Le prochain halving Bitcoin, qui réduira de moitié les récompenses de minage, est considéré comme un événement haussier. Mais, pour mettre toutes les chances de leur côté, les entreprises de minage Bitcoin devront investir dans des équipements plus puissants.
Qui dit halving Bitcoin, dit augmentation de la difficulté de minage. En d’autres termes, les mineurs devront dépenser plus d’énergie pour pouvoir prétendre à des récompenses.
L’histoire du minage Bitcoin a commencé lorsque la blockchain Bitcoin a collecté suffisamment de transactions pour pouvoir remplir son premier bloc. Au début, un simple ordinateur pouvait déterminer le hachage du bloc et gagner ce que l’on appelle une récompense de bloc.
Cependant, au fur et à mesure que de nouveaux mineurs rejoignaient le réseau, l’algorithme rendait la résolution des blocs plus difficile. C’est à ce moment-là que les mineurs ont commencé à investir dans du matériel plus puissant et des processeurs spécifiquement dédiés au minage crypto.
Seule ombre au tableau : ces processeurs se sont avérés très gourmands en énergie, ce qui a fait grimper les charges des mineurs. Certes, leurs bénéfices peuvent augmenter avec la hausse du cours Bitcoin, mais l’inverse est également vrai. En conséquence, les mineurs doivent toujours se préparer au pire.
Après plus d’un an et demi de bear market, la plupart des mineurs croulent sous les dettes. Alors que certains d’entre eux ont accepté de se faire racheter par de plus grandes entreprises, d’autres ont choisi de diversifier leurs activités pour pouvoir joindre les deux bouts.
Malheureusement, certains mineurs ont dû se séparer de leurs équipements pour pouvoir rembourser leurs dettes. D’autres, comme Core Scientific, n’ont pas pu survivre à la spirale des dettes et de la chute du cours Bitcoin. Ainsi, ils n’avaient plus d’autre choix que de déposer leurs bilans.
Néanmoins, ceux qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu se préparent déjà à l’un des événements les plus importants du calendrier Bitcoin : le halving de 2024.
Pour éclairer ses lecteurs à ce sujet, BeInCrypto s’est entretenu avec Didar Bekbauov, le PDG de Xive, une entreprise de minage basée au Texas.
Riot Platforms et Marathon Digital, deux des cinq plus grandes entreprises de minage cotées en bourse, ont adopté des stratégies différentes pour survivre au bear market. Riot Blockchain, qui a été rebaptisé Riot Platforms en janvier, a racheté le fabricant d’équipements ESS Metron.
Comment les mineurs se préparent-ils au bear market ?
Dans son dernier rapport trimestriel, Marathon Digital a révélé avoir cédé 1 % supplémentaire de ses actions à la Bank of New York Mellon Corporation. De son côté, Private Advisor Group LLC a investi 495 millions de dollars supplémentaires dans l’entreprise. Au troisième trimestre, la société a porté sa production de BTC à 1 242, soit une augmentation de 245 % par rapport à septembre 2022.
Le mois dernier, Riot et CleanSpark ont produit 362 BTC et 642 BTC respectivement, clôturant ainsi un trimestre qui a dépassé les attentes selon CleanSpark. Bien entendu, l’augmentation de la production de BTC augmente le capital de ces entreprises, ce qui leur permet de faire face aux périodes de ralentissement du marché.
D’après Didar Bekbauov, l’accumulation du capital est l’une des stratégies les plus utilisées par les géants du minage Bitcoin.
“En plus des machines et des installations, les grandes sociétés de minage comme Riot Platforms et Marathon disposent également de capitaux. En moyenne, elles conservent près de 700 millions de dollars en BTC et USD pour pouvoir survivre aux chutes du cours Bitcoin et aux hausses de la difficulté de minage”.
BeInCrypto n’a pas été en mesure de vérifier ce chiffre de manière indépendante.
À en croire Didar Bekbauov, de nombreuses grandes entreprises envisagent d’acquérir des sociétés de minage plus petites qui pourraient ne pas survivre au marché baissier, soit en raison de l’insuffisance du capital, de l’inefficacité des ASICS ou du manque d’optimisation des contrats d’achat d’électricité (power-purchasing agreements ou PPA).
Quel est l’impact des contrats d’achat d’électricité (PPA) sur la rentabilité des sociétés de minage Bitcoin ? Il s’avère que les PPA réduisent les risques à la fois pour les producteurs et les consommateurs d’électricité. Ce, en leur permettant de pré-négocier les prix en fonction de la consommation énergétique attendue.
PPA, une opportunité en or pour les mineurs Bitcoin
Aux États-Unis, les législateurs du Texas se sont récemment opposés aux accords d’achat d’électricité que les mineurs de Bitcoin ont signé avec l’Energy Reliability Council of Texas (ERCOT). En vertu de ces accords, ERCOT s’engage à payer les mineurs qui acceptent de désactiver leurs ASIC pendant les heures de forte demande.
Par exemple, en éteignant ses équipements le 23 juin 2023, entre minuit et 16h00, Riot a gagné plus de 42 000 $. En 2023, l’entreprise a économisé 27 millions de dollars en éteignant 99 % de ses ASIC et 18 millions de dollars supplémentaires en suspendant ses activités de minage Bitcoin et en vendant de l’électricité à d’autres consommateurs.
