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La fin des blockchains Layer 1 a-t-elle sonné ?

5 mins
Mis à jour par Matias Calderon
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EN BREF

  • Les nouvelles blockchains de couche 1 (L1 ou Layer 1) émergent rapidement mais peinent à s'imposer face aux plateformes établies.
  • Les développeurs sont divisés entre les solutions de couche 1 et de couche 2 (L2), chacune offrant des avantages uniques pour la scalabilité.
  • BeInCrypto s'est entretenu avec trois experts afin de parler plus en détails de ce problème.
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L’industrie des cryptomonnaies a assisté à une explosion de solutions de Layer 1 (L1), couche 1, chacune offrant des promesses uniques en termes de scalabilité, de décentralisation et d’amélioration de l’expérience utilisateur. Pourtant, malgré la multiplication des plateformes L1, de nombreux défis demeurent. Et avec la popularité croissante des solutions de couche 2 (L2) qui abordent ces préoccupations de scalabilité, de sérieuses questions se posent sur la valeur de lancer constamment de nouvelles blockchains L1.

Afin de parler plus en détails sur cette situation, BeInCrypto s’est entretenu avec développeurs clés de blockchain : Jack O’Holleran de Skale Labs, Charles Wayn de Galxe et Matt Katz de Caldera. Leurs perspectives nous permettent ainsi d’en savoir plus sur la lutte de l’industrie avec la scalabilité, l’émergence des solutions L2, et la concurrence féroce entre les plateformes L1 plus récentes.

Une surabondance de Layer 1 pour résoudre ou exacerber les problèmes ?

Les blockchains de L1 constituent la base des réseaux décentralisés, alimentant les applications décentralisées (dApps) et les protocoles ; ainsi, Ethereum, Bitcoin et quelques autres chaînes L1 dominent le marché. Cependant, de nouveaux concurrents apparaissent régulièrement, cherchant à résoudre les défis les plus persistants de la blockchain.

Cependant, l’afflux de nouvelles blockchains L1 soulève une question critique : Avons-nous besoin de plus de ces chaînes, ou compliquons-nous l’écosystème sans y apporter de réelle amélioration ?

Jack O’Holleran, cofondateur de Skale Labs, pense que le marché des L1 est bel et bien devenu surchargé. Il soutient notamment que bien que de nombreux projets L1 émergent, seuls quelques-uns gagnent réellement en traction.

« Le marché des Layer 1 est encombré d’un point de vue narratif et de nouveaux tokens, mais un nombre beaucoup plus restreint de chaînes exécutent réellement en termes de traction sur le marché, » a déclaré O’Holleran.

Pour aller plus loin : Layer 1 ou Layer 2, quelle différence ?

Top 10 des blockchains Layer 1
Top 10 des blockchains Layer 1. Source : CoinGecko

O’Holleran a souligné les donnéesz de CoinGecko, notant que la majorité de l’élan des développeurs et des utilisateurs se consolide autour des 10 principales blockchains du secteur. Même lorsqu’une nouvelle L1 présente une solution novatrice, O’Holleran souligne que cela ne suffit pas à garantir son succès.

« Actuellement, il est difficile pour les nouvelles chaînes de se faire une place sur le marché des développeurs. Elles attirent l’attention des utilisateurs via des mécanismes d’airdrop mais peinent à capter une part de marché avec de nouvelles applications, » a indiqué O’Holleran à BeInCrypto.

La concurrence dans l’espace L1 s’est intensifiée, et les nouveaux projets doivent être nettement meilleurs que ceux déjà existants pour avoir un impact. M. O’Holleran pense ainsi que nous sommes à un point où seules les L1 les plus solides survivront.

Un plaidoyer pour de nouvelles blockchains L1

Cependant, tout le monde ne s’accorde nécessairement sur le fait que le marché est saturé. Charles Wayn, cofondateur de Galxe et Gravity, voit la prolifération de nouvelles chaînes L1 comme un signe d’innovation. Sa société a récemment lancé sa propre solution L1, Gravity, pour répondre aux défis de scalabilité au sein de sa plateforme.

