots vous semblent plus familieurs que la simple idée de “Papa en a parlé un jour”, c’est que vous avez probablement grandi à la fin des années 80 ou au début des années 90.

À l’époque, il n’y avait pas Netflix, Disney, Hulu ou Apple TVplus. On se procurait sa ration quotidienne de films dans l’un des nombreux vidéoclubs qui se trouvaient alors à chaque coin de rue. Dans ces beaux et grands temples du cinéma (même si au moins 50% étaient des films pornographiques), on pouvait flâner pendant des heures, étudier les jaquettes des films et discuter avec le vidéothécaire pendant une bonne partie de la soirée sur le dernier film de série B. Au lieu de Netflix & Chill, on se contentait d’une canette de bière et d’un film de la vidéothèque. Et la reine des vidéothèques était à l’époque (du moins en Amérique) Blockbuster.

Il existait autrefois 9 000 magasins Blockbuster dans le monde. Il n’en reste aujourd’hui qu’un seul.

Il se trouve dans la ville de Bendm dans l’État de l’Oregon. Cela dit, la filiale, qui compte actuellement 4 000 membres, est bien plus que cela : il s’agit également d’un AirBnB où chacun a la chance de passer la nuit et de faire un “voyage vers des temps plus simples”. Pour ceux qui souhaitent voir la chute de l’entreprise en bref, nous vous conseillons de regarder la vidéo ci-dessous. Mais que s’est-il passé ? Comment le géant de l’époque a-t-il pu s’effondrer ?

En 1997, Reed Hastings et Marc Randolph ont eu l’idée de louer des DVD par la poste. Les DVD avaient entre-temps remplacé les cassettes vidéo et présentaient l’avantage que la numérisation du film permettait à la fois de réaliser des copies beaucoup plus rapidement et à moindre coût, et que la qualité ne se dégradait pas après le visionnage. En effet, il s’agissait également d’un problème avec les VHS : plus on les regardait, plus la qualité de l’image se dégradait. Hastings et Randolph ont testé le concept en s’envoyant un DVD ; cela a fonctionné et ils ont créé le premier service de location et de vente de DVD en ligne en 1998.

En 1999, ils ont ensuite introduit un système d’abonnement permettant à leurs membres de louer des DVD de manière illimitée, sans délai de retour, sans frais de retard et sans limite mensuelle. Après une croissance constante du nombre d’abonnés, le streaming a été introduit en 2007. Les membres pouvaient regarder des films et des séries en ligne immédiatement. En 2021, après avoir remporté de nombreux prix et jusqu’à des Oscars, leur nombre d’abonnés a dépassé les 200 millions.

Cette histoire à succès est bien entendu celle de Netflix.

Pourtant, l’ascension de Netflix ne s’est pas faite en ligne droite. En 2000, raconte M. Hastings dans son livre “La Règle ? Pas de règle”, Randolph et lui voulaient initialement vendre leur nouvelle entreprise, baptisée Netflix, à Blockbuster. Hastings avait imaginé que “blockbuster.com” deviendrait ainsi le nouveau domicile de Netflix. La chaîne devait y proposer l’envoi de DVD comme son activité principale et s’adapter aux temps nouveaux. Cependant, John Antioco, le directeur général de l’époque, a refusé catégoriquement et les a chassés de son bureau… avant de faire faillite huit ans plus tard. Ainsi, comme le montre l’histoire de Blockbuster et de Netflix : certains reconnaissent le changement, d’autres en subissent les conséquences.

Il est donc d’autant plus intéressant qu’une DAO veuille maintenant racheter les droits restants de Blockbuster pour créer une entreprise de streaming décentralisée. Le Netflix de la blockchain, en quelque sorte. Est-ce le moment pour Hastings et Randolph de se méprendre sur la tendance de l’avenir et de faire subir à Netflix le même sort qu’à Blockbuster ? Ou BlockbusterDAO est-elle plutôt condamnée à l’échec, tout comme ConstitutionDAO ?

Voyons d’abord ce qu’est une DAO…

Les DAO correspondent à Decentralized Autonomous Organizations, ou organisations autonomes décentralisées, c’est-à-dire un moyen décentralisé, efficace et sûr de collaborer avec des personnes du monde entier partageant les mêmes idées.

La meilleure façon d’imaginer une DAO est de la comparer à une entreprise basée sur Internet, qui appartient collectivement à ses membres et est gérée par ces derniers. Les décisions sont régies par des propositions et des votes, afin de garantir que tout le monde au sein de l’organisation a son mot à dire.

L’épine dorsale d’une DAO est son smart contract, ou contrat intelligent. Celui-ci définit les règles de la DAO et en gère les actifs. Une fois que le contrat est actif sur la blockchain, personne ne peut en modifier les règles, sauf par un vote. Si quelqu’un tente de faire quelque chose qui n’est pas couvert par les règles et la logique du code, il échouera. Comme la “trésorerie” de la DAO est également définie par le contrat intelligent, personne ne peut non plus dépenser de l’argent sans l’accord de l’ensemble du groupe.

