Les écologistes n’ont pas à décrier Bitcoin ; l’actif est bien loin d’être si nocif qu’on le dit

John Lennon a un jour dit : “La vie, c’est ce qui arrive alors qu’on cherche à faire d’autres projets.” Aujourd’hui, je me suis souvenu de cette phrase en évoquant les plans que je faisais pour cette année, et ce qui s’est réellement passé.

D’aussi loin que je me souvienne, la protection de l’environnement a toujours été ma priorité. À l’école de théâtre, un ami m’a affectueusement taquiné en me baptisant Daniel “aime les arbres plus que les gens” Batten. Pendant mon adolescence et ma vingtaine, j’ai régulièrement participé à des manifestations : contre la confiscation des terres indigènes, contre le génie génétique et contre l’abattage des forêts indigènes, pour n’en citer que quelques-unes. La dernière manifestation à laquelle j’ai participé remonte à neuf ans, contre le forage pétrolier en mer profonde au large de la Nouvelle-Zélande.

Je me souviens encore du jour où un ami de Greenpeace, une organisation que j’ai soutenue pendant quatre décennies, m’a appelé pour me demander de mener une action contre l’une des pratiques environnementales de McDonald. Avec une flopée de personnes déguisées en poulets, nous avons pris d’assaut le siège de McDonald’s et j’ai annoncé ma démission, vêtu de l’habit de Ronald McDonald. “Oh, et il y a un léger risque que tu te fasses arrêter” a-t-il mentionné à la fin. À l’époque, j’étais PDG d’une entreprise technologique que j’avais fondée. Sans en parler à mon comité, j’ai dit “oui”.

L’idée générale

Cela dit, j’ai peu à peu réalisé que j’étais meilleur partisan de la technologie que manifestant. Et si j’utilisais cette compétence pour faire bouger les choses ? Cela m’a conduit à créer un fonds de capital-risque, ClimateTech.

Ce fut une décision facile. J’investissais dans des entreprises technologiques depuis 19 ans, je savais donc ce qu’il fallait rechercher, ce qu’il fallait éviter et comment optimiser les chances de réussite d’une équipe fondatrice.

Nous avons investi dans des entreprises qui avaient non seulement un sens commercial, mais dont nous étions fiers. Une entreprise a pour mission de décarboniser l’ensemble de l’industrie du zinc d’ici 2045. Une autre a pour objectif de supprimer 50 % de toutes les émissions de CO2 de l’industrie des gaz à effet de serre d’ici 2030. Au train où vont les choses, elles y parviendront probablement.

L’éveil à Bitcoin

À peu près au même moment, un de mes amis a commencé à me parler davantage de Bitcoin. Je me suis senti partagé. D’un côté, je voyais l’intérêt social du BTC : il aidait à construire un monde où le transfert de richesses des pauvres vers les riches via l’assouplissement quantitatif n’était plus possible.

Cependant en tant qu’écologiste, j’avais entendu les histoires sur sa consommation d’énergie et je n’étais pas convaincu qu’il fasse suffisamment de bien pour justifier ses émissions de carbone.

Lorsque Greenpeace s’est prononcé contre Bitcoin, le conflit intérieur s’est intensifié. Mon ami bitcoiner me disait que le BTC aidait à construire le réseau d’énergie renouvelable. Mes amis de Greenpeace disaient de leur côté qu’il s’agissait d’un “Greenwash” propagé par des investisseurs avides de l’actif, prêts à dire n’importe quoi pour augmenter l’adhésion des utilisateurs dont dépendaient leurs bénéfices.

J’ai réalisé que je devais faire mes propres recherches.

Je ne savais pas ce que j’allais découvrir, mais je soupçonnais que la vérité se trouverait quelque part entre les deux.

Des recherches sur Bitcoin

Pour la première fois de ma vie, j’ai consacré une longue période de temps à faire des recherches sur un sujet qui m’intéressait et sur lequel je cherchais une réponse.

Mes recherches m’ont amené à lire davantage sur le changement climatique, les émissions de CO2 et les émissions de méthane, certaines choses que je n’avais jamais lues auparavant. Je vais être honnête : découvrir la véritable énormité de la crise climatique et la tâche qui nous attend n’a pas été une lecture facile. Je me suis forcé à comprendre la physique, l’énergie, le jargon du réseau électrique, le commerce de l’énergie et le minage Bitcoin.

J’ai interviewé ou écouté des interviews de climatologues, d’ingénieurs solaires, de gestionnaires de réseaux, d’analystes de sociétés de services publics, d’exploitants d’éoliennes à l’échelle des services publics, d’installateurs solaires, d’experts en batteries et d’analystes on-chain.

