Michael Saylor, le PDG de MicroStrategy, a une idée pour sauver Twitter des spambots et autres mauvais acteurs et il veut que vous le sachiez.
Michael Saylor, le PDG de la société software MicroStrategy, est devenu l’un des principaux maximalistes de Bitcoin en 2020, lorsque MicroStrategy a commencé à constituer ses réserves de BTC. À titre personnel, le célèbre milliardaire a acheté plus de 17 000 BTC à moins de 10 000 $ chacun.
Actuellement, MicroStrategy est toujours en tête du podium des entreprises détentrices de Bitcoin, juste avant Tesla. Mercredi 18 mai, lorsque Bitcoin est passé en dessous de 30 000 $, l’action de MicroStrategy est tombée à 165 $.
L’idée de la “coche orange”
La “coche orange” est une idée que M. Saylor étudie depuis au moins 2021, lorsqu’il a proposé pour la première fois d’utiliser le Lightning Network de Bitcoin pour “vérifier” les comptes Twitter. Plus précisément, M. Saylor suggère d’utiliser des coches oranges sur les profils Twitter pour faire la distinction entre les robots et les humains.
À au moins cinq reprises, il s’est publiquement adressé à Elon Musk au sujet de son projet. Il a également envoyé des messages à des personnes comme le PDG de Twitter, Parag Nawal, Cameron Winklevoss et Jordan Peterson, entre autres.
Cependant, M. Saylor n’a jamais détaillé le fonctionnement du processus de vérification qu’il imaginait, et pendant un certain temps, il semblait avoir abandonné son idée.
Début 2022, il a enfin décidé de sortir son projet des oubliettes et de le partager non seulement avec Twitter, mais avec tout le monde.
Concrètement, ce projet obligerait les utilisateurs de Twitter à payer 20 $ par le biais du Lightning Network de Bitcoin. En contrepartie, ils recevraient une coche orange à côté de leurs noms afin de prouver que leurs comptes sont vérifiés.
Cependant, si une personne ayant une coche orange sur son profil agissait de façon inappropriée, l’équipe de modération de Twitter garderait les 20 $ déposés en guise de sanction. M. Saylor estime que le risque de perdre ce dépôt empêcherait les spammeurs et autres acteurs malveillants de se comporter de manière inappropriée.
En théorie, les choses ne semblent pas si mal. Mais en réalité, n’importe quel spécialiste vous dira que le projet de Michael Saylor est une mauvaise idée et qu’il ne fonctionnera jamais comme prévu.
Les utilisateurs ne peuvent pas faire confiance au processus de modération de Twitter
Il existe mille et une raisons pour lesquelles ce projet de “coche orange” ne fonctionnera pas. La première est qu’il déséquilibre le pouvoir. Nous n’avons pas besoin d’un expert pour comprendre qu’un dépôt de 20 $ donnerait davantage de pouvoir aux modérateurs anonymes de Twitter, tout en créant des risques supplémentaires pour les utilisateurs ordinaires.
Pour ceux d’entre vous qui n’ont jamais été confrontés au système de modération de Twitter, laissez-moi vous expliquer comment cela fonctionne.
Lorsque Twitter vous considère comme “coupable” d’une infraction, vous avez deux choix :
- Reconnaître vos torts et subir la sanction décidée par l’équipe de Twitter.
- Contester la décision et attendre un processus d’arbitrage encore plus long que la durée de suspension, puis être à nouveau “prononcé coupable” et subir une deuxième sanction encore plus sévère, seulement pour avoir contesté la première.
D’après mon expérience, le processus de modération est une guerre étrange, et il est peu probable qu’il implique une intervention humaine intelligente.
Par exemple, un jour, j’ai été accusé d’avoir enfreint les règles d’automutilation de Twitter, ce parce que j’ai dit en plaisant que j’allais faire un seppuku (rituel de suicide au japon) pour une petite erreur que j’ai commise. Après avoir expliqué que je ne suivais pas Bushido, que je ne vivais pas dans le Japon féodal, que je n’étais pas suicidaire et que je ne possédais pas d’épée de samouraï, l’équipe de modération de Twitter a revu son verdict clairement injuste, mais m’a déclaré à nouveau coupable.
Maintenant, si j’avais déjà payé les 20 dollars proposés par M. Saylor, les modérateurs de Twitter auraient-ils été plus ou moins sympathiques avec moi ? Je dirais moins.
