Depuis l’interdiction de la Chine, le conseil Bitcoin Mining fait état d’une augmentation significative de l’utilisation des énergies renouvelables. Certains secteurs remettent toutefois en cause les données, du fait que les bases de données proviennent des intéressés eux-mêmes… c’est pourquoi j’ai décidé d’analyser les données.
Pour éviter cette critique, Be[In]Crypto a décidé de faire une analyse indépendante basée sur des informations, des statistiques et des reportages accessibles au public afin deconfirmer l’impact sur la quantité d’énergie renouvelable utilisée par le réseau Bitcoin.
En cas d’incertitude, j’ai supposé le pire scénario possible (c’est-à-dire que j’ai supposé aller dans le sens d’une utilisation accrue des combustibles fossiles). Cela signifie que la conclusion d’une augmentation de 10,9 % de l’utilisation des énergies renouvelables sur l’ensemble du réseau Bitcoin constitue le cas de la hausse minime.
Avant de passer aux choses sérieuses, en quoi les rapports selon lesquels le minage Bitcoin était devenu moins verte (largement rapportés par le NY Times, entre autres) s’avéraient-ils faux ?
En bref : ils étaient basés sur une seule étude, qui contenait de graves défauts, les principaux étant :
- Analyse incorrecte à la fois du changement net de puissance et du mix d’énergies renouvelables avant et après l’interdiction en Chine.
- La réduction par 47 fois du minage crypto en Iran (98 % du réseau non renouvelable) combinée à la multiplication par 4 du minage au Canada (67 % du réseau renouvelable) n’a pas été prise en compte.
L’étude s’est également fortement appuyée sur un fait qui était exact à l’époque, mais qui a changé depuis : la migration des mineurs vers le Kazakhstan.
Analyse des données minières Bitcoin
L'”interdiction” minière de la Chine n’était en réalité qu’une interdiction de l’énergie fossile.
En tant que nation, la Chine est désormais le plus grand contributeur au monde au minage Bitcoin à l’énergie renouvelable.
Comment le savons nous?
En premier lieu :
Le hashrate mondial de la Chine est toujours supérieur à 20% selon deux sources différentes : la cybersécurité chinoise Qihoo360 elle-même et l’Université de Cambridge qui estime que 21,1 % du minage crypto se déroule encore en Chine en janvier 2022.
Une source qui a souhaité rester anonyme, propriétaire d’un centre de minage Bitcoin basée en Chine, a confirmé :
“L’extraction de bitcoins en Chine utilisant l’énergie hydroélectrique et solaire est répandue. Mais si vous essayez de miner Bitcoin en utilisant du charbon, vous serez très durement réprimés en raison des objectifs d’émissions du gouvernement central”.
“Ce que l’interdiction en Chine a fait, a été d’éliminer toute minage de BTC à base de charbon, qui se déroulait pendant 9 mois de l’année”.
En second lieu :
9 mois de l’année ? Oui, c’est ça, 9 mois.
Beaucoup de gens supposent que les sociétés minières en Chine utilisaient l’hydroélectricité pendant 6 mois de l’année et le charbon pendant les 6 autres mois.
Cependant, ce n’est pas le cas. Les sociétés minières de Bitcoin n’ont utilisé l’énergie hydroélectrique bon marché que pendant les mois d’été humides : une période où de fortes pluies soudaines entraînent une capacité de production dépassant ce que les centrales hydroélectriques peuvent trouver en clients, ce qui les oblige à couper l’électricité. Les mineurs Bitcoin n’utiliseraient cette énergie que lorsqu’elle aurait autrement été restreinte et gaspillée.
Voici les graphiques où l’on voit que dans diverses régions de Chine ; on observe un schéma constant de très fortes précipitations sur une période d’environ 3 mois.
Étant donné que la Chine possédait près de la moitié du réseau Bitcoin pour l’énergie du hashage avant l’interdiction, cette énergie à base de charbon faisait que l’ensemble du réseau se trouvait basé sur plus de 30 % de combustibles fossiles.
Le déplacement de cette quantité massive de minage Bitcoin à base de carbone, principalement vers les États-Unis et le Canada, a décarboné le réseau Bitcoin d’une quantité non négligeable.
Cependant, une grande partie n’est-elle pas également allée au Kazakhstan ? Oui, au départ, mais ça ne s’est pas arrêté là. Cela nous amène au point suivant.
Le Kazakhstan n’a finalement pas constitué un facteur central, contraitement à ce que beaucoup imaginaient.
Il est important de calculer le hashrate du Kazakhstan, car 99 % de son réseau est basé sur des combustibles fossiles ; ainsi, une délocalisation massive permanente au Kazakhstan aurait eu un impact non négligeable sur le caractère écologique du minage Bitcoin.
Cependant, depuis août 2022, la contribution du Kazakhstan au hashrate mondial se réduit rapidement à son niveau d’avant l’interdiction chinoise.
