Vendredi 22 août 2025, tous les regards sont tournés vers les montagnes du Wyoming. Comme chaque été, les banquiers centraux du monde entier se retrouvent à Jackson Hole, lieu devenu mythique pour les annonces monétaires qui marquent durablement les marchés financiers. Mais cette année, l’attente est particulièrement électrique : Jay Powell, président de la Réserve fédérale américaine (FED), doit prendre la parole dans un contexte de croissance mondiale ralentie, de tensions sur l’énergie, de marchés boursiers nerveux et de cryptomonnaies en ébullition.
Nous avons envisagé dix déclarations plausibles que le patron de la FED pourrait prononcer, et qui suffiraient à faire exploser les marchés à la hausse… ou à la baisse. Pour chacune, nous expliquons pourquoi.
1. « Nous estimons que l’inflation est désormais durablement maîtrisée. »
Une telle déclaration serait interprétée comme un signal de fin de cycle restrictif. Les marchés actions s’envoleraient, anticipant une baisse des taux prochaine. Le dollar se déprécierait, soutenant matières premières et cryptos. À l’inverse, les obligations souveraines pourraient souffrir d’un regain d’appétit pour le risque.
2. « Nous sommes prêts à relever les taux plus haut et plus longtemps si nécessaire. »
À l’opposé, une phrase martiale de ce type provoquerait une onde de choc baissière. Les investisseurs qui espéraient une détente monétaire rapide comprendraient que la FED reste inflexible. Le Nasdaq, dopé par l’IA depuis un an, subirait de lourdes prises de bénéfices. L’or et le bitcoin pourraient s’apprécier dans une logique de valeur refuge.
3. « Nous envisageons d’adopter dès l’automne un objectif de 2,5 % d’inflation au lieu de 2 %. »
Changer la cible officielle de la FED, même légèrement, serait une révolution. Les marchés liraient cela comme une tolérance accrue vis-à-vis de l’inflation, ouvrant la voie à des taux plus bas dans la durée. Les indices boursiers grimperaient, mais les obligations pourraient plonger face à ce relâchement.
4. « Le ralentissement de l’économie américaine est plus marqué que prévu. »
Ce constat renforcerait la probabilité de baisses de taux rapides. Les marchés actions réagiraient positivement dans l’immédiat, mais une inquiétude plus structurelle pourrait s’installer : récession en vue ? Les cryptomonnaies, elles, pourraient profiter d’un regain d’intérêt comme actifs non corrélés.
5. « Nous travaillons avec le Trésor sur un cadre réglementaire pour un dollar numérique. »
Une annonce officielle autour d’un dollar digital (CBDC) bouleverserait le paysage monétaire mondial. Les stablecoins privés souffriraient immédiatement, tandis que les marchés actions verraient dans cette initiative une preuve de modernité institutionnelle. Le bitcoin, en revanche, pourrait perdre son attrait « technologique » face à un concurrent officiel.
6. « Nous restons vigilants face aux déséquilibres créés par l’intelligence artificielle dans la productivité et l’emploi. »
Reconnaître l’IA comme facteur macroéconomique serait inédit pour la FED. Les marchés pourraient y voir la confirmation d’une bulle IA, et la volatilité s’accentuerait sur les grandes capitalisations technologiques. Les investisseurs prudents se réfugieraient vers les défensives (santé, énergie).
7. « Nous envisageons des mesures de soutien coordonnées avec la BCE et la Banque du Japon. »
L’idée d’une action monétaire concertée des grandes banques centrales serait accueillie avec euphorie par les marchés mondiaux. Les devises émergentes et les actifs risqués connaîtraient un rallye fulgurant. Mais ce serait aussi un signal que la situation macroéconomique est plus grave qu’on ne l’admet officiellement.
8. « La stabilité financière impose de surveiller de près les marchés crypto et leur rôle systémique. »
Un avertissement ciblé sur les cryptomonnaies provoquerait immédiatement une chute brutale du Bitcoin et de l’Ether, les investisseurs redoutant une régulation américaine accrue. En parallèle, Wall Street pourrait monter, rassuré que la FED veille à limiter les risques de contagion financière.
9. « Nous pourrions réduire notre programme de réduction du bilan plus tôt que prévu. »
Mettre fin au quantitative tightening (resserrement du bilan de la FED) reviendrait à rouvrir les vannes de la liquidité mondiale. Les actions bondiraient, le marché obligataire respirerait, et les devises émergentes se renforceraient. Ce serait une fête générale… mais au prix d’un risque d’inflation renaissante.
10. « Il est prématuré de parier sur une baisse des taux avant 2026. »
Une telle phrase briserait tous les espoirs d’un assouplissement rapide. Les marchés actions corrigeraient violemment, les taux obligataires grimperaient, et le dollar se raffermirait face à l’euro et au yen. Les seuls actifs gagnants seraient probablement l’or et l’argent, valeurs refuges par excellence.
Entre espoir et crainte : pourquoi Jackson Hole compte tant
Chaque mois, la FED publie des minutes, des projections économiques, et ses responsables donnent des interviews. Mais Jackson Hole occupe une place à part. C’est le moment où la banque centrale américaine esquisse sa vision de long terme, au-delà de la simple gestion trimestrielle des taux.
Les marchés savent qu’une formule lapidaire prononcée ici peut entrer dans l’histoire : rappelons Ben Bernanke en 2010 ouvrant la voie au « QE2 », ou encore Janet Yellen en 2016 évoquant la résilience américaine. Depuis, traders et économistes scrutent chaque mot, chaque inflexion, chaque hésitation.
Scénario haussier : euphorie de liquidité
Si Powell confirme la victoire sur l’inflation (scénario n°1), annonce une coopération mondiale (n°7) ou prépare un relâchement du bilan (n°9), Wall Street pourrait connaître un rallye historique de fin d’été. Dans ce cas, le S&P 500 pourrait franchir de nouveaux sommets, l’Ethereum profiterait de flux spéculatifs, et les obligations corporates high yield seraient recherchées.
Scénario baissier : le couperet de la rigueur
À l’inverse, si Powell insiste sur une politique « plus haut, plus longtemps » (n°2) ou ferme la porte à toute baisse de taux avant 2026 (n°10), les marchés se retrouveraient face à une douche froide. Le Nasdaq, surévalué après deux ans de boom IA, plongerait en tête. Les devises refuges comme le franc suisse ou le yen pourraient s’apprécier brutalement.
Entre les deux, une nouvelle ère monétaire ?
Certaines déclarations, plus nuancées (n°3 sur la cible d’inflation, n°5 sur le dollar numérique, n°6 sur l’IA), ouvriraient plutôt une période d’incertitude créative : les investisseurs hésiteraient entre optimisme et prudence, et la volatilité resterait la grande gagnante.
Conclusion
En somme, dix phrases suffiraient à enflammer Wall Street et les places mondiales. À Jackson Hole, ce vendredi 22 août 2025, Jay Powell ne se contentera pas de parler aux banquiers centraux : il parlera au monde entier, aux traders de New York comme aux mineurs de bitcoin en Asie, aux gérants de fonds souverains comme aux petits porteurs.
Chaque mot sera disséqué, amplifié, exagéré par des marchés hypersensibles. Qu’il annonce la fête ou la rigueur, Powell sait qu’il est, l’espace d’un discours, l’homme le plus puissant du monde économique.
La morale de l’histoire: Le poids des mots, le choc des taux.
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