Le “petit” problème de Bitcoin qui devient très, très gros

6 mins
Par Ali Martinez
Traduit Ali Martinez
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EN BREF

  • Le modèle énergivore de preuve de travail sur lequel repose Bitcoin suscite des préoccupations environnementales croissantes.
  • Le passage d'Ethereum à la Proof-of-Stake a lancé une tendance, réduisant sa consommation d'énergie de plus de 99 %.
  • Les plateformes blockchain comme Hedera proposent des solutions écologiques, mais cela suffira-t-il ?
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Certains l’ont peut-être oublié, mais le débat sur l’impact environnemental des cryptomonnaies reste plus que jamais d’actualité, ce alors que gouvernements, entreprises et investisseurs se concentrent sur le thème des préoccupations Environnementales, Sociales et de Gouvernance (ESG). Bitcoin, la crypto n°1 et la plus importante au monde, se trouve d’ailleurs au cœur des critiques, connue pour son mécanisme de consensus Proof-of-Work (PoW) très énergivore.

Alors que des innovations apparaissent dans l’industrie de la crypto afin de répondre aux préoccupations environnementales, la contribution de Bitcoin aux émissions mondiales de carbone reste un point majeur de discorde.

Le problème environnemental de Bitcoin

Le mécanisme PoW (de l’anglais Proof of Work, ou preuve de travail) de Bitcoin repose sur des mineurs qui doivent résoudre de complexes problèmes cryptographiques, consommant d’énormes quantités de puissance de calcul et d’énergie.

Selon des estimations de l’Université de Cambridge, la consommation annuelle d’énergie de Bitcoin s’avère comparable à celle de nations entières comme l’Argentine ou la Norvège. De plus, l’empreinte environnementale de cet actif crypto se trouve aggravée dans les régions où les opérations de minage utilisent des sources d’énergie non renouvelables.

« Le minage de Bitcoin pourrait être responsable de 65,4 mégatonnes de CO2 (MtCO2) par an, ce qui est comparable aux émissions d’un pays comme la Grèce (56,6 MtCO2 en 2019) et représente 0,19 % des émissions mondiales, » lit-on dans un rapport intitulé Revisiting Bitcoin’s Carbon Footprint.

Consommation électrique de Bitcoin
Consommation électrique de Bitcoin. Source : Université de Cambridge

Selon les critiques, cette consommation est disproportionnée et non durable, surtout au regard des engagements climatiques mondiaux. Tandis que d’autres cryptomonnaies explorent des mécanismes respectueux de l’environnement, l’adaptation lente de Bitcoin à de telles technologies suscite des inquiétudes.

« Tout le monde reconnaît que Bitcoin est nocif pour l’environnement, mais les grands changements dans le protocole de Bitcoin ont été très infructueux car il faut que tous les mineurs soient d’accord, » a déclaré Hanna Halaburda, professeure associée d’information à la NYU Stern School of Business.

Si la durabilité environnementale devient une attente centrale des investisseurs et des régulateurs, Bitcoin pourrait bientôt subir une pression croissante pour évoluer.

Un virage vert dans la crypto

Contrairement à Bitcoin, d’autres plateformes blockchain ont déjà pris des mesures pour réduire leur impact environnemental. Ethereum, par exemple, a fait les gros titres en 2022 avec son passage de la PoW à la Proof-of-Stake (PoS), réduisant ainsi sa consommation d’énergie de plus de 99 %. Le PoS remplace en effet le minage énergivore par des validateurs qui bloquent des jetons comme garantie pour sécuriser le réseau.

Cette transformation a également permis d’établir un précédent pour l’industrie, montrant que des évolutions écologiques sont possibles même au sein de réseaux établis.

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Consommation énergétique d'Ethereum
Consommation énergétique d’Ethereum. Source : Digiconomist

D’autres plateformes comme Hedera, Cardano et Tezos se vantent également de mécanismes PoS et se concentrent de plus en plus sur la durabilité. L’implication de Hedera dans des projets de compensation carbone et sa collaboration avec le Global Blockchain Business Council (GBBC) pour promouvoir les normes environnementales constituent des pas supplémentaires vers la réduction de l’empreinte écologique de la blockchain.

Dans une interview exclusive avec BeInCrypto, Wes Geisenberger, vice-président de la durabilité et de l’ESG chez HBAR, a souligné l’importance de la Task Force sur les jetons d’émission de carbone (CET) de l’Alliance InterWork du GBBC. Cette task force, développée pour aborder la comptabilité carbone à un niveau technique, aide les entreprises à naviguer ces réglementations.

« Le CET est une contribution positive, très influencée par les changements venant des gouvernements et des entreprises à la recherche de solutions pour aborder de manière crédible leur impact environnemental, » a déclaré Geisenberger.

Ce type de développement technique souligne bien l’intersection croissante entre la blockchain et la gouvernance environnementale. Ainsi, l’industrie de la crypto collabore de plus en plus avec les organes gouvernementaux et les organisations internationales pour trouver des solutions qui répondent aux attentes réglementaires tout en exploitant le potentiel d’innovation de la blockchain.

