L’expression « debasement trade » s’est imposée comme un récit proéminent dans la crypto. L’idée consiste à sortir des actifs garantis par l’État, comme les obligations ou les monnaies fiduciaires, pour se tourner vers des actifs « durs » comme l’or ou Bitcoin.
Matt Hougan, CIO de Bitwise, a récemment indiqué sur X que la thèse du debasement trade prend de l’ampleur et restera populaire jusqu’en 2026. De quoi s’agit‑il exactement, et pourquoi ce thème s’impose‑t‑il maintenant ?
Qu’est-ce que la théorie du trading de “débasement” dans Bitcoin
La théorie du « debasement trade » appliquée à Bitcoin désigne le fait que des investisseurs achètent Bitcoin pour se protéger de l’érosion de la valeur des monnaies fiduciaires.
SponsoredÀ mesure que les gouvernements étendent la masse monétaire par l’endettement et les mesures de relance, chaque unité de monnaie perd du pouvoir d’achat. Ce phénomène est appelé dépréciation monétaire.
L’offre fixe de Bitcoin, limitée à 21 millions de pièces, et son indépendance vis‑à‑vis des banques centrales en font une couverture attrayante contre cette érosion.
Dans cette optique, Bitcoin agit comme un « actif dur numérique », à l’image de l’or. Il préserve la valeur lorsque la confiance dans la monnaie traditionnelle s’effrite.
Cette stratégie a gagné du terrain à mesure que la dette mondiale grimpe et que les craintes d’inflation persistent. Elle permet aux investisseurs d’intégrer Bitcoin dans une stratégie plus large de protection du patrimoine contre la dilution monétaire.
Incertitude croissante
Satoshi Nakamoto a créé Bitcoin en réaction à la crise financière de 2008. Son bloc de genèse, lorsque le réseau a été mis en service en 2009, contenait un message faisant référence aux sauvetages bancaires.
Ainsi, malgré le mystère entourant le ou les fondateurs de Bitcoin, il ne fait guère de doute que la cryptomonnaie a été conçue comme un remède au chaos de la finance traditionnelle.
Sponsored Sponsored« Je pense que la thèse fondamentale de BTC a toujours été une variante du debasement trade », déclare Andrew Tu, dirigeant du teneur de marché crypto Efficient Frontier. « Dès le bloc de genèse, où Satoshi évoque le sauvetage des banques. »
Dans l’ensemble, les marchés financiers réagissent vivement à la politique américaine. C’est ce qui explique leurs revirements abrupts, parfois au gré des humeurs de l’administration Trump.
Le dernier krach du 10 octobre, lié aux craintes de hausses de droits de douane, en est l’illustration. La reprise a toutefois été presque aussi rapide.
Avec un peu de recul, le cours de Bitcoin a grimpé de 50 % sur un an, malgré la volatilité hebdomadaire.
La dépréciation monétaire est-elle haussière ou baissière pour les traders crypto ?
Le terme « dépréciation monétaire » est assez lourd, de quoi inquiéter les acteurs de marché.
Cependant, il sert peut‑être davantage de récit pour des marchés chahutés, souvent au gré des décisions des responsables américains ou d’événements mondiaux.
SponsoredCeux qui scrutent les marchés au quotidien peuvent avoir une lecture différente de la dépréciation, privilégiant un sentiment plutôt baissier.
« Malgré toutes les incertitudes, et alors que des économistes jugeaient une récession et/ou un marché baissier extrêmement probables en 2023, très probables en 2024, et une chance sur deux en 2025 », note Jeff Emrby, associé gérant de Globe 3 Capital. « Il est trop tôt pour trancher pour l’instant, mais nous nous attendons à qualifier 2026 de nouvelle année de marché haussier. »
Si l’idée du « debasement trade » devient un thème largement commenté en 2026, comme le prévoit Hougan de Bitwise, les croyants de longue date de Bitcoin n’en seront pas surpris.
On parlait autrefois d’être « libertarien » ou « cypherpunk ». Ce n’était pas vraiment à la mode à l’époque, et cela nourrissait l’esprit contre‑culture de Bitcoin jusqu’en 2016 environ. Cela pourrait désormais être à la mode.
« C’est en grande partie le socle même de la proposition de valeur de Bitcoin », déclare Witold Smieszek, directeur des investissements chez Paramount Digital. « À ce titre, rien de neuf pour l’ancienne garde entrée dans la crypto par un mélange d’économie et de valeurs cypherpunk. »
Rotation de Bitcoin
Les investisseurs potentiels dans la crypto disposent aujourd’hui de bien plus d’options qu’à l’époque cypherpunk, quand seul Bitcoin était disponible.
Sponsored SponsoredLa multiplication des Layer-1 et un cadre réglementaire plus favorable ont poussé des entreprises à s’intéresser à diverses chaînes, ce qui pourrait se traduire par des hausses de valeur considérables pour les jetons sous‑jacents.
Mais c’est sans doute Bitcoin qui colle le mieux au récit de la dépréciation monétaire.
« BTC, avec son plafond d’offre strict, a toujours été perçu par les Bitcoiners comme une couverture contre le système fiduciaire actuel », estime Tu d’Efficient Frontier.
Depuis la création monétaire liée à la pandémie en 2020, la masse monétaire M2 totale, qui regroupe les liquidités et leurs équivalents, est passée d’environ 15 000 milliards de dollars à plus de 20 000 milliards de dollars.
La profusion d’argent bon marché a entraîné une rotation vers Bitcoin et dopé le cours de Bitcoin — il avait touché un plancher de 4 000 dollars pendant les confinements de 2020. Mais cela n’exclut pas une rotation inverse face à d’autres événements macroéconomiques.
La volatilité n’a rien d’amusant pour les détenteurs de crypto inexpérimentés, mais elle fait le bonheur des traders : le volume quotidien de Bitcoin sur l’ensemble des exchanges atteint 17 milliards de dollars, selon l’agrégateur de données Newhedge.
« Si le marché s’effondre parce que la bulle de l’IA éclate, ou autre, alors il y a de fortes chances que le BTC, l’ensemble du marché crypto et, probablement, l’or s’effondrent eux aussi à court terme — avant une surperformance à moyen terme », a ajouté Andrew Tu d’Efficient Frontier.
La morale de l’histoire : Une baisse ne l’est jamais pour tous.