La start-up française Mistral AI vient de lancer son chatbot avec l’ambition de concurrencer, entre autres, ChatGPT. Que vaut-il vraiment ?
Mistral AI, un remplaçant potentiel de ChatGPT ?
C’est le grand événement de l’année : l’entreprise française Mistral AI vient de lancer son propre chatbot qui se veut une alternative solide à ChatGPT. Le pari est-il vraiment réussi ? BeInCrypto a testé pour vous !
A première vue, Le Chat ressemble beaucoup à son concurrent américain. Il suffit simplement d’ouvrir un compte pour accéder à l’IA. Une interface épurée nous accueille ensuite, ornée d’une zone de texte. Les conversations s’affichent à gauche, classées par date et par sujet.
Il est également possible de choisir quel modèle on souhaite utiliser. Le “Large” propose des capacités de réflexion plus accrues tandis que “Small” joue davantage sur la rapidité. C’est toutefois le premier que nous avons choisi d’essayer.
Niveau performance, les similitudes sont presque troublantes. Avec 81 % de précision contre 86 % pour ChatGPT, le chatbot de Mistral AI ne déçoit pas lorsqu’il s’agit de répondre clairement aux questions ou de gérer des tâches simples. Il n’y a toutefois pas de secret : la qualité du prompt fait également celle de la réponse et plus on est précis, plus l’échange est satisfaisant.
Maîtrisant cinq langues (anglais, espagnol, allemand, italien et français), il peut expliquer n’importe quoi de manière claire et sympathique, résoudre des problèmes mathématiques et coder. Autre atout : son modèle est neutre et sa modération personnalisable. Celui-ci n’entend pas brider les conversations mais affiche un message lorsque le sujet devient sensible.
En revanche, si vous cherchez une réponse sourcée, Le Chat n’est pas une option pour vous. Comme ses concurrents célèbres, celui-ci rédige directement et sans justification. Mieux vaut, alors, se tourner vers le nouveau moteur de recherche Perplexity !
Sur le papier rien à redire mais quelques couacs à l’utilisation
Toutefois, Le Chat pêche par une génération de réponse parfois longue (il bloque notamment sur certaines phrases) et par le fait qu’il n’accède pas à internet. Attention, donc, aux réponses obsolètes ou montées de toutes pièces !
En outre, il ne semble pas encore en capacité de traiter d’aussi longs textes que ses concurrents puisque sa fenêtre de contexte n’est que de 32 000 tokens, contre 128 000 pour le robot d’OpenAI.
En l’état, nous pouvons le comparer à la version gratuite de ChatGPT très améliorée avec un peu moins de données puisque les siennes s’arrêtent à 2021. Notons cependant que l’IA n’est qu’en bêta pour l’instant et que son approche est plutôt démonstrative et générale, les entreprises étant appelées à s’y projeter avant de s’abonner.
Vous l’aurez donc compris : Le Chat ne semble pas encore avoir vocation à devenir grand public et se contente avant tout d’une approche professionnelle et pratique.
Les grandes différences restent encore à faire
L’approche ambitieuse de Mistral AI ne semble qu’à ses balbutiements et son IA semble prometteuse à condition de prochaines améliorations. Toutefois, outre ses performances et sa liberté d’agir, Le Chat n’innove pas dans son approche éthique. Contrairement à ChatGPT, celui-ci n’est pas open source. De quoi faire grimacer alors que l’entreprise avait fait de principe son cheval de bataille à ses débuts.
De même, aucune mesure inédite n’est proposée pour rendre toutes les conversations privées. Une option existe en ce sens, notamment le mode “incognito” qui bloque le partage des échanges ainsi qu’une fonctionnalité interdisant leur exploitation.
Enfin, et c’est là que le bât blesse, nous sommes encore loin de l’indépendance américaine. Mistral AI vient en effet d’annoncer son partenariat avec Microsoft. Pour l’instant, ce dernier devrait simplement permettre à l’entreprise française d’utiliser la puissance de calcul des processeurs détenus par le géant de la tech. Mais attention, comme le note The Financial Times, Microsoft a également racheté une part de Mistral AI dans la foulée…
Pour l’heure, comme le fait remarquer Time, l’accord doit encore être examiné par les régulateurs français et européens.
En tout et pour tout, Le Chat reste une IA réussie et qui pourrait sérieusement concurrencer ChatGPT au fil du temps. La France aura au moins la fierté d’avoir mis au point un chatbot qui se hisse à la deuxième place des meilleurs robots disponibles sur le marché et approchant des standards américains. Le temps saura nous dire si de futures mesures auront été prises pour faire du Chat un projet 100 % européen sur le long terme, dernier grand effort à produire pour le différencier vraiment des autres.
La morale de l’histoire : il ne suffit pas de se dire innovation pour l’être.
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