Les investisseurs crypto n’oublient pas l’aspect environnemental

Le sentiment des investisseurs est de plus en plus aligné avec les priorités mondiales ESG. Les investisseurs conscients du climat incitent en effet les industries, crypto incluse, à assumer leur impact environnemental. En réponse, certains écosystèmes blockchain mènent des efforts axés sur le climat, à la fois par l’innovation technologique et par le financement de projets durables.

Selon Geisenberger, le Sustainable Impact Fund de la Fondation HBAR est l’un des premiers fonds basés sur des subventions visant à promouvoir le rôle de la blockchain dans la durabilité. Ce fonds soutient des initiatives telles que le Hedera Guardian, une plateforme de registre public conçue pour améliorer la transparence sur les marchés des crédits carbone.

En permettant aux institutions et aux startups de suivre et de vérifier leurs efforts de compensation carbone, Hedera a montré comment les blockchains peuvent faciliter des pratiques environnementales responsables.

« Hedera Guardian a déjà intégré 500 millions de tonnes métriques de crédits carbone. Nous voyons ces outils aider à répondre aux défis pour permettre des résultats mesurables des externalités de notre planète et donner du pouvoir aux acteurs des projets environnementaux et de biodiversité pour mieux tracer les flux de fonds vers la communauté, » a expliqué Geisenberger.

Malgré ces développements positifs dans l’écosystème blockchain plus large, la dépendance de Bitcoin au système de PoW demeure inchangée. Les défenseurs de Bitcoin arguent pour leur part que sa nature décentralisée et ses caractéristiques de sécurité sont sans égal et que tout changement dans son mécanisme de consensus pourrait compromettre son intégrité. Ils pointent par ailleurs vers l’adoption d’énergies renouvelables par les mineurs de Bitcoin comme une solution possible à ses défis environnementaux.

Certaines opérations de minage migrent également vers des régions dotées d’une abondance d’énergie hydroélectrique, éolienne et solaire. Cependant, ces efforts restent fragmentés et manquent de coordination à l’échelle de l’industrie.

« De nombreuses entreprises de minage de Bitcoin ont établi des contrats avec des entreprises d’énergie renouvelable. L’argument étant que, en ayant ces installations de minage comme clients, cela pourrait rendre plus rentable pour les centrales d’énergie renouvelable lorsqu’il y a une surproduction d’énergie », a ajouté Halaburda.

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Sources d'énergie du Bitcoin
Sources d’énergie du Bitcoin. Source : EZ Blockchain

La question est donc de savoir si Bitcoin saura évoluer dans un monde de plus en plus guidé par les critères ESG. L’accent mis par l’industrie sur l’énergie renouvelable et les projets de compensation carbone offre certes un certain espoir, mais cela pourrait ne pas suffire si les cadres réglementaires imposent des exigences environnementales plus strictes.

La potentielle standardisation des données ESG

Bien que certaines plateformes crypto aient progressé vers la durabilité, le défi posé par la standardisation des valeurs de mesures ESG à travers l’industrie persiste. En effet, la nature décentralisée et souvent opaque de la technologie blockchain complique davantage la tâche de mesurer l’impact environnemental de manière cohérente et comparable.

Des efforts tels que le protocole CET contribuent toutefois à combler cette lacune, mais une adoption plus large à l’échelle de l’industrie serait nécessaire pour un changement notable. Sans standardisation, il reste difficile d’évaluer quelles plateformes sont véritablement durables et lesquelles se contentent d’engagements de surface.

On doit également mentionner le défi d’équilibrer les intérêts des investisseurs, des utilisateurs et des défenseurs de l’environnement, chacun ayant des attentes différentes concernant l’avenir de la technologie blockchain.

Ainsi, à mesure que les réglementations se renforcent et que la pression mondiale pour la durabilité s’accélère, l’empreinte environnementale du Bitcoin deviendra probablement de plus en plus difficile à ignorer. L’industrie de la crypto a démontré qu’elle peut innover et s’adapter, mais Bitcoin, en tant que première et plus influente crypto-monnaie au monde, fait face à un combat particulièrement difficile. Il pourrait finalement nécessiter soit une mise à jour complète de son mécanisme de consensus, soit un investissement de taille dans des solutions d’énergie renouvelable.

Morale de l’histoire : Bitcoin ne sert à rien sans planète pour le tenir.

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Ali Martinez
Ali Martinez est le responsable mondial de l'information chez BeInCrypto, spécialisé dans l'analyse de marché, les tendances émergentes de l'industrie crypto, le cycle de quatre ans du Bitcoin et les développements macroéconomiques. Auparavant, il s'est occupé du marché des altcoins pour Crypto Briefing, CryptoSlate, CCN.com et NewsBTC. Ses reportages se concentraient sur le boom des ICO, l'évolution d'Ethereum, les halvings de Bitcoin et les mises à jour du réseau telles que les hard forks...
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