Depuis quelques mois, les cryptomonnaies jouissent d’un regain d’intérêt et, grâce à l’adoption de certains pays, deviennent un élément clé de la vie quotidienne des citoyens. Alors que certains reçoivent déjà leur salaire en Bitcoin, sommes nous à l’aube d’une généralisation ? Itai Elizur, COO de MarketAcross, Petr Kozyakov, co-fondateur de Mercuryo, Uldis Teraudkalns, CEO de NextPay ainsi que Charteris Nick et Sendi Young, respectivement directeurs généraux de Crypto.com et de Ripple pensent que les entreprises devraient sérieusement y songer.
Les cryptomonnaies prennent de plus en plus de place dans la société
Au cours des dix dernières années, les cryptomonnaies ont été testées de nombreuses façons. Certains cas d’utilisation ont échoué tandis que d’autres ont été couronnés de succès. Cela a fini par convaincre les plus sceptiques d’adopter les cryptomonnaies tandis que l’utilité de Bitcoin a enfin pu être prouvée. Grâce à cela, les sites d’échange comptabilisent plusieurs milliards de dollars de transactions chaque jour. Convaincu des cas d’utilisation, certains gouvernements ont décidé d’autoriser les paiements en cryptomonnaie et ils sont de plus en plus nombreux à vouloir les essayer, de peur de manquer le coche !
Le succès des cryptomonnaies est également dû à un phénomène de société : dans un monde où tout doit aller vite, la population recherche des paiements numériques, globaux et immédiats, de façon à recevoir de l’argent rapidement. La monnaie fiduciaire telle que nous l’utilisons ne suivant pas le rythme de la technologie et de l’immédiateté dont nous avons besoin aujourd’hui. C’est pour cette raison que de plus en plus de gens optent pour les monnaies numériques : celles-ci sont utilisables dans le monde entier et peuvent fonctionner partout. Elles sont moins chères, plus rapides, plus accessibles et plus sûres.
Une utilisation hésitante malgré de nombreux avantages pour les sociétés
Malgré l’intérêt manifeste que les cryptomonnaies suscitent à travers le monde, leur utilisation est loin de faire l’unanimité. Selon Uldis Teraudkalns, il existe trois catégories de personnes qui ne souhaitent pas avoir affaire aux monnaies numériques :
- Les personnes sous-bancarisées : le réseau bancaire de leur pays n’est pas assez développé et la population n’a pas les connaissances nécessaires pour gérer un portefeuille crypto ;
- Les personnes qui ne veulent pas quitter le système bancaire traditionnel ;
- Les personnes qui souhaitent transférer des fonds d’un portefeuille à l’autre en toute sécurité et rapidement, mais dont les cryptomonnaies ne correspondent pas à leurs besoins.
La plupart des individus ne souhaitant pas utiliser les cryptomonnaies pensent tout simplement que ces dernières représentent un moyen superflu d’effectuer un paiement et préfèrent donc utiliser l’argent traditionnel comme ils l’ont toujours fait. Les stablecoins pourraient éventuellement réconcilier ces personnes avec les monnaies numériques, à condition que celles-ci remplacent efficacement notre système traditionnel.
Les entreprises, pourraient en revanche trouver de larges bénéfices à l’adoption des cryptomonnaies.
Nous avons vu que la blockchain permettait de transférer différentes monnaies d’un endroit du monde à un autre. Les cryptomonnaies peuvent donc remplacer les devises fiduciaires sans avoir besoin de changer de devises et donc d’engendrer d’autres frais. C’est un avantage pour les entreprises qui seront payées plus vite, pourront commercer plus rapidement et donc offrir un meilleur service à leurs clients. Je vois l’utilisation des cryptomonnaies en tant que moyen de paiement digitalisé comme une évolution naturelle des choses. Le développement de la technologie des paiements rapides a été accéléré par la COVID et les cryptomonnaies pourraient en bénéficier pour rendre les transferts immédiats.
