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Crypto-criminalité : les chiffres seraient-ils plus grands qu’annoncé ?

5 mins
Mis à jour par Matias Calderon
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EN BREF

  • Chaque année, de nombreux rapports concernant la part des actions criminelles au sein de la crypto sphère sont rendus publics.
  • Cependant, de nombreux facteurs peuvent fausser les chiffres annoncés.
  • Néanmoins, les futures régulations pourraient changer la donne sur du long terme.
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Bête noire de l’industrie et cauchemar des investisseurs, la crypto-criminalité est scrutée de toute part. Malgré tout, il semblerait que son étendue soit différente de ce qui a été annoncé jusqu’à maintenant.

La teneur de la crypto criminalité est difficile à évaluer

Chaque année, le pourcentage de crypto criminalité est étudié afin de donner un indicateur aux grandes organisations financières. Lors d’un rapport survenu fin 2021, il a été révélé que le taux de crimes liés à l’industrie a augmenté de près de 78% au cours de l’année. Malgré tout, une étude plus récente effectuée par Chainalysis a confirmé que le pourcentage d’activités frauduleuses au sein de la blockchain ne dépassait pas les 0,15% des transactions, soit une activité en baisse par rapport aux quelques 3,3% annoncés deux ans auparavant. Un fait qui a encore été relayé il y a quelques jours par Changpeng Zhao, qui a affirmé sur son compte Twitter que les cryptomonnaies restaient plus fiables que les devises traditionnelles.

Source : compte Twitter de Changpeng Zhao

Mais, dans les faits, la situation est peut-être différente. En effet, afin d’évaluer le véritable pourcentage de crypto criminalité dans le monde, plusieurs activités sont à prendre en compte, en particulier les suivantes :

  • Les vols de crypto et autres arnaques visant à dérober des actifs par des moyens divers et variés
  • Le piratage et le détournement de données
  • Les transactions criminelles
  • Le financement d’actions terroristes
  • D’éventuelles activités sur le dark web

Ces différents actes frauduleux sont très difficiles à évaluer, d’autant plus que tous les utilisateurs qui en sont les victimes ne les signalent pas aux autorités. Le chiffre exact des arnaques circulant au sein de la crypto sphère et en particulier le pactole récolté par leurs auteurs pourrait donc être supérieur aux 364 millions de dollars annoncés par Chainalysis fin 2021.
Selon le site web Nasaq, la mauvaise évaluation des chiffres est particulièrement présente au sein des régulateurs qui font circuler des taux différents à chaque discours.

Il y a étonnamment peu de consensus sur l’ampleur de la criminalité cryptographique. Il est presque certain que les dollars annoncés soient plus petits que les sommes réellement impliquées. […] Dans un discours récent qui critiquait l’industrie en la comparant à un Far West anarchique, Fabio Panetta de la Banque Centrale Européenne a cité un large éventail de chiffres pour l’activité cryptographique illicite, allant de moins de 1% à jusqu’à la moitié de toutes les transactions virtuelles.

Extrait de l’article de Nasaq abordant les chiffres de la crypto criminalité

De trop nombreuses zones d’ombre dans l’évaluation de la crypto criminalité

La raison d’une mauvaise évaluation des chiffres réside dans le silence des investisseurs abusés mais également dans le fonctionnement même de la blockchain qui offre une certaine discrétion à ses utilisateurs. Le traçage n’est donc pas toujours évident, d’autant plus que les sites d’échange ne divulguent par encore les informations de leurs clients et que les portefeuilles non hébergés ne sont pas encore contrôlables. D’autres, toujours selon Nasaq, utilisent des données trop anciennes pour être pertinentes.

Quoi qu’il en soit, très peu d’études sont réalisées en englobant la totalité des activités illicites et tous les organismes responsables de leur élaboration, comme Chainalysis, pourraient laisser de nombreuses zones d’ombre de côté. De quoi nous confirmer que les évaluations seraient moins fiables qu’on ne le pense et que, là aussi, la crypto criminalité pourrait être bien plus répandue.

Néanmoins, la crypto sphère compte moins de crimes que les monnaies fiduciaires

Bien que les arnaques restent très présente au sein de l’industrie, il semblerait que contrairement aux idées reçues, la blockchain n’est pas utilisée à des fins frauduleuses. Selon une étude réalisée par le Bureau National des Rapports Economiques du Royaume-Uni, la majorité des transactions de Bitcoin dans le monde ne sont pas effectuées pour des raisons monétaires.