Avec ses économies et ses 150 millions de dollars de revenus de minage Bitcoin, Riot a survécu à une double crise : l’augmentation de la difficulté de minage et la baisse du cours Bitcoin. CleanSpark, qui a gagné 6 904 bitcoins au cours de l’exercice clôturé le 30 septembre, a également tiré son épingle du jeu.
À titre de comparaison, la politique plus stricte de New York en matière de consommation énergétique a rendu les contrats d’achat d’électricité moins attractifs. Par exemple, Greenidge Generation Holdings, une entreprise qui utilise du gaz naturel pour miner Bitcoin, a modifié ses plans d’expansion dans plusieurs régions. Ce, suite à l’adoption d’un moratoire interdisant le renouvellement des autorisations de conversion des usines de combustibles fossiles en unités de minage Bitcoin.
Le Kazakhstan, qui a accueilli des dizaines de mineurs chinois après l’interdiction de la crypto dans le pays, a récemment interdit aux mineurs d’utiliser l’électricité non excédentaire. En effet, la consommation maximale des mineurs a augmenté pour atteindre plus de 7 % de la demande nationale, faisant passer le réseau électrique d’un état excédentaire à un état de déficit.
Sans surprise, cette décision a contraint plusieurs mineurs, comme Enix et BTC.kz, à plier bagage. Ces derniers ont laissé derrière eux du matériel de minage à plusieurs millions de dollars et certains des accords énergétiques les plus lucratifs au monde.
Achat de matériel, la seule façon de survivre au prochain halving Bitcoin ?
Pour survivre au bear market qui devrait suivre le prochain halving Bitcoin, les mineurs devront également investir dans du nouveau matériel. Les anciennes machines sont plus gourmandes en énergie et produisent moins de récompenses par kilowattheure d’énergie consommée.
Blockstream, l’un des acteurs clés du marché du minage Bitcoin, a récemment acheté plusieurs rigs de minage de chez Canaan, un fabricant d’équipements chinois. Le PDG de l’entreprise, Adam Back, a déclaré qu’il s’attend à ce que le halving Bitcoin augmente la demande pour ces nouvelles machines.
En août, CleanSpark a acheté 45 000 machines de minage Antminer S19 XP. Ces dernières sont considérées comme les plus efficaces du marché.
Selon Jaran Mellerud, spécialiste en minage crypto chez Hashrate Index, les machines doivent coûter 6 centimes par kilowattheure d’énergie pour que les mineurs atteignent le seuil de rentabilité. Ainsi, les mineurs dont les coûts sont supérieurs à 8 centimes par kilowattheure auront du mal à survivre, même si le cours Bitcoin reste le même après le prochain halving.
Wolfie Zhao, chercheur au sein du cabinet de conseil BlocksBridge, est du même avis que Jaran Mellerud.
“Tout compte fait, les charges totales de certains mineurs sont bien supérieures au cours Bitcoin. Les bénéfices nets deviendront négatifs pour les entreprises de minage dont les opérations sont moins efficaces”.
Sans aucun doute, certains mineurs devront éteindre leurs machines si le cours Bitcoin reste inchangé après le prochain halving. Il s’agit d’une éventualité que Xive a déjà envisagée, selon Didar Bekbauov.
ETF Bitcoin, l’élément qui pourrait changer la donne ?
La situation pourrait devenir beaucoup plus avantageuse pour les mineurs si les investisseurs institutionnels obtiennent ce qu’ils souhaitent : un fonds négocié en bourse (ETF) Bitcoin. En effet, l’approbation d’un ETF Bitcoin au comptant pourrait augmenter le cours BTC et par extension, améliorer la rentabilité du minage Bitcoin.
BlackRock, Bitwise, Franklin Templeton et Fidelity ont tous postulé pour lancer des ETF Bitcoin. S’ils sont approuvés par la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis, ces ETF pourraient augmenter la demande institutionnelle de Bitcoin et aider les mineurs à survivre. C’est du moins ce que pense Didar Bekbauov
“BlackRock possède 8 000 ou 9 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion et compte de nombreux investisseurs. Si leur demande est approuvée, cela permettra à de nombreux investisseurs d’investir directement dans Bitcoin. Par conséquent, les entreprises comme BlackRock devront avoir des BTC dans leur bilan.
Ils achèteront ces bitcoins même si le halving réduit l’offre. Si la demande augmente, les prix augmenteront. Toute approbation d’ETF peut augmenter la demande de Bitcoin. Il s’agit donc d’une bonne chose”.
Les petites entreprises de minage Bitcoin peuvent également tirer parti de leur expertise en matière de gestion de data centers pour chercher d’autres sources de revenus, poursuit M. Bekbauov. Par exemple, les mineurs peuvent se focaliser sur l’intelligence artificielle (IA) en utilisant les mêmes stratégies de gestion qu’ils utilisent pour les data centers de minage Bitcoin.
Cependant, contrairement au minage Bitcoin qui génère des revenus au fur et à mesure de la résolution des blocs, les centres de données IA doivent garantir des sources de revenus avant d’être lancés, a conclu le PDG de Xive.
Pour rappel, le prochain halving Bitcoin devrait avoir lieu en avril 2024.
Morale de l’histoire : Pour éviter le pire, les mineurs ne doivent rien laisser au hasard.
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