« L’espace Layer 1 a explosé, avec de nombreuses nouvelles blockchains entrant sur le marché, » a déclaré Wayn. Selon lui, ces nouvelles blockchains L1 ne sont pas simplement redondantes mais mettent en avant la scalabilité et la spécialisation.

« Les anciennes blockchains luttent contre la congestion et les frais élevés, tandis que les nouvelles L1 offrent un meilleur débit et des coûts de transaction plus bas, » a ajouté Wayn.

Wayn a également noté que certaines de ces L1 émergentes intègrent des technologies avancées comme les preuves à divulgation nulle de connaissance (ZKPs), améliorant la confidentialité et la sécurité. Son point de vue reflète la demande croissante pour des chaînes L1 spécialisées ou de niche qui répondent à des besoins spécifiques de l’industrie.

Gravity, par exemple, se concentre sur les interactions inter-chaînes, offrant une infrastructure omnichaîne que des blockchains à usage général comme Ethereum ne peuvent pas assurer de manière aussi efficace. Pour lui, le lancement de nouvelles L1 maintient l’écosystème de développement agile et réactif aux défis du monde réel.

Les solutions Layer 2 : L’avenir de la scalabilité ?

Alors que le débat sur la nécessité de nouvelles blockchains L1 perdure, les solutions L2 sont devenues une alternative pariculièrement populaire. Les L2 visent en effet à améliorer la scalabilité en se construisant sur les chaînes L1 déjà existantes, réduisant le besoin de nouvelles infrastructures blockchain complètes.

Matt Katz, cofondateur et PDG de Caldera, plaide en faveur des solutions L2. La plateforme de son entreprise, « rollup-as-a-service », aide les développeurs à créer rapidement des chaînes L2 pour Ethereum.

« En fin de compte, la distinction entre un L1 et un L2 implique principalement des détails d’implémentation et affecte l’architecture globale de la blockchain, » a déclaré Katz à BeInCrypto.

Il pense ainsi que si les L1 fournissent la base, les solutions L2 offrent aux développeurs plus de flexibilité sans les contraintes de construire une nouvelle blockchain entièrement. Katz a également souligné les problèmes d’interopérabilité auxquels de nombreuses nouvelles blockchains L1 sont confrontées.

« Les blockchains L1, contrairement aux solutions L2, manquent de ponts natifs intégrés vers Ethereum. Cette absence exacerbe le problème de fragmentation de la liquidité, introduisant une friction significative lors du transfert d’actifs, » a-t-il expliqué.

Ethereum vs Layer 2
Ethereum vs Layer 2. Source : CoinGecko

En revanche, les solutions de L2 bénéficient de ponts intégrés qui s’alignent sur le modèle de sécurité de la chaîne, les rendant plus efficaces et sécurisées. Malgré son soutien au développement des L2, Katz reconnaît que l’afflux de nouveaux L1 peut nuire à l’écosystème. Trop de L1 peuvent entraîner une fragmentation, des problèmes de liquidité et une concurrence accrue, ce qui à son tour peut étouffer l’innovation.

La voie à suivre : L1 ou L2 ?

L’industrie de la blockchain est confrontée à une décision critique : faut-il privilégier le lancement de nouvelles blockchains L1 ou le perfectionnement des solutions L2 existantes ? Les deux approches ont leurs mérites, et il est clair qu’aucune solution unique ne répondra à toutes les préoccupations en matière de scalabilité.

O’Holleran soutient que le marché filtrera naturellement les chaînes L1 les moins performantes, ne gardant que celles qui apportent une réelle valeur ajoutée. Wayn, d’autre part, pense que les nouvelles blockchains L1 sont essentielles pour l’innovation, tandis que Katz voit dans les solutions L2 un moyen de rationaliser l’écosystème.

En fin de compte, la voie à suivre dépendra de la manière dont les développeurs et les utilisateurs équilibreront le besoin d’innovation avec le désir d’un écosystème blockchain plus scalable et interopérable. Que ce soit à travers des solutions L1 ou L2, l’objectif reste le même : construire une infrastructure blockchain capable de supporter les exigences d’une économie numérique en croissance.

Morale de l’histoire : Là où il y a une L2, il y a d’abord une L1.

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