90% du volume nominal des transactions sur la blockchain Bitcoin n’est pas lié à des activités économiquement significatives, mais qu’il s’agit d’un sous-produit de la conception du protocole Bitcoin ainsi que de la préférence de nombreux participants pour l’anonymat. Comme la blockchain Bitcoin est un grand livre public, tous les flux de paiement entre les adresses sont parfaitement observables. Par conséquent, de nombreux utilisateurs de bitcoins adoptent des stratégies destinées à empêcher le traçage des flux de bitcoins en déplaçant leurs fonds sur de longues chaînes d’adresses multiples et en répartissant les paiements entre elles, ce qui donne lieu à un grand nombre de transferts de fonds.

Extrait de l’étude du Bureau National des Rapports Economiques

Bonne nouvelle pour la crypto sphère : la plupart des utilisateurs de la blockchain sont donc des passionnés et non les criminels craints par le monde de la finance internationale. Si l’ensemble des activités criminelles au sein de l’industrie ne représenterait pas moins de 14 milliards de dollars détournés, nous pouvons tout de même nous rassurer : les fraudes en tous genres représentent une minorité et remettent en question le discours de Fabio Panetta. De plus, selon une étude de l’ONU, la criminalité liée aux monnaies fiduciaires représenterait 800 à 2000 milliards de dollars, soit un plus de 2% du PIB mondial. Une situation qui dépasse totalement l’estimation la plus folle concernant la crypto sphère !

Les régulations pourraient changer la donne pour la crypto sphère

Les régulations, sur toutes les lèvres des passionnés de cryptomonnaies en ce moment, pourraient avoir quelques avantages. En obligeant les sites d’échange à garder un œil sur les activités de leurs clients, nous pourrions avoir une estimation plus exacte de la part des activités criminelles au sein de l’industrie. Les prochaines études pourraient faire des heureux s’il s’avérait que les activités criminelles étaient plus faible qu’estimées précédemment… et peut-être donner du fil à retordre à la crypto sphère, si le chiffre était au contraire plus grand. Néanmoins, les grandes figures de la crypto sphère, telle que CZ, semblent faire confiance aux passionnés et ne doutent pas un instant que le marché de la blockchain puisse être gangréné par les fraudeurs.

Autre bonne nouvelle, la surveillance des transactions pourrait aider l’industrie à lutter contre la criminalité et donc rassurer la population hésitante, en contribuant potentiellement à la hausse de nouveaux intéressés. Les réglementations pourraient alors être généralisées et minimiser le risque de fraude.

Les régulateurs et les bourses examinent ou exigent de plus en plus souvent des normes de lutte contre le blanchiment d’argent, de capitalisation, de protection des consommateurs et de cybersécurité. Certaines monnaies, comme Zcash, déclarent publiquement qu’elles respectent les normes mondiales de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, y compris les recommandations du Groupe d’Action Financière Internationale actualisées en 2019. Enfin, malgré l’attrait perçu des crypto-monnaies à des fins de blanchiment d’argent, il convient également de noter qu’on estime que 99 % des transactions en crypto-monnaies sont effectuées par le biais d’échanges centralisés, qui peuvent être soumis à une réglementation LAB/CFT similaire à celle des banques ou échanges traditionnels.

Extrait de l’étude de l’organisation Rand Corporation sur l’utilisation de Zcash dans les activités illicites

Malgré leur importance grandissante, les cryptomonnaies doivent encore faire leurs preuves pour convaincre les gouvernements et la population de lui accorder une place. L’étendue de la blockchain est, pour l’instant, trop grande pour pouvoir évaluer exactement la part de criminalité imputable à la crypto sphère. De nombreux acteurs de l’industrie montrent déjà patte blanche et l’arrivée prochaine des régulations pourra nous confirmer si les prochaines évaluations de la crypto criminalité auront pu être contenus grâce à elles.

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Laure Elizabeth Iacoucci
Après avoir parcouru le monde en tant qu'artiste, Laure Elizabeth a décidé de se poser et de se plonger dans le monde de la cryptomonnaie. Basée en France, diplômée de l'Université de Strasbourg et de l'Université Paris 8, elle a mis les pieds dans la crypto en 2017 et, depuis, n'a jamais cessé de faire partie de l'aventure. Avec plusieurs années d'expérience dans le journalisme et la traduction dans différentes langues à son actif, elle se consacre désormais à informer le public des...
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