Ethereum a longtemps été le roi incontesté des plateformes de contrats intelligents. Cependant, à mesure que 2025 avance, des fissures au sein même de sa fondation commencent à apparaître.
L’Ethereum Foundation (EF), une organisation à but non lucratif chargée de superviser le développement de la blockchain, traverse l’une de ses phases les plus turbulentes en date.
Crise de leadership à l’Ethereum Fondation
Des remaniements au sein de la direction, des conflits internes et un investissement controversé de 165 millions de dollars dans la DeFi ont soulevé des inquiétudes concernant la gouvernance et la neutralité d’Ethereum. Ces luttes tombent à un moment critique. Le marché crypto évolue, et de nouveaux prétendants émergent comme de sérieux challengers pour la position d’Ethereum en tant que deuxième plus grande crypto-monnaie.
Vitalik Buterin a récemment confirmé une restructuration au sein de l’Ethereum Foundation afin de résoudre des problèmes de longue date concernant la gouvernance. Cette refonte a été motivée par plusieurs controverses notamment le scandale EigenLayer ; deux chercheurs de l’Ethereum Foundation, Justin Drake et Dankrad Feist, avaient pris des rôles de conseillers très lucratifs avec EigenFoundation.
« Que fait un contributeur clé de l’EF lorsqu’il accepte des rôles sur des projets ayant des incitations conflictuelles avec Ethereum ? Où est la neutralité crédible », a plaisanté eMon, un internaute connu sur X.
EigenLayer, un protocole de restaking, permet à ses utilisateurs de tirer parti de leur ETH staké liquide sur d’autres réseaux. Au-delà d’un capital plus efficace, ce protocole soulève des préoccupations concernant le modèle de sécurité d’Ethereum. Lorsque le trader crypto Cobie a divulgué que Drake et Feist avaient reçu des millions en tokens EIGEN d’EigenLayer, la communauté a fait par de son indignation.
Les critiques ont en effet perçu cela comme un conflit d’intérêts évident, des initiés d’Ethereum ayant profité de leur influence sur le développement du protocole. Le scandale a finalement poussé l’Ethereum Foundation à introduire une politique formelle de conflit d’intérêts en mai 2024.
Drake a finalement démissionné d’EigenLayer, mais la crédibilité d’Ethereum se trouvait déjà entachée. Beaucoup se sont demandé si les chercheurs et responsables d’Ethereum étaient dignes de confiance, remettant en question leur volonté d’agir dans le meilleur intérêt du réseau plutôt que pour leur gain financier.
Un investissement dans la DeFi de 165 millions de dollars
En parallèle de l’affaire EigenLayer, l’Ethereum Foundation a pris une autre décision surprenante en engageant 50 000 ETH (environ 165 millions de dollars) dans la DeFi. Cette initiative visait à reconstituer le trésor de l’EF, qui avait diminué de 39 % au cours des trois dernières années. La fondation a alloué ces fonds par le biais d’un portefeuille multi-signature 3-sur-5 et les a déployés dans des protocoles de prêt comme Aave et Lido.
Selon les données de Spotonchain, le trésor de l’EF détenait 752 millions de dollars au moment de la rédaction de cet article.
L’Ethereum Foundation a évité de staker son ETH des années durant, ce en raison de préoccupations concernant les risques réglementaires et la neutralité du réseau. Cependant, avec le cours de l’ETH en berne face à Bitcoin, tandis que l’écosystème Ethereum perd du terrain en termes d’activité des développeurs et d’activité des utilisateurs et de part de marché, l’EF a décidé d’adopter une approche financière plus agressive.
Certains ont perçu cette approche comme une stratégie fûtée afin de générer des revenus passifs, tandis que d’autres pensent que cela témoigne d’un certain désespoir face au déclin de la domination d’Ethereum.
Débat sur les limites des frais de gaz : la mise à l’échelle au détriment de la sécurité ?
En parallèle, Ethereum se trouve actuellement au coeur d’un autre débat crucial concernant la hausse de sa limite de gaz. La limite de gaz d’Ethereum a en effet dépassé 32 millions, près de 52 % des validateurs du réseau ayant fait part de leur soutien à une hausse.
L’argument serait le suivant : l’augmentation de la limite de gaz réduirait les frais de transaction et rendrait le réseau plus efficace.