Voici pourquoi :
Au 21 mars, le Kazakhstan représentait 7,4% du hashrate mondial. Il est brièvement passé à 18,1% le 21 août.
Cependant, il était déjà retombé à 13,4% le 22 janvier.
Dès lors, on estime que le hashrate du Kazakhstan a encore chuté de 3,8% pour atteindre un nouveau creux.
Voici la logique derrière cette estimation :
Depuis le 22 janvier, le Kazakhstan a connu des pannes d’électricité, une taxe de 1 à 2,5 c/KWh sur le minage de crypto-monnaie (assez pour rendre de nombreuses opérations non rentables), la saisie de 67 000 machines minières illégales et la perte de 202 MW d’électricité en un seul raid de 13 sites miniers, suivi d’un deuxième raid de 106 sites miniers.
Le premier raid sur 13 sites (202 MW de puissance) aurait réduit le hashrate kazakh d’environ 5,4 EH (2,5% du hashrate mondial), ce en supposant que 80 % des machines étaient des S19Pros.
En supposant que le deuxième raid de 106 sociétés minières ne représentait au total que la moitié de la taille des 13 sociétés minières initiales, parce qu’elles ciblaient la «longue traîne», alors la perte totale de hashrate sur ces 2 raids aurait été de 3,8 %, réduisant le taux courant de hachage kazakh à 9,6 %, légèrement supérieur au niveau d’avant l’interdiction de la Chine.
L’explosion du minage Bitcoin au Canada ; destruction en Iran
L’Iran dispose d’un réseau basé à 98 % sur les combustibles fossiles. Selon l’Université de Cambridge, presque toutes les activités minières y ont cessé (il est passé de 4,7% au 21 mars 2021 à 0,1% au 22 janvier 2022).
Le déclin du minage Bitcoin en Iran élimine ainsi 4,5 % de l’utilisation des combustibles fossiles du réseau BTC.
Au contraire, au cours de la même période, le Canada a considérablement augmenté sa contribution au hashrate mondial. De 1,6% le 21 mars 2021 à 6,5% le 22 janvier 2022.
Il s’agit là d’un fait important, car le Canada utilise 67 % d’énergie renouvelable. Cette augmentation du minage Bitcoin au Canada, à elle seule, rend le réseau 3,3 % plus renouvelable.
Enfin, le taux de conversion net en énergie verte dû à l’évolution du hashpower de l’Iran et du Canada culmine avec une hausse de +8,3 %.
Si nous prenons ces facteurs en compte en plus de la migration vers les États-Unis, et que nous recalculons le bouquet mondial d’énergies renouvelables, en tenant compte du fait que l’électricité basée sur le réseau international devient plus verte à un taux d’environ 0,7 % par an dans le monde, et du fait qu’il existe plus de minage Bitcoin basé sur les énergies renouvelables hors réseau qu’il y a 18 mois (Iris, Dame, Green Mining Capital pour n’en nommer que quelques-uns), le réseau Bitcoin dans son ensemble est au moins 10,9 % plus renouvelable qu’avant l’interdiction du minage en Chine.
Tendances futures du minage crypto
L’avenir s’annonce positif pour la poursuite d’un réseau plus vert, ce pour trois raisons.
1. Les entreprises individuelles commencent à s’engager à être 100 % neutres en carbone
Marathon, qui pourrait devenir la plus grande société minière de Bitcoin au monde par taux de hachage d’ici la mi-2023 – sur la base de ses nouveaux accords d’achat d’ASICS – s’est engagée à passer de 70 % d’énergie renouvelable à 100 % d’ici la fin de 2023. Avec le volume d’EH promis d’ici mi-2023 (23,3 EH/seconde), cela représenterait 10 % du réseau provenant d’une source 100 % renouvelable, ce qui rendrait l’ensemble du réseau plus vert de 2,7 %.
Il est important de noter que Marathon a tenu sa promesse au travers d’actions, mettant fin à son contrat avec son principal fournisseur d’énergie (non renouvelable) plus tôt cette année.
2. Une partie importante du nouveau hashrate est négative en carbone ou issue du renouvelable
Par exemple, je suis actuellement en contact avec 20 nouvelles sociétés de minage Bitcoin. Parmi ces entreprises, 90 % sont négatives en carbone ou 100 % renouvelables (8 sont négatives en carbone, 10 sont renouvelables).
3. Le minage crypto négatif en carbone augmente de façon exponentielle
Nous sommes passés de 1 à 12 sociétés minières Bitcoin qui cherchent à atténuer les émissions de méthane depuis le début de l’année 2021. C’est important, car le méthane se réchauffe 84 fois plus que le CO2 sur une période de 20 ans. L’élimination du méthane de notre atmosphère est donc la mesure la plus puissante que nous puissions prendre pour éviter de manière immédiate le changement climatique.
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