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“Il fait bon être une femme dans la crypto” : Interview avec Eli, consultante et conceptrice de NFT

7 mins
Mis à jour par Célia Simon
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EN BREF

  • Pour la journée de la femme, Be[In]Crypto s'est entretenu avec plusieurs femmes qui évoluent au sein de la sphère crypto.
  • En plus d'être consultante auprès de diverses startups, Eli travaille sur son propre projet de collection NFT.
  • D'après elle, le secteur a déjà "tout ce qu'il faut" pour être ouvert aux femmes, mais il s'agit d'abord de se libérer de ses propres carcans internes.
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À l’occasion de la Journée internationale de la femme, Be[In]Crypto a réalisé une série d’enquêtes et d’entretiens afin de célébrer les femmes de la crypto. Notre équipe s’est entretenue avec Eli, qui évolue dans la sphère crypto et NFT française, ce afin de nous parler de son projet personnel et de nous partager sa vision du secteur.

Pour la Journée de la femme, Be[In]Crypto a décidé de se pencher plus en profondeur sur le rapport entre les femmes et le secteurs des cryptomonnaies. À cette occasion nous nous sommes entretenus avec plusieurs femmes qui évoluent chacune à leur manière au sein de cette sphère.

Aujourd’hui, nous avons parlé avec Eli, consultante et membre très actif de la sphère crypto francophone, afin qu’elle nous en dise plus sur son parcours et sa propre vision liée aux NFT et à l’ensemble du secteur. Au cours de cette discussion, elle notamment présenté un point de vue qui a tendance à être laissé de côté dès lors qu’on aborde le thème de la communauté crypto, souvent perçue comme un espace dominé par les hommes : en comparaison du “monde réel”, le métavers pourrait s’avérer beaucoup plus inclusif.

Eli, membre de la sphère crypto française
Eli

De la finance à l’art féministe au travers des NFT

De sa propre confession, Eli vient d’un milieu très traditionnel et conservateur, avant de se convertir à la technologie crypto et fintech, quoique toujours animée par une passion inassouvie pour l’art : “J’ai toujours pensé que j’étais un peu une sorte ‘d’artiste raté’. À l’école, j’étais toujours très douée dans les matières artistiques, mais dans mon école catholique, pour moi, ça ne comptait pas. Je me suis lancée dans le droit, le juridique, le business, etc, et j’ai toujours eu cette espèce de souffrance, de manque […]. “

Après des études en Californie, la jeune femme finalement entièrement abandonné son ancienne carrière pour se concacrer pleinement au milieu crypto et blockchain et a commencé peu à peu à travailler en tant que consultante auprès de startups. Elle a finalement décidé de se lancer dans son propre projet NFT, lequel a une portée à la fois contestataire et extrêmement personnelle :

“J’aimerais pousser le féminisme un petit peu plus que ce qu’on peut voir aujourd’hui dans la crypto, avec une collection de pfp sur Ethereum : […] une grosse collection de 10 000 vagins […] de toutes les tailles, de toutes les couleurs, toutes les formes. Pour adresser un peu le body shame féminin ; tout ce qui est image de son corps pour la femme et un pousser le féminisme un peu plus loin que ce qu’il y a aujourd’hui avec le World of Women et tout le reste.” a-t-elle expliquée.

Au-delà d’un éventuel élément provocateur que pourrait suggérer le thème de cette future collection, le projet a une portée bien plus centrée sur la santé mentale des femmes, un sujet très cher à Eli :

“Je fais énormément de bénévolat dans la santé mentale et c’est important pour moi d’apporter quelque chose dans l’espace des NFT qui soit en lien avec [le fait d’]être une femme. J’ai grandi avec beaucoup de honte à ce sujet dans ma famille […] et j’en ai toujours beaucoup. Je veux adresser cela et pousser le féminisme plus loin.”

En ce qui concerne cette collection, cela dit, Eli a précisé qu’elle n’a pas conçu les création elle-même, préférant pour cela collaborer avec d’autres artiste, et se concentrer de son côté sur d’autres éléments du projet.

“Je collabore avec des femmes artistes. Je peint, mais c’est mon art de mon côté. [Pour ce projet], ce n’est pas moi qui vais dessiner ou faire les traits, c’est le projet qui est mon œuvre d’art. Au final, je n’ai pas été artiste et je ne vais pas revenir en arrière sur cette vie-là. J’ai fait du business et du droit ; je veux incorporer ça dans mon œuvre d’art. Mon œuvre d’art est ce projet. Je peux y regrouper toutes ces facettes de ma personnalité”

Assouvir une passion de toujours avec les NFT

Longtemps hantée par un sentiment d’insatisfaction dans sa carrière centrée sur les finances traditionnelles et le droit, Eli a finalement décidé de “tout larguer”, en recherche d’elle-même, pour découvrir peu après le monde de la crypto puis des NFT, qui a vite été une révélation.

“J’ai compris que maintenant, les artistes peuvent gagner leur vie avec les NFT. L’idée NFT/art a fait “tilt”, et cela représentait pour moi l’avenir du marché de l’art. Dans ma vie d’avant, j’aurais pu être artiste mais je n’ai pas osé, et je sentais que je commençais à faire la même chose dans la crypto et les NFT ; je n’avais pas ma voie, mon message, mon projet […] Je n’allais pas me contenter d’aider des hommes à monter leur projet, puis passer à un autre. […] Il faut déconstruire en tant que femme ; il y a énormément de choses qui nous sont inculquées.”

