Il y a quelques semaines, le président Donald Trump a accordé une grâce présidentielle au fondateur de Binance, Changpeng Zhao (CZ), effaçant ainsi sa condamnation pour blanchiment d’argent. Cependant, Trump a affirmé au média 60 Minutes qu’il ne connaît pas le milliardaire dirigeant de la crypto.
Cette grâce controversée a déclenché une forte réaction politique, des sénateurs démocrates demandant une enquête fédérale sur d’éventuels conflits d’intérêts liés aux activités crypto de la famille Trump.
SponsoredLa grâce controversée de Trump
Lors d’une interview pour 60 Minutes à Mar-a-Lago, Trump a défendu sa décision d’accorder la grâce à CZ. Bien que la condamnation fédérale ait été effacée, Trump a nié tout lien personnel avec le fondateur de Binance et a décrit les poursuites comme une “chasse aux sorcières de Biden”.
« Je ne sais pas qui c’est. Je sais qu’il a eu une peine de quatre mois ou quelque chose comme ça. Et j’ai entendu dire que c’était une chasse aux sorcières de Biden », a rapporté le média TradFi, citant Trump.
La condamnation de CZ en 2023 était liée à l’incapacité de Binance à mettre en place des contrôles de lutte contre le blanchiment d’argent qui, selon les procureurs américains, avaient permis à des groupes terroristes de transférer des fonds. Il a purgé une peine de quatre mois de prison et payé une amende de 50 millions de dollars, tandis que Binance a payé une pénalité record de 4,3 milliards de dollars.
La grâce restaure les droits civils de CZ et sa possibilité d’entrer aux États-Unis, bien que des restrictions réglementaires l’empêchent encore de tenir des rôles de direction chez Binance pendant plusieurs années.
Interrogé sur de possibles liens entre la grâce et les activités crypto de sa famille, Trump a déclaré que ses fils “sont dans l’industrie crypto” mais “ne sont pas des fonctionnaires gouvernementaux”.
World Liberty Financial, l’entreprise liée à Trump et dont le stablecoin est disponible sur Binance, a nié toute implication dans la décision d’accorder cette clémence.
Sponsored SponsoredUn accord de 2 milliards de dollars de Binance soulève des inquiétudes
Le timing de la grâce accordée à CZ a suscité l’attention lorsque des rapports ont révélé un partenariat de 2 milliards de dollars entre Binance et World Liberty Financial plus tôt cette année.
En effet, selon les enquêteurs du Congrès, Binance a soutenu le lancement du stablecoin USD1 de l’entreprise, attirant d’importants investissements émiratis quelques semaines avant la grâce de Trump.
Les législateurs ont noté que Trump avait récemment soutenu une législation pro-stablecoin, soulevant des préoccupations quant à de potentiels conflits d’intérêts. Un rapport du House Committee américain a cité d’éventuelles irrégularités dans les réserves d’USD1, les canaux de financement étrangers, et les transactions d’initiés impliquant des entités affiliées à Trump.
Sponsored SponsoredLes critiques soutiennent ainsi que la grâce de CZ compromet la responsabilisation dans le secteur des actifs numériques et envoie « un message dangereux selon lequel le crime financier peut être excusé par l’influence politique ».
Les législateurs demandent une enquête fédérale
Sept sénateurs démocrates, dirigés par Elizabeth Warren et Bernie Sanders, ont demandé une enquête fédérale sur cette grâce, alléguant un abus de pouvoir exécutif. Par ailleurs, la résolution 466 du Sénat, proposée par Warren, condamne la décision comme « une menace pour l’intégrité financière et la confiance du public », bien que les républicains du Sénat l’aient bloquée.
En réponse, l’équipe juridique de CZ a menacé de poursuivre Warren pour diffamation. Le bureau de Warren a cependant défendu ses remarques, affirmant qu’elles étaient basées sur les conclusions du DOJ et protégées par le Premier Amendement en tant que discours politique.
Ray Youssef, PDG de NoOnes, a par ailleurs déclaré à BeInCrypto que Binance était devenu « un instrument du pouvoir américain » après son accord avec le DOJ.
Sponsored“Binance n’est pas le CCP, les gars. CZ s’est aligné avec l’Oncle Sam, et la famille Trump. Ce sont maintenant eux qui dirigent Binance”, a affirmé Youssef.
Il a soutenu que les régulateurs américains contrôlent bel et bien l’exchange via des moniteurs nommés par la cour, ajoutant, “c’est pour cela qu’il y a un KYC toutes les deux semaines. L’Oncle Sam dirige Binance.”
Les comités du Congrès préparent des assignations à comparaître relatives à la grâce et à l’accord de 2 milliards de dollars entre Binance et la famille Trump.
L’enquête pourrait ainsi redéfinir comment l’influence politique interagit avec la régulation crypto, et déterminer si l’implication croissante de Washington dans les actifs numériques a effectivement brouillé la ligne entre politique et profit.
La morale de l’histoire : Les plus intéressés ne confessent jamais leur intérêt.
