On parlait récemment d’allègement fiscal, les espoirs tombent à l’eau ! Et si votre crypto, votre tableau ou même votre lingot d’or devenait une nouvelle cible fiscale au nom de la richesse improductive ? C’est ce que l’Assemblée Nationale a décidé récemment, mais tout ce que l’on entend sur le sujet est loin d’être vrai…
SponsoredEncore un nouvel impôt crypto !
Adopté dans la soirée du 31 octobre 2025, l’impôt sur la fortune improductive marque un tournant majeur dans la fiscalité française. Il s’agit d’une transformation de l’IFI (impôt sur la fortune immobilière) en une version élargie qui taxe désormais tous les actifs jugés « improductifs ». Voté à l’Assemblée nationale par une coalition centriste, socialiste et d’extrême droite (163 voix contre 150), le texte maintient le seuil de déclenchement à 1,3 million d’euros, mais applique désormais un taux unique de 1 % sur la valeur brute du patrimoine concerné.
Dans le viseur : les biens considérés comme n’apportant pas directement de valeur à l’économie réelle, parmi lesquels les métaux précieux, les œuvres d’art, les yachts, les liquidités dormantes des assurances-vie et, surtout, les cryptomonnaies. En revanche, comme le rappelle Le Monde, les placements dits « productifs », comme les participations dans des entreprises, le capital-investissement ou l’immobilier vert, restent exonérés.
Au-delà du discours économique, le signal politique est clair : selon les députés à l’origine de la mesure, la richesse doit « servir » plutôt que « dormir ». C’est pourquoi la résidence principale bénéficie d’une exonération jusqu’à un million d’euros, tandis que, comme sous l’ancien IFI, les actifs professionnels sont exclus. D’après les projections du ministère des Finances, le rendement attendu se situerait entre 1 et 3 milliards d’euros par an, un chiffre encore incertain selon la ministre Amélie de Montchalin.
Attention, rien n’est encore acté : l’entrée en vigueur dépend encore du vote final du budget 2026 et du passage au Sénat, mais la probabilité d’application dès le 1er janvier prochain reste jugée élevée.
Qui est vraiment concerné ?
Le texte crée un profond clivage dans l’écosystème crypto français, puisqu’il inclut les cryptoactifs (Bitcoin, Ethereum, stablecoins et tokens assimilés) au même titre que les autres formes de réserve de valeur. Ainsi, seuls les individus possédant plus de 1,3 million d’euros de patrimoine improductif verront tous leurs biens imposés à hauteur de 1 % par an. Concrètement, un détenteur d’un Bitcoin, si son patrimoine global est éligible à l’impôt, pourrait devoir payer environ 1 000 € par an uniquement pour détenir cet actif. Ce n’est pas votre cas ? Alors vous n’aurez rien à payer… pour l’instant.
Aucune exception n’est prévue pour les crypto utilisées dans un cadre professionnel. Les détenteurs devront déclarer l’ensemble de leurs wallets et, faute de liquidités suffisantes, pourraient être contraints de vendre une partie de leurs actifs pour s’acquitter de la taxe. Une contrainte dénoncée par plusieurs acteurs, comme Eric Larchevêque, qui y voient une mesure punitive décourageant l’investissement de long terme et l’innovation technologique.
Derrière l’impôt sur la fortune improductive, beaucoup y voient une erreur idéologique. Le secteur crypto génère emplois, startups et capitaux, mais il est aujourd’hui assimilé à une épargne stérile. Pour ses détracteurs, la France envoie un signal inquiétant : il sera bientôt presque plus avantageux de placer son argent dans la finance traditionnelle que d’investir dans les actifs décentralisés.
Alors que les États-Unis et d’autres pays européens cherchent à attirer les capitaux web3, cette loi pourrait au contraire accélérer la fuite des investisseurs vers des juridictions plus crypto-friendly comme Dubaï ou Lisbonne.
La morale de l’histoire : à vouloir tondre les riches endormis, l’État finit toujours par réveiller les investisseurs qui s’envolent.