Eli espère sortir son projet d’ici l’année 2023, mais a admis que ses propres attentes et défis quant à cette collection ne sont pas des moindres, et pas seulement en ce qui concerne les obstacles pratiques :

“Si en 2023 je n’ai pas réussi à lancer ça, je serai assez triste. J’ai aussi la peur de ne pas réussir à passer cette barrière mentale ; c’est une grande peur, et je me bats contre ça. J’ai ma petite vie de consultante mais j’essaie vraiment de ne pas m’engager à plein temps et de continuer sur mon projet que je vois un peu comme le but de ma vie.”

C’est là, d’après Eli, que se présente le véritable problème non seulement au sujet de sa propre place personnelle au sein de la crypto, mais aussi peut-être de beaucoup d’autres femmes qui cherchent à intégrer ce secteur : ne pas oser. Le manque de confiance en soi. Le perfectionnisme. Voire même la tendance inconsciente à aider les autres à connaître le succès et gagner en visibilité, tout en restant soi-même dans l’ombre.

Et pourtant, de ses propres aveux, il ne s’agit pas là de reporter la faute sur le secteur crypto ou NFT et à son fonctionnement interne, ou à la nature de sa communauté. Au contraire ; selon Eli, il s’agirait même plutôt d’un milieu particulièrement ouvert aux femmes, ou à toute personne :

“C’est vrai qu’il y a beaucoup d’hommes [dans le métavers]. Il y a des choses sexistes, mais on s’y retrouve […]. Il y a plein de problèmes avec le monde des NFT et de la crypto, c’est pas parfait, mais c’est mon combat. C’est là où est ma place et je sais que je suis au bon endroit.”

“Honnêtement, je pense dans le monde de la crypto et des NFT, c’est très facile d’être une femme. J’ai une forte personnalité et dans le monde réel, si j’avais été un homme, j’aurais été un super leader. Mais comme je suis une femme, je suis un peu “la folle” […] Je remarque que dans le monde de la crypto, c’est très bien d’être une femme et d’être ‘neuro-divergeant’, et de parler de santé mentale”, a-t-elle expliqué.

Eli, cela dit, n’est pas sans remarquer que certains schémas machistes du monde réel ne sont pas sans se répéter au sein de ce secteur, expliquant que dans certains espaces Twitter, par exemples, “Il veulent plus de femmes, mais que ce ne soit pas la femme qui dirige”, mentionnant, entre autres exemples, Alpha Girl Club – et dont elle possède elle-même son propre NFT – une collection créée par un homme.

“Je n’ai pas envie que ce soit un homme qui me remarque et m’aide. J’ai envie que ce soit d’autres femmes, et qu’elles se rendent compte qu’on n’a pas besoin qu’un Gary Vee nous retweete.”

“Est-ce que Gary irait soutenir une femme qui commence à avoir plus de followers que lui et à avoir plus de pouvoir que lui ? Jusque-là, c’est la mentalité du ‘les hommes aident les femmes’. C’est bien, je ne veux pas cracher dessus, mais personnellement je cherche plutôt à faire de l’hombre à ces hommes-là, et qu’ils n’aient pas envie de m’aider et récupérer cette souveraineté féminine et montrer ce dont on est capable.”, a-t-elle confié.

Sortir du conditionnement

Pour Eli, cela dit, au-delà de ces tendances au leading masculin, il s’agit également des tendances qu’ont parfois les femmes, du moins dans son propre cas, à se poser d’innombrables barrières mentales, avec une tendance à “se brider, s’auto-rabaisser.” . Elle a notamment expliqué, très consciente de ses propres peurs internes liées à son parcours : “Je sais que je ne vais pas [me remettre à travailler dans l’ombre pour des patrons hommes], mais j’ai aussi très peur de retomber là-dedans.”

Quant à ce qu’il manquerait au secteur crypto et NFT pour devenir plus inclusif et donner aux femmes le sentiment d’y avoir leur place et leur visibilité, la réponse d’Eli a été sans appel : “Je pense qu’on a tout ce qu’il faut. On se bride nous-mêmes. Là, il y a tout ce qu’il faut.”

“Aujourd’hui, je pense que les hommes nous aident comme ils peuvent. C’est juste le conditionnement mental des générations qui fait qu’on ne fonce pas. Il n’y a rien à reprocher à personne, il n’y a que des barrières qu’on se met nous-mêmes.”

Ainsi, comme l’explique Eli de part son expérience personnelle (“à chaque fois que je veux créer quelque chose moi-même, je prends peur et je me retrouve à bosser pour des hommes, parce que ça me rassure”), il s’agit peut-être de s’efforcer, bien que les résistances mentales soient solides, d’oublier l’adage du “trouve-toi un homme qui peut gérer” et de se lancer sur son propre chemin sans besoin viscéral rechercher une quelconque approbation de la gent masculine – ou de quoi que ce soit d’autre – ou encore d’attendre de pouvoir être “parfaite” pour oser suivre ses passions. Et à cet égard, selon la jeune femme, le secteur crypto est actuellement le lieu idéal, rappelant au passage l’élément communautaire essentiel de ce milieu :

“Je veux que les gens sachent qu’ils ne sont pas seuls. C’est le message que je veux véhiculer au niveau de la santé mentale, du féminisme. Qu’on sache que je suis là et qu’on peut se retrouver pour y aller ensemble.”

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Célia Simon
Célia a poursuivi des études de langues ainsi que de traduction générale et juridique à l'Université de Bordeaux, l'Université de Tours et la Organización Mexicana de Traductores à Guadalajara au Mexique. Après avoir découvert le potentiel des cryptomonnaies en 2020, elle travaille actuellement en tant que rédactrice en chef pour BeInCrypto France. Membre de la Organización Mexicana de Traductores et traductrice assermentée de l'État de Jalisco.
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