Les cryptos sont-elles écolos ? L’usage de la blockchain a récemment fait l’objet d’un examen public pour sa prétendue “empreinte carbone élevée”. Luis Adaime, de Moss Earth, soutient ici que les émissions des cryptomonnaies s’avèrent beaucoup plus faibles que ce qui est présenté, et incroyablement faciles à compenser.
En effet, les analystes considèrent les émissions de la blockchain sur une base absolue, ce qui ne fait aucun sens.
Préparez-vous maintenant à lire une nouvelle choquante : les émissions de la blockchain ne sont tout simplement pas un problème.
Il en coûte 0,05 % par an pour compenser la détention de Bitcoin, et beaucoup moins pour les autres chaînes qui utilisent la preuve d’enjeu, telles que Polygon et Celo. Nous estimons que les émissions de carbone des cryptomonnaies par actif sont 5 à 10 fois inférieures à celles du système financier traditionnel.
Les émissions de NFT sont si faibles qu’il devient presque absurde de vouloir les compenser.
Moss a récemment réalisé une étude technique sur les émissions de carbone. Il en est ressorti que les émissions de carbone sont beaucoup plus faibles que ce qui est actuellement présenté au public : l’indice Digiconomist Bitcoin et/ou Ethereum indique une valeur de 237 tCO2 d’un seul BTC miné.
Les cryptomonnaies ne sont pas le diable
Même dans le scénario le plus conservateur, Moss estime que l’empreinte carbone historique d’un seul bitcoin miné est de 10,35 tCO2e. La différence entre les deux s’avère conséquente : l’une des raisons à cela est dûe au fait que Digiconomist ne répartit pas l’impact environnemental entre le minage et les transactions, en plus de ne considérer que le scénario annualisé le plus conservateur possible pour les sources d’énergie.
À mon avis, les médias et les estimations d’émissions précédentes ont fait des erreurs de taille dans leur analyse, à savoir :
Ils estiment que le réseau de minage est aussi polluant que la source la plus dangereuse, ce qui est clairement excessif.
Les études actuelles supposent, par souci de prudence, que l’ensemble de l’industrie du minage Bitcoin émet au niveau du réseau le plus intensif en carbone disponible. Cette hypothèse est excessive et dépassée, car il existe des études qui indiquent que l’utilisation de sources d’énergie durables par l’industrie du minage crypto est devenue assez élevée : 59% en décembre 2021 selon le Bitcoin Mining Council. À titre de comparaison, l’Allemagne, l’une des économies les plus vertes au monde, tire 59% de son énergie de sources renouvelables.
L’industrie du minage crypto est également favorable à un usage maximal des énergies renouvelables, car celles-ci sont devenues les moins chères du réseau dans le monde entier ; la source d’énergie la moins chère actuellement est l’énergie solaire, et des pays comme l’Islande, qui pourraient représenter jusqu’à 8% du minage Bitcoin mondial, sont alimentés à 100% par de l’énergie géothermique (pratiquement sans carbone).
À mesure que l’énergie solaire et les énergies renouvelables deviennent moins chères et plus abondantes, le pourcentage du minage Bitcoin provenant d’énergies renouvelables continuera de croître, ce qui entraînera une réduction de l’empreinte carbone de l’utilisation de la cryptomonnaie.
Concernant les cryptomonnaies, ils ne tiennent pas compte des effets de réseau de la blockchain.
Les estimations actuelles ne considèrent que l’émission de nouveaux actifs par nouvel actif, au lieu de diviser par le nombre total d’actifs en circulation.
Le minage Bitcoin est différent du minage de l’or : le propriétaire marginal et la création de bitcoins créent une utilité pour l’ensemble du système, ce qui n’est clairement pas le cas de l’once marginale d’or.
Ils considèrent les émissions de la blockchain sur une base absolue, ce qui est ridicule.
Des propos tels que “Bitcoin émet plus que la Thaïlande” changent radicalement si le BTC transige 10 dollars ou bien 10 billions de dollars par an. Il faut regarder sur une base par actif ou par dollar transigé. La compensation de Bitcoin, même avec les chiffres actuels d’émissions excessivement surestimés, coûterait 5% par actif.