Lentement mais sûrement, une image a commencé à émerger du brouillard. Il s’agissait d’une image cohérente, soutenue par toutes les personnes à qui j’ai parlé et qui avaient étudié la question en profondeur.

J’en suis arrivé à la conclusion suivante :

1. Le minage Bitcoin peut être pratiqué d’une manière qui s’avère nocive pour l’environnement. La réouverture d’une usine à gaz dans l’État de New York dans le seul but de miner Bitcoin en est un exemple.
2. Le minage de BTC peut également être réalisé d’une manière respectueuse envers l’environnement. Par exemple, les opérateurs solaires et éoliens que j’ai découverts et qui n’auraient pas obtenu de financement pour construire leurs centrales s’ils n’avaient pas eu un client de minage crypto.

Cela ressemble donc à une issue neutre, avec des arguments pour et contre. Le résultat, pourtant, est tout sauf neutre.

Les autres points à savoir

J’ai aussi appris les choses suivantes :

1) Le minage Bitcoin s’oriente vers les énergies renouvelables.

2) Le rythme de transition vers les énergies renouvelables est plus rapide que dans n’importe quel autre secteur (pour un investisseur en capital-risque qui voit environ 50 présentations de technologies propres par an, nous en avons vu toute une série !)

3) Le pourcentage actuel d’usage des énergies renouvelables est également plus élevé que dans n’importe quel autre secteur.

4) Tous les ingénieurs en énergie solaire, ingénieurs en batteries, les opérateurs de réseau et les analystes des services publics auxquels j’ai parlé, soit des personnes qui ont largement étudié la manière de construire un réseau d’énergie renouvelable, ont dit la même chose.

5) Il n’est pas possible de construire un réseau d’énergie renouvelable sans avoir des clients à charge flexible.

6) Les mineurs Bitcoin sont les meilleurs clients de charge flexible qui soient.

7) Le minage Bitcoin utilise de plus en plus d’énergie qui aurait sinon été gaspillée (comme l’énergie solaire à midi ou l’énergie éolienne à minuit, lorsque les gens n’en avaient pas besoin).

8) Le minage Bitcoin a permis de recycler toutes les turbines à combustible fossile nécessaires pour assurer la continuité de l’approvisionnement pendant les périodes de pointe.

9) Le minage de BTC a contribué à maintenir la régulation de la fréquence et de la tension du réseau (ce qui devient de plus en plus difficile avec chaque 10 % d’énergie renouvelable variable ajoutée).

10) Le minage pourrait contribuer à rendre l’électricité plus abordable pour les consommateurs, ce en réduisant les frais de restriction que les services publics doivent payer aux opérateurs d’énergie renouvelable pour ne pas prendre leur surplus d’énergie.

Les avantages du minage Bitcoin

On trouve aussi une foule d’autres avantages. Mais il faudrait pour cela une analyse plus approfondie (et du jargon) du fonctionnement des réseaux électriques.

Et pourtant, les deux premiers points disent tout : les réseaux reposant sur des énergies renouvelables variables sont constitués de clients flexibles qui peuvent ajuster leur consommation en fonction de l’offre de production. Ils doivent également être en mesure de réduire leur consommation avec un préavis de quelques minutes. Les mineurs Bitcoin sont les seuls clients à offrir cette flexibilité.

Pour dire les choses encore plus clairement : sans le minage Bitcoin, le réseau renouvelable ne verra tout simplement pas le jour. Il restera un idéal : Les opérateurs de réseau et les services publics se contenteront de dire qu’ils “y travaillent”.

Mais alors, quel est donc le problème lié aux énergies renouvelables que Bitcoin est le seul à résoudre ?

Le premier objectif des opérateurs de réseau est de maintenir la stabilité dudit réseau. La rentabilité et la composition des énergies renouvelables sont des éléments importants, mais pas autant que la stabilité. En effet, lorsque les réseaux tombent en panne, des gens meurent et les opérateurs de réseau perdent leur emploi (comme cela s’est produit récemment lors des pannes d’électricité de l’hiver 2021 au Texas). Même avec la technologie des batteries, cette stabilité se fait de plus en plus difficile à atteindre lorsque vous basez votre réseau sur une énergie renouvelable variable.

Bien que nous devions nous éloigner des centrales à combustibles fossiles, le charbon et le gaz présentaient un avantage par rapport aux énergies renouvelables : vous pouviez augmenter ou diminuer la production d’une centrale à gaz à volonté. Le solaire et l’énergie éolienne n’ont pas cette flexibilité. Ils sont également très imprévisibles.