« Ce sera la première augmentation sous preuve d’enjeu. Sachant que la PoS est bien plus décentralisée que les technologies obsolètes comme la PoW, il a fallu plus de temps pour se coordonner. Qui sera le héros pour nous faire franchir le cap » a écrit sur X Evan Van Ness, ancien directeur des opérations de Consensys.
Cependant, cette approche ne fait pas l’unanimité. Les critiques craignent pour leur part qu’une augmentation trop agressive de la limite de gaz pourrait déstabiliser le réseau Ethereum. Selon eux, cela rendrait d’autant plus difficile la participation des petits validateurs, ce qui pourrait conduire à une plus importante centralisation.
De son côté, le cofondateur d’Ethereum, Vitalik Buterin, prêche la fourche Pectra, qui promet une meilleure utilisabilité du réseau.
« …Je pense nous devrions également faire voter la cible du “blob” par les stakers afin qu’elle puisse augmenter en réponse aux améliorations technologiques sans attendre les hard forks » a partagé Buterin sur X.
Alors qu’Ethereum se trouve déjà aux prises avec des risques de restaking, des conflits d’intérêts et des différends de gouvernance, ce débat sur la limite de gaz ne fait que renforcer l’incertitude quant à l’avenir de cette blockchain.
Ethereum face la concurrence : l’altcoin n°1 menacé
Avec un ETH en sous-performance par rapport à d’autres actifs, les investisseurs examinent les concurrents potentiellement capables de le détrôner de sa position de n°2 derrrière Bitcoin dans le classement crypto. Solana, par exemple, a connu une forte résurgence, attirant développeurs et utilisateurs grâce à ses faibles frais et ses transactions à grande vitesse. Néanmoins, Juan Pellicer, analyste principal chez IntoTheBlock, explique que Solana a encore un long chemin à parcourir avant de pouvoir détrôner Ethereum.
« Bien que Solana puisse continuer à croître et potentiellement dépasser Ethereum dans des niches spécifiques, il est peu probable qu’elle surmonte la position bien établie d’Ethereum en tant que plateforme dominante dans un avenir immédiat, bien que le paysage concurrentiel s’avère dynamique et en évolution, » a expliqué Pellicer à BeInCrypto dans une interview exclusive.
De leur côté, Binance Smart Chain (BSC), Avalanche (AVAX), et même des solutions de blockchain modulaire comme Celestia (TIA) gagnent également du terrain. Dans ce contexte, la question n’est plus de savoir si Ethereum restera la plateforme dominante de contrats intelligents. Il s’agirait de savoir si cet altcoin peut maintenir sa position en tant que deuxième plus grande crypto-monnaie.
Si Ethereum continue de faire face à des problèmes de gouvernance et des défis de scalabilité tandis que les concurrents offrent une meilleure efficacité et expérience utilisateur, sa place sur le marché pourrait être en danger.
Compte tenu de tous ces développements, les investisseurs devraient-ils encore s’intéresser à Ethereum en 2025 ?
Malgré ses problèmes persistants, Ethereum reste la plateforme de contrats intelligents la plus décentralisée et la plus largement adoptée. Son écosystème de développeurs solide, sa liquidité profonde et son infrastructure établie lui confèrent un avantage majeur. La récente restructuration au niveau de son leadership, la politique de conflit d’intérêts et les changements de gestion de trésorerie indiquent que l’EF prend des mesures pour corriger sa trajectoire.
Cependant, les risques sont indéniables. Ethereum se trouve à un moment charnière de son histoire ; ses prochaines actions détermineront ainsi s’il peut maintenir sa domination ou si un nouveau leader du marché le détrônera. Les investisseurs devraient peser tous ces facteurs avec soin, évaluant les solides fondamentaux d’Ethereum face à l’incertitude entourant sa gouvernance et son développement futur.
Dans tous les cas, Ethereum est en train de changer, et la communauté doit décider si ces changements s’avèrent positifs ou s’ils marquent le début de son déclin.
Les données de BeInCrypto montrent que l’ETH se négociait à 2 664 $ au moment de rédaction de cet article, en hausse de presque 2 % depuis l’ouverture de la session.
Morale de l’histoire : L’éternel deuxième de la crypto ne le reste que s’il se bat pour passer premier.
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