Il n’y a donc pas de PDG qui dépense l’argent de l’organisation selon son propre intérêt. Ainsi, une DAO n’a pas besoin d’une autorité centrale. Tout est ouvert et les règles de dépenses ne sont pas centralisées, mais ancrées dans le code de la DAO.

Et voilà maintenant qu’une de ces organisations veut changer radicalement le business du streaming. Le 25 décembre 2021, le compte Twitter de BlockbusterDAO a annoncé que sa mission était de “libérer Blockbuster et de créer une DAO pour transformer collectivement Blockbuster en la toute première plateforme de streaming DeFilm. La plateforme de streaming DeFilm sera un pilier des marques et des produits Web 3.0, mais aussi une centrale électrique pour l’avenir de l’industrie cinématographique”.

On dirait au moins que la DAO s’est fixé de grandes ambitions. Mais cela ne suffit pas. En gros, ses membres veulent devenir un géant du streaming à l’image de Netflix, qui produit lui-même des films et des propriétés intellectuelles.

Source : Twitter

Dans sa feuille de route à long terme, la DAO indique également le chemin à suivre pour y parvenir :

  1. Lever 5 millions de dollars ou plus grâce au NFT blockbuster DAO, à 0,13 ETH l’unité.
  2. Lancer une campagne de sensibilisation et de relations publiques pour faire pression sur les ventes.
  3. Acheter Blockbuster à Dish Network
  4. Enregistrer toute la propriété intellectuelle au nom de la DAO.

Le projet sera donc financé par la vente de NFT, que chacun pourra acquérir lors de la création de la DAO et au prix de 0,13 ETH. Une fois que l’on a acheté un NFT, on fait partie de la DAO et on peut participer aux votes.

Si le streaming DeFilm devient notre avenir…

Une fois que Blockbuster aura été racheté à son propriétaire actuel, Dish Network, les membres de la DAO souhaitent acquérir les droits de différents films dans le cadre de festivals de cinéma et, en fin de compte, créer la “plateforme de streaming Blockbuster”, devenant ainsi le premier fournisseur de streaming DeFilm.

Selon leurs propres dires, ils envisagent également de créer un “modèle d’abonnement Movie Pass pour notre plateforme et de transformer ces passes en tokens ERC-20 qui ont une valeur de revente”.

D’une manière générale, tout cela semble être une belle entreprise avec de grands projets. Il est temps que la décentralisation et les possibilités offertes par la blockchain, et surtout par la DeFi dans le financement des films, révolutionnent enfin l’industrie cinématographique.

D’un autre côté, c’est justement la “taille” de cette entreprise qui fait que l’on considère ce projet avec prudence. Remporter des prix cinématographiques et, bien sûr, un Oscar est déjà un grand projet. Créer un service de streaming financièrement autonome en est un autre. Même Netflix, avec ses 200 millions d’abonnés, n’a pas fait de bénéfices pendant des années.

À cela s’ajoute le défi technique du streaming vidéo, qui consiste généralement en un grand nombre de “sessions”, lesquelles donnent lieu à plusieurs transactions au cours d’un seul flux. Il peut en résulter un nombre considérable de transactions, ce qui peut entraîner de longs retards et/ou une grande complexité de calcul.

Il est donc urgent de disposer d’une plateforme de développement permettant d’instaurer des stratégies innovantes dans une plateforme blockchain pour la diffusion vidéo en continu et de surmonter les défis existants tels que les temps de transaction trop longs et la puissance de calcul limitée.

Ou, plus simplement : nous n’en sommes pas encore là.

BlockbusterDAO devrait donc investir des sommes incroyablement importantes pour résoudre ce problème de “scalability”, soit d’évolutivité. Ce qui nous amène aussi à ce que l’on appelle le trilemme de la blockchain. Le trilemme de la blockchain se réfère à la conviction largement répandue que les réseaux décentralisés ne peuvent offrir que deux avantages sur trois en termes de décentralisation, de sécurité et d’évolutivité.

Si BlockbusterDAO devait donc miser sur l’évolutivité, elle devrait faire des concessions soit sur la sécurité, soit sur la décentralisation. Or, personne ne veut d’une plateforme de streaming non sécurisée, ni d’une DAO avec une approche centralisée.

BlockbusterDAO s’est ainsi fixé de grands objectifs et se trouve face à un défi encore plus grand. On peut donc observer avec intérêt si cette DAO connaîtra le même sort que la ConstitutionDAO ou si nous assisterons à la naissance d’un nouveau géant du streaming. Nous vous tiendrons en tout cas au courant.

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