Alors que le Salvador a fait les gros-titres en 2021 pour avoir été le premier pays à donner cours légal au Bitcoin, il ne serait en fait peut-être pas le premier état à avoir adopté une cryptomonnaie comme monnaie officielle. Le Liberland, micro-nation européenne auto-proclamée compte en effet sa propre cryptomonnaie depuis 2019.
Mais qu’est-ce que le Liberland ?
Sur les rives du Danube, entre les frontières de la Serbie et de la Croatie, se trouve une parcelle de territoire inhabitée, ayant causé une mésentente entre les deux pays en 1947, laquelle a été mise en suspens, puis oubliée.
Près d’un demi-siècle plus tard, suite à la dissolution de la Yougoslavie en 1992, ces terres désertiques et marécageuses étaient donc sans propriétaire. Chaque pays restant sur ses positions, considérant que le morceau de territoire appartient à l’autre, deux citoyens européens ont saisi l’opportunité qui s’ouvrait. Se basant sur le concept juridique du Terra Nullius (proche du no man’s land), le politicien tchèque Vít Jedlička et sa compagne Jana Markovičová ont alors revendiqué la région.
Le 13 avril 2015, ils proclament la République Libre du Liberland, et en brandissent son drapeau le même jour. En effet, selon un vieux concept, la première personne à découvrir et revendiquer un territoire en deviendrait vraisemblablement le propriétaire.
Le développement d’un des plus petits états d’Europe
“Grande” de seulement 7 km carrés, cette nouvelle micronation a fait du chemin depuis sa création. Une constitution et un président ont vite suivi sa proclamation, mais son succès ne s’arrête pas là.
En droit international, trois éléments sont nécessaires à la formation d’un État : un territoire, une population, et la reconnaissance internationale. Le Liberland possède son territoire depuis 2015, et l’histoire très récente de ce nouveau pays a séduit un bon nombre de curieux. En effet, la République du Liberland compte déjà un millier de citoyens, et surtout plus d’un demi-million de demandes de citoyenneté.
Forte de ces deux premières réussites, il lui reste à obtenir ce qui constitue le plus grand challenge : la reconnaissance internationale.
Pour cela, il lui a fallu constituer un gouvernement. Le Liberland a réussi l’exploit d’avoir non moins de 70 représentants diplomatiques de partout dans le monde. Et ce n’est pas tout ; le Liberland a été reconnu comme état souverain par d’autres micronations telles que le Royaume d’Enclava, la Principauté du Sealand, le Royaume du Soudan du Nord mais aussi le Somaliland.
Un vent de modernité souffle sur le territoire du Liberland, pourtant longtemps oublié
Le but du Liberland étant de créer une nation sans impôts où la liberté sera exacerbée, une volonté d’être en avance sur son temps s’y impose donc.
Un des pouvoirs régaliens d’un État est de frapper sa propre monnaie. D’ailleurs, le Liberland a choisi depuis 2019 une monnaie digitale comme monnaie officielle. Si le Liberland accepte toutes les monnaies, gouvernementales ou numériques, c’est la cryptomonnaie Merit (LLM) qui est la monnaie officielle de cette République.
Le Liberland Merit est disponible sur la plateforme d’échange Altilly. Il s’inscrit sur la blockchain de Bitcoin Cash et se sert de la technologie Simple Ledger Protocol (SLP). Pour l’instant, seulement 1 million de Merit ont été codé, mais plus peuvent être ajoutés dans le futur. Avec un cours proche de celui du dollars, la capitalisation boursière du LLM est pour l’instant d’environ 1,1 million de dollars.
En plus d’être une cryptomonnaie, le Merit, en qualité de token numérique, permettra à ses détenteurs de l’utiliser afin de voter ou donner son opinion, à l’instar des parts d’une entreprise.
Alors, en plus d’avoir apparemment raflé la primeur du Salvador en termes de monnaie numérique, le Liberland serait-il assez moderne pour proposer un nouveau système de société ? La Crypto-Démocratie? La Decentralized Democratie ? La Blockchain Republique.
Tout est neuf dans ce pays, alors pourquoi ne pas explorer leur système de vote par token pour revoir les bases des fonctionnements d’un état ? On parle souvent de décentralisation en politique ; ici, cela prendrait un tout nouveau sens avec une étape plus lointaine en visée.
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