Dans la foulée des sanctions prises par l’organisme américaine de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) à l’encontre de Tornado Cash, l’analyste crypto Eric Wall a balayé la possibilité d’une chaîne Ethereum en conformité avec ce régulateur, qualifiant cette notion de “morte-née”.
Selon Eric Wall, Ethereum pourrait se voir dans le besoin de prendre des mesures punitives contre certains validateurs afin d’assurer sa future résistance à la censure.
Un changement aussi important que malvenu pour Ethereum
La mesure punitive unique prise par l’OFAC à l’encontre de Tornado Cash continue de faire des vagues dans toute la crypto sphère. Le 15 août, l’organisation à but non lucratif Coin Center a notamment protesté contre cette mesure, la qualifiant de “déficiente sur le plan statutaire et constitutionnel”.
Le fondateur d’Ethereum, Vitalik Buterin, a également défendu publiquement Tornado Cash en déclarant qu’il avait lui-même utilisé le mixeur crypto pour faire un don anonyme à l’Ukraine.
Maintenant, c’est au tour de l’analyste Eric Wall de présenter sa propre analyse des sanctions.
Comme le dit M. Wall, “l’un des objectifs fondamentaux des blockchains telles qu’Ethereum est de fournir une neutralité et une résistance à la censure. C’est pourquoi nous tolérons que le système soit parfois lent et coûteux à utiliser, ce en raison de ces qualités uniques. Une menace à la résistance à la censure constitue une menace à la raison d’être du système”.
Avec la mise sur liste noire de Tornado Cash par l’OFAC, le réseau Ethereum dans son ensemble se trouve également menacé. Les validateurs de la blockchain Ethereum comprennent Coinbase, Kraken et Binance ; il est donc concevable que, par crainte de répercussions, les organisations centralisées ne souhaitent pas approuver un bloc qui ne serait pas conforme avec les directives de l’OFAC, ce qui conduirait alors à un la censure du réseau Ethereum PoS.
Pour Eric Wall, la solution serait alors dans ce genre de cas de “couper” ces validateurs, ce en retirant une partie ou la totalité de leurs jetons placés en staking en guise de pénalité. Cela constituerait une défense solide contre les organismes gouvernementaux trop ambitieux.
Pour cette raison, et pour les problèmes techniques de mise en œuvre d’une chaîne conforme à l’OFAC, l’analyste a déclaré : “Il n’y a pas besoin d’un esprit brillant pour comprendre pourquoi une chaîne OFAC est fondamentalement morte-née”.
La validité de l’argument semble d’ailleurs être du côté de M. Wall. Le 19 août, le PDG de Coinbase, Brian Armstrong, a déclaré que l’entreprise préférerait cesser le staking Ethereum plutôt que de censurer les transactions sur le réseau.
Les arguments de l’OFAC tiennent-ils la route ?
L’Office of Foreign Assets Control (OFAC) administre et applique des sanctions économiques étrangères. La plupart du temps, ces sanctions visent des pays et des groupes d’individus impliqués dans des actes de terrorisme ou des délits liés aux stupéfiants.
Au début du mois d’août, cette convention s’est trouvée bouleversée lorsque l’OFAC a sanctionné le service de mixeur de crypto-monnaies Tornado Cash, s’en prenant à un code plutôt qu’à un individu ou une organisation.
Selon une déclaration publiée par l’OFAC le 8 août, Tornado Cash “a été utilisé pour blanchir plus de 7 milliards de dollars de monnaie virtuelle depuis sa création en 2019”.
Ces propos se trouvent contredits par la société d’analyse de chaînes Elliptic, qui associe à une activité criminelle un montant bien moindre de 1,54 milliard de dollars de ses transactions totales. Bien que ce chiffre soit encore considérable, il s’avère nettement inférieur aux 7 milliards de dollars cités par l’OFAC. Elliptic affirme de plus que le chiffre de 7 milliards de dollars représente le volume total des transactions effectuées par le protocole depuis sa création.
La mention de 7 milliards de dollars par l’OFAC semble indiquer une position extrêmement rigide, rejetant tout cas d’utilisation légitime et qualifiant 100 % de toute activité sur la plateforme de blanchiment d’argent.
Cependant, malgré cet apparent échec d’analyse, l’organisme a intensifié ses efforts pour mieux examiner les transactions crypto.
Début mai, l’agence a ainsi demandé à Chainalysis de lui fournir des options de regroupement d’adresses, des outils d’exploration de portefeuilles ainsi qu’une cartographie des flux de transactions.
Plus tard dans le mois, l’agence s’est abonnée aux packs de formation et de soutien de Chainalysis, y compris à leurs licences Rumker. Ce pack comprend des capacités d’observation et de nœuds, permettant à l’OFAC de localiser avec précision l’emplacement de nœuds de serveurs spécifiques.
Ainsi, après avoir acquis le puissant logiciel d’analyse de Chainalysis, l’OFAC semble disposer de tous les outils nécessaires pour effectuer des analyses beaucoup plus justes et plus efficaces que par le passé.
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