Je pense qu’il devrait être intuitif pour nous de deviner que la blockchain est moins polluante que les alternatives traditionnelles actuellement en place.
Par exemple, Bitcoin (et de nombreux actifs crypto) fonctionne comme une réserve de valeur. Il est évident que la blockchain sera moins polluante que toute autre réserve de valeur, lesquelles sont presque toutes des actifs physiques et réels.
Dans son étude intitulée “The Carbon Emissions of Bitcoin From an Investor Perspective“, la Frankfurt School estime que pour miner l’équivalent en dollars d’un bitcoin (44 000 dollars à l’heure où nous écrivons ces lignes) en or, les émissions seraient 9 fois plus élevées. En effet, comme toute opération minière physique, il faudrait forer des trous dans le sol, dépenser beaucoup d’argent en camions, en carburant, en explosifs et en électricité pour faire fonctionner les machines.
Il en va de même pour l’immobilier : la construction d’une maison de 44 000 dollars émet 4 à 20 fois plus que le minage d’un bitcoin. Enfin, le système financier traditionnel émet certainement beaucoup plus par dollar de transaction que le BTC ou toute autre alternative de blockchain : pensez à la monnaie fiduciaire. On retrouve la pollution liée à l’impression de l’argent, à son expédition, à l’utilisation de l’électricité pour des millions d’agences bancaires dans le monde… Ensuite, il y a les émissions liées à l’utilisation de carburant par les employés du secteur financier pour se rendre au travail…
Une estimation approximative des émissions du secteur financier mondial est de 1 milliard de tonnes de CO2 par an, rien que pour les activités de bureau. Un calcul plus complet des émissions indirectes via les prêts accordés aux industries à forte intensité de carbone indique un chiffre plusieurs fois supérieur.
Il existe quelque chose de profondément néfaste dans le Royaume des banques centrales…
Enfin, je suggère que nous réfléchissions à la raison pour laquelle le système s’est tant focalisé sur la blockchain. Qui aurait intérêt à nous faire croire à tous que la blockchain pollue énormément ? Le système en place ne mentionne pas, par exemple, notre utilisation d’internet qui, selon la BBC, émet 1,7 milliard de tonnes par an (soit 3,7% des émissions mondiales et 20 fois plus que la blockchain).
Il est clair qu’en utilisant Internet et les e-mails, nous évitons l’émission de milliards de tonnes de CO2 par an ; envoyer un e-mail devrait être comparable à envoyer une lettre, acheter en ligne plutôt que se rendre dans un centre commercial pour faire des achats, etc…
De la même manière, il convient de comparer l’utilisation de la blockchain et ses émissions beaucoup plus faibles par transaction avec les alternatives du monde physique réel, comme la détention d’argent liquide, l’enregistrement des transactions de carbone dans les registres en place ou même l’utilisation de NFT pour les biens immobiliers au lieu de se rendre chez un notaire pour enregistrer une transaction.
Le monde de la blockchain n’est pas plus polluant que n’importe quel autre processus de numérisation : il est simplement nouveau, incompris, et donc attaqué par le système financier traditionnel existant, qui voit peut-être sa propre existence fortement menacée par cette nouvelle technologie.
À propos de l’auteur
Luis Adaime est le cofondateur et directeur général de Moss. Il a travaillé de 2012 à 2019 en tant que gestionnaire de portefeuille et partenaire pour les fonds long-only Latam Equities chez Newfoundland Capital Management. Auparavant, il était directeur général de York Capital Management, et travaillait en tant que gestionnaire de portefeuille pour les investissements de la société en Amérique latine. Avant de rejoindre York, Luis était associé chez BRZ, un fonds spéculatif brésilien, où il a travaillé en tant qu’analyste des matières premières et gestionnaire de portefeuille pour les fonds value et long/short. Luis Adaime a commencé sa carrière en tant qu’associé de recherche sur les institutions financières d’Amérique latine au Crédit Suisse, avant de rejoindre le bureau des opérations pour compte propre de la banque à São Paulo. Il est titulaire d’un diplôme en sciences et ingénierie de la gestion, avec une mineure en économie, de l’université de Stanford, en plus d’être diplômé avec mention de la Phillips Academy d’Andover. Originaire du Brésil, Luis parle couramment l’anglais, le portugais et l’espagnol.
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