Ethereum (ETH) a ses failles. Sa nouvelle mise à jour s’apprête à remanier l’infrastructure technique, dans l’espoir de préparer le réseau aux exigences de l’avenir. Avec cette version, l’équipe de développement tentera d’atteindre la sainte trinité : évolutivité, sécurité et efficacité énergétique.
Les “seigneurs” crypto ont longtemps promis une solution qui favoriserait l’adoption massive des crypto-monnaie et des applications décentralisées (dApps).
En substance, Ethereum 2.0 (ETH 2.0), ou Serenity, est une mise à jour très attendue du réseau Ethereum. Cette nouvelle version vise à résoudre certains des problèmes les plus urgents de la blockchain. ETH 2.0 y parviendra par une série d’ajustements techniques et en renonçant à son mécanisme de consensus traditionnel au profit d’une alternative ingénieuse.
Voilà pourquoi Ethereum 2.0 y parviendra
Ethereum possède la deuxième plus grande monnaie numérique au monde en termes de capitalisation boursière. C’est également l’infrastructure préférée pour les projets de finance décentralisée (DeFi) et les dApps. Avec plus de 12 milliards de dollars investis dans le marché de la finance décentralisée, ces projets exigent une infrastructure blockchain à la fois robuste et dynamique.
Ethereum prévoit de durer, mais son cadre actuel de blockchain n’est pas viable.
Le système ne peut pas fournir un débit de transaction élevé, ni être efficace sur le plan énergétique. À vrai dire, le réseau ne peut traiter qu’environ 15 transactions par seconde (tps). En comparaison, Visa prétend traiter plus de 2 000 tps. En termes de consommation d’énergie, des tiers rapportent qu’Ethereum consomme actuellement environ 11,83 TWh par an, soit à peu près autant que le Soudan. Au vu de ces chiffres, aucun militant écologiste ne plaiderait en faveur d’Ethereum.
Les racines du problème sont profondes, mais Serenity devrait remettre le réseau en état fonctionnel. En administrant soigneusement quelques mises à jour, Ethereum 2.0 renaîtra de ses cendres et prendra la place qui lui revient en tant qu’infrastructure de base pour les dApps, les projets DeFi, les actifs tokenisés et les contrats intelligents.
L’ordre du médecin est clair comme de l’eau de roche : abandonner la preuve du travail (PoW), la remplacer par la preuve d’enjeu (PoS) et introduire des chaînes de sharding. Ce faisant, la durabilité du réseau peut être assurée. Ethereum se transformera alors en une autoroute à grande vitesse, où les véhicules ne consomment presque rien et où aucun accident ne se produit.
Qu’est-ce que la preuve d’enjeu ?
Pour la plupart des cryptomonnaies, les mineurs de rassemblent les transactions, qui sont ensuite réglées, datées et ajoutées à un bloc. Chaque bloc doit être relié au bloc précédent, formant ainsi une chaîne. Les mécanismes de consensus ont été conçus pour éliminer les ambiguïtés ou les interprétations contradictoires. L’algorithme s’appuie sur un mécanisme prédéterminé pour voter sur la véracité et mettre à jour la chaîne.
Ehtereum utilise actuellement le mécanisme de consensus de la preuve du travail. On ne peut pas s’attendre à ce que les mineurs désignent de manière équitable qui créera le bloc suivant. En réponse, la PoW leur demande de résoudre un puzzle compliqué. Une fois obtenue, la solution est facile à vérifier. Celui qui résout le puzzle en premier peut créer le bloc suivant de la chaîne. Bien qu’il soit sûr et adapté à la décentralisation, le système de preuve de travail est lent et consomme beaucoup d’électricité.
La preuve d’enjeu est une approche radicalement différente pour garantir le consensus. Elle fonctionne en instaurant un engagement financier qui remplace le haut degré de consommation d’énergie de la preuve de travail. Ce mécanisme exige des mineurs ou des opérateurs qu’ils investissent une réserve de valeur et s’y tiennent. Ils n’ont plus besoin de dépenser beaucoup d’énergie pour décider qui va créer le prochain bloc.
La sécurité est aisément assurée, car les opérateurs seront pénalisés s’ils n’agissent pas dans le meilleur intérêt du réseau. Vous prévoyez de traiter une transaction mal intentionnée ? Dites adieu à votre somme placée enjeu, ou “stake”. Vous prévoyez de vous déconnecter ? Vous serez pénalisé. Ceux qui agissent continuellement contre les intérêts du réseau seront contraints de quitter Beacon Chain.