Sendi Young lors de la conférence au Paris Blockchain Week Summit
Néanmoins, afin d’être acceptés en douceur par la plupart des sociétés, les tokens ne devraient pas obligatoirement remplacer les billets de banque, mais seulement les compléter.
Nous ne voulons pas remplacer la monnaie fiduciaire. En fait, nous n’en avons même pas besoin. Les cryptomonnaies devraient simplement être des outils pour rendre le système de paiement meilleur : ce sera plus rapide et beaucoup moins cher, surtout pour les entreprises.
Petr Kozyakov lors de la conférence au Paris Blockchain Week Summit
Selon Uldis Teraudkalns, les entreprises utilisant des cryptomonnaies pourraient mener à l’adoption de masse, avec les avantages qui y sont associés.
Les incitations sont le principal moteur du paiement par cryptomonnaie. Aujourd’hui, les commerçants paient une commission à leur banque à chaque fois que quelqu’un les paie par carte. Grâce aux cryptomonnaies, il n’y aura plus de commission à payer. Et plus les commerçants les utiliseront, plus la population s’y intéressera également.
Uldis Teraudkalns lors de la conférence au Paris Blockchain Week Summit
L’adoption de masse doit tout de même s’accompagner d’une véritable éducation de la population afin que celle-ci sache les utiliser en toute sécurité.
Malgré tout, les réglementations ne devraient pas freiner les entreprises d’utiliser les cryptomonnaies
Les réglementations représentent un changement massif pour la crypto sphère et laissent à penser que la technologie sera ralentie une fois celles-ci mises en place. Cela peut arriver mais ce sont les entreprises qui gardent un avantage sur la situation. Si ces dernières utilisent les cryptomonnaies, les banques seront dans l’obligation de s’adapter en donnant davantage de libertés aux devises décentralisées. Malheureusement, les banques considèrent toujours la crypto comme un actif et non comme une méthode de paiement. Parmi elles, Revolut gagne un petit pourcentage de ses revenus par la crypto mais ce n’est pas suffisant pour considérer les établissements bancaires comme véritablement intéressés par l’industrie.
Les réglementations restent également très légères en ce qui concerne les micropaiements. Si un utilisateur achète en ligne et ne transfère pas de très grosse somme à un autre portemonnaie crypto, il ne devrait pas éveiller les soupçons des régulateurs.
Les entreprises peuvent payer leurs employés en crypto si le bon système se développe
Pour l’instant, la cryptomonnaie est encore considérée comme un actif à détenir. Cependant, ces dernières pourront bientôt être utilisées au quotidien avec une carte bancaire et sans étapes supplémentaires nécessaires. La population pourra alors y entrevoir un intérêt et demander aux entreprises de les payer avec des monnaies numériques. Cette situation ne pourra réussir, bien sûr, que si les cryptomonnaies deviennent plus facile à utiliser pour le grand public. Aujourd’hui, certains employés reçoivent déjà leur salaire en cryptomonnaie et convertissent ensuite la somme en argent fiduciaire. Ce phénomène montre que la crypto peut déjà être utilisée comme moyen de paiement et que cette demande existe.
Enfin, si l’on souhaite que la majorité des salaires soient versés en cryptomonnaie, deux problèmes doivent être éliminés :
- La volatilité ne doit plus être un obstacle. Les stablecoins pourraient donc être les monnaies privilégiées par les entreprises tant que les autres coins, comme Bitcoin, ne sont pas viables.
- Le paiement des employés avec de la crypto ne doit pas devenir un casse-tête administratif pour les entreprises ni poser problème pour la comptabilité. Il faut espérer que de nouveaux impôts ne viennent pas casser l’intérêt des sociétés et des salariés pour les monnaies numériques.
L’adoption de la cryptomonnaie comme moyen de paiement des salaires ne se fera donc pas sans une véritable révolution du système, menée par les entreprises comme par leurs employés. La situation étant favorable, nous pourrions bien voir arriver un boom de l’utilisation de la crypto dans le milieu professionnel grâce au développement de la technologie. Les entreprises devraient donc sérieusement songer à prendre leurs dispositions.
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