Ethereum est quasiment la “patrie” de la finance décentralisée, ou DeFi. Presque tous les projets DeFi ont initialement été créés sur la blockchain ETH. Cependant, avec le développement (continu) de Solana, de Binance Smart Chain et d’autres chaînes, la part de marché de la DeFi d’Ethereum a fortement chuté en 2021. Les analystes de JP Morgan ont récemment fait de sombres prévisions sur l’évolution d’Ethereum dans le domaine DeFi pour 2022 et 2023.
Selon un rapport de Bloomberg News, les analystes de JPMorgan estiment en effet qu’Ethereum pourrait perdre sa position de leader sur le marché de la DeFi au cours de l’année 2022 ou 2023, ce en raison de la croissance de blockchains plus modernes telles que Solana.
La domination de la DeFi d’Ethereum a baissé de 30% en 2021
Sur le graphique de l’outil de tracking DeFiLama, on peut voir l’évolution de la TVL de la DeFi (“Total Value Locked“, soit la valeur des actifs en DeFi placés en stacking sur un protocole) d’août 2020 à cette date. La part d’Ethereum a diminué depuis début 2021, passant de 95% à environ 66%. Selon les prévisions des analystes de JP Morgan, cette tendance à la baisse pourrait se poursuivre.
– DeFiLama
Les analystes ont expliqué qu’Ethereum pourrait perdre son rôle de leader dans le domaine de la DeFi jusqu’à l’introduction de sa technologie de sharding. Actuellement, Ethereum est toujours une blockchain de preuve de travail (proof-of-work), et dont les transactions utilisent le minage crypto, une technique nuisible à l’environnement.
Le nombre de transactions possibles par seconde (15 par secondes) est également assez faible par rapport à d’autres blockchains, comme Solana (65 000/s). La “fusion” (ou The Merge) de la blockchain ETH 1.0, de preuve de travail, avec la blockchain ETH 2.0, de preuve d’enjeu (proof-of-stake) est prévue pour le milieu ou la fin de l’année 2022.
Le sharding, qui consiste à diviser les données en blocs plus petits afin d’améliorer l’évolutivité, pourrait même n’être implémenté qu’en 2023. Les analystes de JP Morgan ont ainsi fait valoir que, jusqu’à ce que l’ETH 2.0 soit entièrement développée (“The Merge” et le sharding), d’autres projets DeFi pourraient gagner la course :
“Nous sommes encore à au moins un an de l’optimisation complète du réseau Ethereum. Il y a un risque qu’il perde encore des parts de marché par rapport aux réseaux concurrents pendant cette période”.
En fusionnant les deux chaînes, les développeurs d’Ethereum ne résolvent ni le problème de l’évolutivité ni celui des frais de transaction élevés. Ils ne font que modifier le mécanisme de consensus. Les frais de transaction élevés se produisent toujours lorsque le réseau est surchargé et que les validateurs ont traité en premier les frais de transaction plus chers. Seul le sharding apporte une solution à l’évolutivité.
Vitalik Buterin présente “l’EIP-1557 multidimensionnelle”
Même si Ethereum se convertira probablement en 2022 en une blockchain de preuve d’enjeu plus respectueuse de l’environnement, il faudra peut-être encore au moins un an avant que l’ETH puisse rivaliser en termes d’évolutivité et de coûts avec les blockchains DeFi modernes. Le fondateur d’Ethereum, Vitalik Buterin, a toutefois récemment publié un billet de blog sur l’EIP-1557 multidimensionnelle, qui pourrait au moins permettre de réduire les frais de gaz élevés avant le sharding.
Le nom de “l’EIP multidimensionnel -1557” est inspiré de l’Ethereum Improvement Proposal 1559. L’EIP-1559 a constitué l’une des mises à jour les plus importantes d’Ethereum en 2021. Lors de celle-ci, les développeurs ont optimisé le modèle de tarification et introduit le mécanisme dit de “burning”, ou combustion de tokens. Depuis cette mise à niveau, une partie des frais de transaction ETH payés est “brûlée”, c’est-à-dire détruite à jamais. Après la fusion des deux chaînes, Ethereum deviendra probablement un actif déflationniste, car moins d’ETH seront créés que brûlés.
Avec cette nouvelle EIP, Vitalik Buterin souhaite modifier la manière dont les données individuelles sont attribuées aux unités de gaz. La quantité de données envoyées par bloc devrait ainsi augmenter. Comme il faut moins de blocs pour une transaction, le coût d’une transaction diminue également.
Toutefois, la nouvelle procédure entraîne de nouveaux problèmes. Le nouveau mécanisme de distribution nécessite par exemple de nouvelles opérations de calcul. On ne sait pas encore si la communauté Ethereum adoptera la nouvelle EIP de Vitalik Buterin, ni combien de temps serait nécessaire à sa mise en œuvre.
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