“Pourquoi tous les pays seraient obligés de faire leurs échanges en se basant sur le dollar ? Qui a décidé que le dollar serait la monnaie (de référence) ? Nous avons besoin d’avoir une monnaie qui place les pays dans une situation un peu plus tranquille, parce qu’aujourd’hui un pays doit courir après le dollar pour exporter”: a déclaré Lula, président du Brésil à Shangaï
Le dollar n’a jamais été autant contesté
Cette année, lors du sommet des pays du BRICS à Johannesburg, en Afrique du Sud, la question de la création d’un moyen de paiement commun pour faciliter les échanges entre les pays membres du bloc a été abordée. Cette idée d’une monnaie commune a suscité de vives réactions sur la scène internationale, car elle remet en question le système financier actuel en mettant en péril la suprématie du dollar. Depuis les accords de Bretton Woods, le dollar américain est devenu la monnaie de référence tant dans la finance mondiale que dans les transactions internationales. Bien que sa domination ait progressivement diminué au fil des années, passant de 90 % en 1988 à 59 % en 2023.
Le dollar, initialement conçu pour jouer un rôle purement économique, est devenu un instrument politique et un moyen de pression utilisé par les États-Unis pour sanctionner d’autres nations. Pendant longtemps, de nombreux pays ont cherché à contester la suprématie du dollar, mais plusieurs facteurs, tels que la taille de leur économie et le volume de leurs échanges, les ont empêchés de promouvoir une alternative au dollar américain.
D’un autre côté, la guerre en Ukraine, avec les 2500 sanctions américaines, jointes à celles de l’UE contre la Russie, ont propulsé davantage ce débat d’une nouvelle monnaie pour échanges internationaux. Que nous arrivera-t-il si nous ne suivons pas la logique occidentale ? La Chine, grand instigateur de la cette révolte monétaire chez BRICS, se préoccupe de son propre sort si elle venait à s’engager dans la conquête de Taïwan. De plus, la question de la souveraineté des peuples se pose : pourquoi le dollar est-il légitime dans les échanges entre deux pays qui ne sont pas les États-Unis ?
Cependant, le dollar présente un avantage de taille : sa stabilité, qui repose sur la confiance des investisseurs dans l’économie américaine et la stabilité politique du pays.
La proposition des BRICS: une monnaie adossée à l’or
Avec une population estimée à plus de 3,4 milliards de personnes, les BRICS représentent plus de 30% du produit intérieur brut (PIB) mondial, surpassant déjà la richesse produite par l’ensemble des pays du G7. Cependant, force est de constater que leur réserve de devises n’atteint que moins de 5% dans le système financier et monétaire international. À Johannesburg, les dirigeants de ces cinq puissances ont entamé des discussions sérieuses pour renverser cette triste réalité en créant une monnaie commune qui sera adossée à l’or.
Contrairement à l’euro, qui est une monnaie régionale, la monnaie prônée par les BRICS pour concurrencer le dollar ne serait pas une monnaie unique. Selon les propos de Julien Vercueil, économiste et maître de conférences à l’Inalco, sur France 24 : “Une monnaie commune viendrait s’ajouter aux monnaies nationales et faciliterait les opérations de compensation des déséquilibres commerciaux entre les pays qui l’utilisent”.
Bien que cette proposition soit toujours en cours de débat et d’analyse au sein des BRICS, certaines questions se posent quant à la faisabilité et à l’applicabilité de cette nouvelle monnaie. Quelle instance ou quel pays serait responsable de l’émission de cette monnaie ? Si elle était effectivement adossée à l’or, quel serait son taux de conversion par rapport à l’or, mais aussi par rapport aux monnaies locales de ces pays ? Est-ce que le pays possédant le plus d’or aurait automatiquement davantage de réserves de cette nouvelle monnaie ?
Toutefois, certaines initiatives bilatérales qui vont dans le sens de dé-dollarisation commencent à voir le jour. Dans un article précédent, nous avons rapporté que l’Iran et la Russie travaillent sur un projet de stablecoin adossé à l’or pour faciliter leurs échanges commerciaux. De plus, la Chine a effectué une livraison record de 65 000 tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) en utilisant des yuans numériques en provenance des Émirats arabes unis.
L’option des cryptomonnaies
Les cryptomonnaies, en raison de leur caractère décentralisé et de leur utilisation de la technologie de la blockchain, offrent des transactions hautement sécurisées, ce qui réduit considérablement les risques de fraude. De plus, leur transparence et leur capacité de traçabilité pourraient contribuer à lutter contre la corruption et à renforcer la confiance dans les transactions commerciales. En outre, la rapidité des transactions, parfois en quelques secondes seulement, pourrait accélérer les échanges internationaux, favorisant ainsi une économie plus fluide.
Cependant, l’option d’utiliser les cryptomonnaies pour faciliter les échanges internationaux comporte également de grands défis, tels que la volatilité, la réglementation et la sécurité (notamment en ce qui concerne les risques de piratage). Les pays membres des BRICS doivent examiner attentivement ces facteurs avant de prendre la décision de les adopter, en privilégiant une approche progressive et prudente visant à minimiser les risques tout en maximisant les avantages potentiels.
Morale de l’histoire : Le génie n’a qu’un siècle et celui du dollar semble être sur le point d’éteindre?
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