Pour dire les choses simplement, ces coches orange permettraient à Twitter de profiter de la misère des utilisateurs ordinaires de la communauté crypto de Twitter, et l’encourageraient à négliger les plaidoyers d’innocence.
Il doit bien y avoir une raison pour laquelle les modérateurs ne reçoivent pas de primes lorsqu’ils sanctionnent les utilisateurs.
Signaler à tort des publications “offensantes”
Que ce soit dans la guerre qui oppose l’aile gauche à l’aile droite, ou simplement lors des débats animés des utilisateurs ordinaires sur des sujets polémiques, les règles de modération de Twitter ne sont pas toujours équitables, surtout, lorsque des groupes opposés tentent de signaler à tort un “poste offensif” que “l’ennemi” a publié.
En effet, les personnes qui “signalent à tort” la publication d’un adversaire le font dans le but de lui supprimer l’accès au réseau social. Si on applique l’idée de Michael Saylor, cela donnerait aux utilisateurs une nouvelle arme et un nouveau mécanisme pour nuire financièrement à leurs adversaires.
Ainsi, plutôt que d’empêcher les mauvais comportements, les coches oranges ne feront que les exacerber. En d’autres termes, toute personne ayant une coche orange constituerait une victime potentielle.
Ce prix est-il justifié ?
L’idée de base de la proposition de Michael Saylor est que son système ferait fuir les spammeurs et autres mauvais acteurs. Le problème est que contrairement aux utilisateurs ordinaires, ces acteurs malveillants utilisent les réseaux sociaux à des fins lucratives.
Combien de messages un arnaqueur doit-il publier pour se construire une bonne réputation ? Je ne sais pas, mais n’est-il pas plus simple pour lui de payer 20 $ pour gagner en crédibilité et mener tranquillement ses stratagèmes ?
Après avoir gagné de la “légitimité” avec leurs coches oranges, les escrocs ne pourraient-ils pas chercher à tirer parti de cette crédibilité acquise pour exécuter leurs scams ? Je vous laisse deviner la réponse.
Et Elon Musk dans tout cela ?
Qu’en est-il d’Elon Musk ? Son acquisition de Twitter n’invalidera-t-elle pas les éléments substantiels de mon argumentation ? La réponse est non.
Même si Twitter change considérablement avec la prise de contrôle de M. Musk, les inconvénients de l’idée de Michael Saylor restent les mêmes. Les pouvoirs resteront déséquilibrés et les utilisateurs ordinaires devront mettre 20 $ en jeu. Tout cela peut vous sembler acceptable, jusqu’au moment où vous perdez vos premiers 20 $.
Seriez-vous prêt(e) à relancer les dés ?
Grâce à son soutien de Bitcoin et Dogecoin, M. Musk est devenu une grande personnalité de la crypto-sphère. Cependant, il ne s’est toujours pas attaqué aux vrais défis de ce secteur. Jusqu’à présent, l’homme le plus riche du monde ne s’est préoccupé que de simples problèmes quotidiens comme créer des voitures autonomes ou envoyer des gens dans l’espace.
Si M. Musk finalise son achat de Twitter, il devra peut-être commencer à travailler pour gagner sa vie.
Imaginez ce que vous ressentiriez si M. Musk vous “volait” vos 20 $ pour une infraction mineure (épinglée à tort) par Twitter ? Vous vous sentirez mal et M. Musk le sait très bien.
Cela n’en vaut pas la peine
M. Saylor est l’un des plus grands défenseurs de Bitcoin. J’ai beaucoup d’admiration pour son engagement. C’est pour cette raison que je voudrais qu’il cesse de me décevoir avec son terrible projet.
Michael Saylor, avec tout le respect que je vous dois, voici mon message pour vous :
S’il vous plaît, arrêtez de promouvoir votre terrible projet Twitter/Bitcoin. Cette coche orange n’en vaut tout simplement pas la peine.
Avis de non-responsabilité
Avis de non-responsabilité : conformément aux directives de The Trust Project, cet article d’opinion présente le point de vue de l’auteur et ne reflète pas nécessairement les opinions de BeInCrypto. BeInCrypto s’engage à fournir des informations transparentes et à respecter les normes journalistiques les plus strictes. Les lecteurs sont invités à vérifier les informations de leur propre chef et à consulter un professionnel avant de prendre des décisions sur la base de ce contenu.