L’Allemagne, pays le plus favorable aux cryptomonnaies ? Absolument pas !

Dans son dernier rapport, Coincub a nommé l’Allemagne “pays le plus favorable aux cryptomonnaies”. Pour élaborer son classement, la plateforme s’est basée sur plusieurs critères, notamment la réglementation, les services financiers, la population, les taxes, etc. Cliquez ici pour lire le résumé du rapport.

Cela soulève une question : de quoi parlent-ils ? En tant qu’Allemand et écrivain crypto, j’aimerais faire la déclaration suivante : Coincub se trompe.

L’Allemagne et sa politique fiscale progressive. Quoi ?

Dans le rapport, Coincub cite les raisons pour lesquelles l’Allemagne est son N°1. L’une de ces raisons est sa politique fiscale progressive pour la crypto. L’année dernière, l’Allemagne a commencé à introduire un cadre élaboré par le ministère des Finances sur la taxation des cryptomonnaies. Il s’agit toujours d’une “loi souple” car elle n’a pas encore été adoptée par un tribunal.

Mis à part cela, rien ne montre que la période de détention d’un an sera modifiée à des fins fiscales. Les utilisateurs qui détiennent leurs actifs pendant plus d’un an ne paient aucun impôt. Cependant, l’échange de pièces au cours de l’année interrompt cette période. D’autres pays, comme l’Autriche, ont mis en place des règles fiscales qui traitent les gains crypto de la même manière que les gains en capital sur les actions.

Par conséquent, je ne suis toujours pas convaincu que l’Allemagne mérite la première place.

L’acceptation par les banques. Comment ça ?

Le rapport de Coincub indique que le fait de proposer des crypto actifs à une clientèle aussi large constitue un grand pas en avant pour les fournisseurs de services financiers. Coincub affirme que cela place l’Allemagne devant tous les autres pays. À l’avenir, les investisseurs potentiels au sein de la banque n’auront plus besoin de leur propre authentification.

Cette déclaration de Coincub concerne Sparkasse, qui permettra à ses 50 millions de clients d’échanger des cryptos à l’avenir. Sparkasse envisage même d’introduire sa propre monnaie numérique !

Le rapport souligne que l’acceptation par les prestataires de services financiers est considérée comme une bonne chose. Mais pourquoi cela fait-il partie des critères? Avons-nous besoin de banques et d’autres institutions financières ?

L’adoption de la crypto par les fournisseurs de services financiers comme Sparkasse s’élargit dans le monde entier. Il y a à peine deux semaines, la société d’investissement suisse Valor a coté Cardano, Polkadot et Solana en bourse. Désormais, ces actifs peuvent être échangés en tant que produits négociés en bourse (ETF) sur les bourses d’Amsterdam et de Paris.

Mais attendez un peu… en quoi est-ce une bonne chose ? N’essayons-nous pas de nous débarrasser des banques ?

La sécurité : quoi ?

Le principal avantage de l’acceptation de la crypto par les institutions financières traditionnelles réside dans le fait que les investisseurs n’ont plus à créer de portefeuille, ni à passer par un processus KYC supplémentaire. Les investisseurs sont généralement déjà passés par là lors de leur inscription auprès de la banque.

Avec de tels produits, ne rendons-nous pas le pouvoir aux intermédiaires, en l’occurrence, les banques ? Ne devrions-nous pas gérer nous-mêmes nos actifs, conformément à l’idée de Satoshi Nakamoto et ne pas dépendre à nouveau de ceux qui nous ont déçus par le passé ?

L’idée de la crypto est de faciliter les choses, et de ne pas avoir à s’enregistrer à nouveau auprès d’une banque.

La crypto devrait être plus simple que le système déjà existant. Bien sûr, la sécurité est une préoccupation : les gens ont peut-être simplement besoin de plus d’éducation. Aujourd’hui, il existe déjà des portefeuilles crypto matériels tels que Trezor ou Ledger, qui garantissent un niveau de sécurité maximum.

L’adoption de la crypto : hein ?

Un autre critère du rapport est le taux d’adoption de la crypto. En fonction de la source utilisée, il existe d’autres pays bien plus haut placés dans ce classement. Les plus connus en termes d’adoption par les utilisateurs sont l’Ukraine, la Russie, le Venezuela et l’Inde. Avec un taux d’adoption de 2,62%, l’Allemagne se situe, au mieux, dans le milieu supérieur du classement.

L’Allemagne et les infrastructures : vraiment ?

Où sont les infrastructures avancées de l’Allemagne ? Quelle infrastructure a été créée pour la crypto en Allemagne ? Si vous regardez la ville suisse de Lugano, vous comprendrez que les hubs mondiaux de la crypto se trouvent dans d’autres pays ou villes. Les sociétés crypto bien connues ne sont pas en Allemagne. Même notre petit voisin, l’Autriche, a Bitpanda, une société crypto plus populaire que celles d’Allemagne.

Cela dit, ces entreprises peuvent servir d’exemple aux Allemands. Les entreprises allemandes pourraient faire venir des travailleurs dans le pays et renforcer les infrastructures locales. Les entreprises sont également un facteur important dans les revenus de l’impôt sur les sociétés. Mais nous ne sommes certainement pas le numéro un en matière d’infrastructure crypto.

Nombre de nœuds: ah bon ?

D’autres facteurs sont pris en compte par le classement crypto de Coincub. Par exemple, la société mentionne le nombre de nœuds exécutés comme critère. Les nœuds servent à assurer la sécurité de la blockchain : ainsi, plus il y en a, mieux c’est. L’Allemagne aurait plus de nœuds que les États-Unis, ce malgré une population relativement plus réduite.

Plusieurs raisons expliquent pourquoi l’Allemagne a maintenant plus de nœuds que les États-Unis. Mais cela pourrait être dû à la baisse des nœuds américains plutôt qu’à la performance de l’Allemagne.

Gouvernement fédéral d’Allemagne : et ?

Enfin et surtout, il convient de mentionner le point de vue du “nouveau” gouvernement fédéral allemand. Ce même gouvernement veut réglementer les actifs crypto de façon favorable.

Cependant, cela dépendra en grande partie des directives européennes telles que la loi MiCA et le règlement TFR. Sous peu, la Commission européenne décidera si les portefeuilles non hébergés seront interdits. Cela signifierait que les fournisseurs de portefeuilles, comme MetaMask, devraient imposer un processus KYC à tous les utilisateurs. Ainsi, le fait que le gouvernement soit favorable à la crypto reste incertain.

Conclusion

En tant que plus grande puissance économique de l’UE, l’Allemagne a clairement une forte influence. Cependant, personne ne devrait sous-estimer le rôle de ses partenaires européens dans les prochaines réglementations.

En ce qui concerne la crypto, l’Allemagne conserve sa souveraineté dans les domaines de la fiscalité et du droit du crédit ou des valeurs mobilières. Cela dit, la crypto pourrait être une autre paire de manches. À l’avenir, beaucoup de choses ne pourront être résolues qu’au niveau européen.

Le fait de placer l’Allemagne en tête d’une liste des pays les plus favorables à la crypto ? Ceci est une sous-estimation des autres pays favorables à la crypto.