Scandale Tether : Entre des propriétaires avec des parcours plutôt atypiques et une structure opaque, le journal américain Wall Street Journal a livré des révélations choquantes sur l’un des géants de l’univers de la crypto. Serait-on en train d’assister à un nouveau FUD concernant les stablecoins ? Quels sont les potentiels risques pour le marché des cryptomonnaies ?
Tether : Une histoire pas très catholique
Tether fait partie des rares entreprises de l’univers de la crypto qui ont, tant bien que mal, su se maintenir à flot malgré le contexte du bear market. S’il est vrai que son stablecoin, l’USDT, a perdu son ancrage au dollar à quelques reprises (en mai et novembre 2022), il reste quand même un actif généralement sûr avec des volumes d’échange qui atteignent plus de 60 milliards de dollars en données hebdomadaires.
Cependant, l’histoire des fondateurs de Tether et sa structure de gestion plantent quelques doute sur la fiabilité de la société. D’après un rapport de Wall Street Journal, ses propriétaires ne seraient pas des individus issus du monde de la finance, ni même du milieu technologique. En effet, Tether aurait été créé par un plasticien chirurgien d’origine italienne, Giancarlo Devasini, et un acteur de film pour enfants, Brock Pierce, en 2014.
Pierce a toutefois quitté l’entreprise en 2018 et a abandonné toutes ses parts de Tether. Des documents datés de la même année indiquent que Giancarlo Devasini possédaient alors 43 % de la société. Ce dernier serait également membre de la direction de l’exchange crypto Bitfinex.
Dans la même veine, deux autres des plus grand actionnaires de l’entreprise, Jean-Louis van Der Velde (15 % des parts de Tether) et Stuart Hoegner (15 % des parts), sont respectivement PDG et avocat en chef de Bitfinex.
En dernier lieu, il y a l’homme d’affaires britannico-thaïlandais, Christopher Harborne, qui possède 13% des actions de Tether. Au total, 4 personnes détiennent 86% des parts de la société derrière le plus gros stablecoin du marché crypto.
Le journal américain a également révélé des informations étonnantes sur l’octroi des prêts de la société.
« Tether a fait des prêts avec du tether. Au lieu d’échanger un tether contre une autre monnaie valant 1 dollar, il prêtait des tether à des entités qui promettaient de payer 1 dollar pour chaque tether. »
peut-on lire dans l’article de WSJ
La direction de Tether réplique au rapport
Paolo Ardoino, CTO de Tether a réagit à l’article réalisé par les journalistes du Wall Street Journal en déclarant sur son compte Twitter :
« Plus il y a d’articles de clowns, plus Tether grandit. Les gens comprennent que Tether représente la liberté et l’inclusion. Cela bouleverse les MSM. »
Cependant, le rapport du WSJ renforce les préoccupations des investisseurs quant à la centralisation de Tether mais également sur ses réserves. Beaucoup doutent sur la totalité des réserves en espèces détenues par la compagnie. Pourtant, suivant ce qu’on peut voir sur le site de Tether, 82,45% de ses réserves sont constituées d’espèces, d’équivalents d’espèces et d’autres dépôts à court terme et papier commercial. Des prêts garantis (9,02%), obligations d’entreprise, fonds et métaux précieux (4,69 %) ainsi que d’autres placements (3,85 %) complètent le portefeuille de réserves de Tether.
L’USDT résiste
Le rapport de WSJ n’a eu aucun impacts sur la valeur de l’USDT. Au moment d’écrire cet article, le stablecoin s’échange à 1,00 $, soit exactement à sa valeur de parité au dollar. Cependant, si l’USDT viendrait à perdre son ancrage au dollar, cela pourrait avoir de graves conséquences sur l’univers de la crypto compte tenu du poids du projet. Il s’agit en effet de la troisième cryptomonnaie en termes de valeur derrière le Bitcoin et l’Ethereum.
Toutefois, il n’y a pas vraiment eu de FUD autour du stablecoin après le rapport du journal américain. On constate que l’USDT arrive en effet à maintenir son niveau d’échanges journaliers au cours de ces 7 derniers jours.
Morale de l’histoire : A bon chat, bon rat ! Tether ne se laissera pas détruire par les médias traditionnels.
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