Lors de l’interview qu’il a accordée ce vendredi 28 juillet au Bloomberg Daybreak Podcast, Gary Gensler, directeur de la Securities and Exchange Commission (SEC), a tenu l’un de ses discours les plus véhéments à ce jour au sujet de l’industrie des crypto-monnaies.
D’après les propos de M. Gensler, le secteur crypto est “un domaine où les fraudes et les escrocs sont légion”. Le président de la SEC a également mis en doute les perspectives d’un ETF Bitcoin dans un secteur où le respect des règles est si peu appliqué. Il a ainsi appelé à “plus de policiers sur le terrain” pour traduire en justice les mauvais acteurs.
Gary Gensler n’en finit pas de diaboliser la crypto
Lorsque l’animateur du podcast a interrogé M. Gensler sur les ramifications de la victoire partielle de Ripple contre la SEC dans leur long procès, le président de l’organisme américain de régulation a préféré esquiver la question.
L’animateur a d’ailleurs noté que la décision du tribunal confirme que le jeton de Ripple, le XRP, ne constitue une valeur mobilière que lorsqu’il est vendu à des investisseurs institutionnels. Ce n’est cependant pas le cas lorsque les gens l’échangent sur les exchanges.
Selon l’animateur, Gary Gensler a cependant déclaré être “déçu” par la décision, avant qu’il lui soit demandé de préciser son point de vue. Ainsi, la SEC n’accepte pas cette décision sans réagir, mais que voulait-elle dire lorsqu’elle a déclaré qu’elle avait “l’intention de demander un réexamen supplémentaire” ?
A ce sujet, la réponse du directeur s’est avérée assez vague :
“La Commission n’a pas agi sur ce point, et si le personnel émet une recommandation, nous en discuterons et nous l’aborderons à ce moment-là. Mais je n’ai rien de plus à vous dire à ce sujet”.
Des réponses vagues mais toujours anti-crypto
L’animateur a ensuite demandé si la décision de Ripple compliquait les efforts de la SEC pour réglementer les jetons crypto en tant que titres.
Là encore, plutôt que de fournir une réponse directe, Gary Gensler a contourné le sujet.
” [En ce qui concerne l’investissement dans les cryptomonnaies], beaucoup d’investisseurs devraient être conscients qu’il ne s’agit pas seulement d’une classe d’actifs hautement spéculative, mais aussi d’une classe d’actifs pour laquelle ils ne doivent pas s’attendre à bénéficier des protections offertes par les lois sur les valeurs mobilières. Ce, même si les lois sur les valeurs mobilières s’appliquent à un grand nombre de ces jetons, sans préjuger d’aucun d’entre eux. Mais en tant qu’investisseurs, vous ne bénéficiez pas d’une information complète, juste et sincère. Et les plateformes, les intermédiaires, agissent d’une manière que nous n’autoriserions jamais, en un jour, ou que la Bourse de New York ou le Nasdaq ne feraient jamais. Les plateformes, souvent, mélangent ou négocient contre vous et ont souvent des teneurs de marché de l’autre côté des transactions”.
Sur sa lancée critique, M. Gensler a ensuite émis une condamnation catégorique du secteur crypto, en plus d’une qualification à demi-mot.
“Il s’agit d’un domaine où les fraudes et les escroqueries sont légion. Il y a aussi des acteurs de bonne foi, mais beaucoup trop n’en sont pas”, a-t-il déclaré.
Et qu’en est-il des ETF Bitcoin au comptant ?
L’animateur a noté que de nombreux acteurs du secteur crypto ont contacté les régulateurs pour obtenir l’approbation d’un ETF spot sur Bitcoin.
L’acteur le plus important sur ce terrain est BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, et qui attend une réponse à sa demande d’ETF.
Pour le moment, aucune autorisation n’a été accordée. L’animateur a demandé à M. Gensler ce qu’il pensait de cette avalanche de dossiers. Au lieu de répondre à la question ou d’apporter des éclaircissements sur la question des ETF en BTC, ce dernier a de nouveau critiqué l’industrie. Il a déclaré :
“C’est un domaine où il y a beaucoup de non-conformité, et les plateformes elles-mêmes, où se déroulent les échanges de divers jetons crypto – bien qu’une partie relève des lois sur les valeurs mobilières – ne sont pas nécessairement conformes à ces protections éprouvées contre la fraude et la manipulation.”
La CTFC prendra-t-elle le relai en matière de régulation ?
Sur la fin de l’interview, l’animateur note que ce jeudi 27 juillet, le Comité des services financiers de la Chambre des représentants a avancé une législation qui transférerait la majeure partie de l’autorité sur les crypto-monnaies à la Commodity Futures Trading Commission (CFTC). Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour que ce changement devienne une loi. Alors qu’en pense Gary Gensler ?
Une fois de plus, ce dernier a refusé de donner une réponse directe.
“Je comprends votre question, mais je pense que les membres de la Chambre des représentants apprécieraient que je continue à leur faire part de mes réflexions directement”.
L’animateur a ensuite demandé à M. Gensler s’il pensait qu’il serait judicieux d’augmenter les amendes imposées par la SEC aux acteurs fautifs. Le président a répondu :
“Si vous me demandez si nous avons besoin d’une plus grande autorité, je vous répondrai que nous avons besoin de plus de policiers sur le terrain. Nous avons besoin de plus de ressources. Notre agence fait la même taille qu’en 2016. Nous avons en fait diminué, nous sommes en quelque sorte revenus en arrère et pourtant, les marchés ont connu une croissance très importante au cours de ces sept années”.
Morale de l’histoire : Avec Gary Gensler, mieux vaut savoir lire entre les lignes.
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