Lorsque vous ajoutez des générateurs inflexibles et imprévisibles tels que le solaire et l’éolien, à moins que vous ne les contrebalanciez par des clients flexibles et prévisibles, l’ensemble du réseau devient instable en raison d’une offre insuffisante ou excessive d’électricité, et le risque de pannes s’accroît.

Les facteurs liés au changement climatique

Paradoxalement, à mesure que le changement climatique se fait sentir, les événements météorologiques extrêmes deviennent plus fréquents. Cela signifie que les gestionnaires de réseau sont confrontés à la tâche herculéenne d’essayer de passer à un réseau composé d’énergies renouvelables variables, ce au moment où même le réseau existant devient plus instable en raison des événements climatiques.

Les gestionnaires de réseau ont étudié un certain nombre d’autres options : l’hydrogène, les batteries, l’hydroélectricité par pompe, les programmes de contrôle des appareils et la réponse à la demande basée sur la réduction de la production d’acier. Aucune de ces solutions ne s’approche de la flexibilité des mineurs Bitcoin. Même les batteries ne constituent qu’une solution partielle, ce que j’explique en détail dans un autre article.

Les caractéristiques de Bitcoin, qui ne tiennent pas compte du lieu ni du moment de la journée, en font le moyen idéal de supprimer la majeure partie du méthane atmosphérique mondial causé par l’intervention humaine, mais c’est là une toute autre histoire.

Bitcoin et l’environnement : en résumé

Pour résumer : voici quelques citations tirées directement de certains des acteurs clés du milieu.

“Jamais, dans mes rêves les plus fous, je n’aurais imaginé un client aussi idéal que les mineurs Bitcoin” [opérateur éolien à l’échelle du service public].

“J’ai commencé par faire des recherches sur les batteries comme solution à l’intermittence de l’énergie solaire. Je me suis vite rendu compte que sans un autre preneur pour le surplus d’énergie, les batteries constituaient une solution incomplète. Après avoir testé un certain nombre de preneurs possibles, j’ai réalisé que le meilleur, et de loin, était le minage Bitcoin.” [Sam Kivi, ingénieur solaire]

“Nous pouvons utiliser cette cryptomonnaie pour … trouver un foyer afin que davantage de solaire et d’éolien arrivent sur notre réseau. “Ensuite, ils réduisent la consommation lorsque nous avons besoin de cette énergie pour d’autres clients. Il s’agit donc un excellent moyen d’équilibrer les choses.” [Brad Jones, PDG par intérim, ERCOT (The Grid Operator for Texas)]

“Un élément essentiel pour parvenir [à notre objectif de réseau renouvelable de 2050] est la mise en place de nouvelles stratégies de réponse à la demande. Le minage Bitcoin est différent, car il permet de réduire la demande en quelques minutes au niveau exact dont vous avez besoin, ce avec une précision extrême. On ne trouve pas ce niveau de flexibilité ou de réponse dans les anciens programmes (de réponse à la demande).” [analyste principal, grand service public d’électricité américain].

Pour conclure…

Voilà. Je ne m’attendais pas à cette conclusion. J’ai dû mettre de côté tout ce que je pensais savoir sur Bitcoin. Plus j’avance dans la vie, plus je me rends compte que tant que l’on n’a pas examiné un sujet en profondeur, on n’est pas en mesure de le juger.

Un examen plus approfondi de Bitcoin révèle une vérité surprenante. Les bitcoiners désespèrent parfois que le discours des médias grand public ne tienne pas compte de cet examen approfondi. Je les encourage à ne pas s’inquiéter. Toute nouvelle technologie perturbatrice est attaquée parce que, et bien, justement : elle perturbe certaines personnes qui ne veulent pas l’être.

Pendant ce temps, dans les coulisses, Bitcoin permet l’une des plus importantes transitions de toute une génération : la transition vers un réseau d’énergie renouvelable. Tôt ou tard, cette vérité deviendra si indéniable que les détracteurs du BTC seront contraints de choisir un autre vecteur d’attaque. En attendant, en tant qu’écologiste, je ne pourrais pas être plus heureux de l’existence de Bitcoin dans notre monde.

Au sein du mouvement pour le climat, il y a cette phrase : “le parfait est l’ennemi du bien”. Le solaire n’est pas parfait, mais il est positif. Il en va de même pour l’énergie éolienne. Pour Bitcoin aussi, on est dans la même catégorie : pas parfait, mais positif. Bitcoin nous offre un moyen pratique de développer le réseau des énergies renouvelables à un moment où nous nous trouvons dans une course contre un monde qui se réchauffe rapidement.

À propos de l’auteur

Daniel Batten est à la fois investisseur ClimateTech, auteur, analyste ESG et militant pour l’environnement. Il a précédemment fondé et dirigé sa propre entreprise technologique, qui a fermé ses portes en 2019.