Pour devenir opérateur sur Ethereum 2.0, vous devez déposer 32 ETH en “staking”. La décentralisation est facile à maintenir, car le réseau comptera probablement quelques milliers d’opérateurs de validation. Les utilisateurs qui ne sont pas en mesure de mettre en enjeu le seuil minimum peuvent toujours aider le réseau en rejoignant un pool de staking. En échange de leurs services, les opérateurs de validation obtiendront des récompenses basées sur l’ETH.
En fixant une somme de staking plus élevée, un utilisateur peut augmenter ses chances d’être choisi comme prochain opérateur de validation, et donc obtenir plus de récompenses. Au début, les opérateurs recevront un taux annuel maximum de 18,10% sur leurs 32 ETH placés en staking.
La récompense diminuera au fur et à mesure que d’autres opérateurs rejoindront le réseau. Lorsqu’ils fonctionnent à leur pleine capacité, les opérateurs peuvent s’attendre à gagner 1,81% par an.
Le dilemme de l’adaptabilité du réseau ne peut être résolu par la seule preuve d’enjeu, cela dit. Cependant, avec les chaînes sharding, la blockchain Ethereum pourra être réinventée.
Que sont les chaînes de sharding ?
Que faire quand on peut à peine traiter 15 transactions par seconde, alors que le marché en exige des milliers ? Non, on ne crée pas une autre blockchain. On ne baisse pas non plus les bras. Au contraire, on reconnait la nécessité des chaînes de sharding et on trouve un moyen de les déployer.
Pour implémenter le sharding, la blockchain Ethereum sera divisée en 64 chaînes distinctes. Ces dernières font partie du même système routier, mais elles traitent simultanément des transactions différentes tout en restant interopérables.
Les nœuds du réseau n’auront plus à télécharger, calculer et stocker toutes les transactions pour vérifier le trafic entrant. Ainsi, les “shards” allègent la charge du réseau en prenant en charge une partie importante du processus de traitement.
Les chaînes de sharding seront gérées par Beacon Chain, une blockchain de base qui assure le consensus entre ses shard. Chaque bloc de transaction sera signalé à Beacon Chain, qui distribuera ensuite les informations aux autres chaînes, assurant ainsi la continuité.
Selon l’équipe de développement, une fois ETH 2.0 entièrement déployé, il sera possible de soutenir plus de 100 000 transactions par seconde. Avant cela, nous devrions examiner l’impact de cette mise à jour sur le marché des actifs numériques.
L’impact du lancement d’Ethereum 2.0 sur le marché
Tout d’abord, vos tokens ETH et ERC-20 sont en sécurité. La nouvelle mise à jour ne fera que remanier le réseau blockchain d’Ethereum, en laissant intacte la crypto-monnaie qui le compose. Bien entendu, les utilisateurs doivent s’attendre à un impact sur les cours.
À mesure que le réseau s’améliorera, la demande pour l’ETH pourrait augmenter, ce qui entraînerait une hausse de sa valeur. Cela dépend évidemment du bon déroulement de la transition. Bien que statistiquement improbable, un échec aux proportions épiques pourrait rendre Ethereum non viable.
On pense également qu’Ethereum 2.0 fera monter le marché de la DeFi vers de nouveaux sommets. De tels projets nécessitent une infrastructure blockchain fiable, évolutive, décentralisée et sécurisée. Avec la mise à jour, la blockchain d’Ethereum sera probablement considérée comme un complément idéal. Les applications décentralisées auront également accès à des critères de performance améliorés. Bien que de légères perturbations puissent survenir, la compatibilité avec Ethereum 2.0 est garantie.
Quand le déploiement d’Ethereum 2.0 sera-t-il complet ?
Il est risqué de déployer la mise à jour complète dès le départ. Afin de parer tout problème potentiel, l’équipe de développement d’Ethereum a décidé de lancer Serenity par étapes.
- Phase 0 : l’année 2020 a marqué le lancemende Beacon Chain. Cette phase permettra d’enregistrer les opérateurs et de gérer les ETH placés en staking en préparation des prochaines versions.
- Phase 1: en 2021, les développeurs lanceront les chaînes de sharding. Peu de temps après, l’actuel réseau principal actuel sera lui-même converti en shard, finalisant ainsi la transition vers la preuve d’enjeu.
- Phase 2 : prévue après 2021, la dernière phase transformera les shards en chaînes fonctionnelles. Cette phase marquera la fin du processus de mise à jour d’Ethereum 2.0.
En cas de succès, la mise à jour d’Ethereum 2.0 permettra d’assurer la viabilité du réseau de blockchain en déployant des chaînes de preuves d’enjeux et de sharding. Sur ces bases, les projets dApps et DeFi auront accès à une infrastructure évolutive, efficace et sécurisée qui favorisera l’innovation et encouragera l’utilisation de projets de nouvelle génération. L’enthousiasme est réel !
Auteur : Daniel Dob.
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