L’émission Spotlight, créée par l’incubateur angevin Cube3, a été présentée en avant-première à Angers le mardi 8 juillet, avant une publication globale sur YouTube dès le 9 juillet. Ce programme, qui a élu le meilleur entrepreneur tech français de 2025 entre 25 participants, a compté parmi son jury de grands noms du secteur crypto français, notamment avec Eric Larchevêque, cofondateur de Ledger, et Nicolas Louvet, actuel CEO de Coinhouse. La semaine dernière, nous nous sommes entretenus avec M. Louvet à l’occasion d’un échange vidéo afin de revenir sur cette expérience à ce jour unique pour la crypto française, et de parler des défis et particularité de l’entrepreneuriat fintech.
En 2014, Eric Larchevêque a fondé la Maison du Bitcoin, qui a finalement évoluée pour devenir indépendante de Ledger et se renommer Coinhouse en 2018, en parallèle de l’arrivée de Nicolas Louvet à sa tête.
Avant de prendre la tête de Coinhouse, Nicolas Louvet a évolué dans la finance traditionnelle et a notamment travaillé dans le domaine du capital-risque. Cet ancrage financier lui permet aujourd’hui d’apporter à la fois rigueur et vision stratégique à l’essor d’un acteur crypto réglementé, tout en restant tourné vers l’innovation et l’union croissante des actifs numérique et de la TradFi.
Spotlight sur les entrepreneurs français
Pour Nicolas Louvet, la participation à Spotlight a été bien plus qu’un simple rôle de juré. Elle a représenté une opportunité de valoriser l’écosystème crypto français dans un cadre structuré, inspiré et grand public. En mettant en lumière des porteurs de projets issus de secteurs technologiques émergents, l’émission a permis de rapprocher l’innovation crypto du monde entrepreneurial traditionnel.
« Le thème de Spotlight me parle naturellement. J’ai longtemps travaillé dans l’investissement avec la sélection d’entrepreneurs et de projets. C’est également quelque chose d’innovant », note-t-il durant notre entretien, insistant sur le partenariat avec Cube3, l’un des premiers incubateurs web3 français, qui a cherché à repousser les limites de ce à quoi la crypto nous a habitués avec ce processus de sélection au considérable prix à la clé.
Cet échange a également été l’occasion de souligner que l’événement contribue à faire sortir la crypto de son isolement sectoriel, en l’insérant dans une dynamique entrepreneuriale plus large, encadrée et reconnue.
Ainsi, ce type d’initiative pourrait s’avérer essentiel pour faire évoluer l’image encore très niche de la crypto et pour mettre en avant les entrepreneurs sérieux, innovants et alignés sur les exigences du marché français et européen.
De l’investissement vers l’entrepreneuriat
Avant de prendre les rênes de Coinhouse, Nicolas Louvet évoluait dans l’univers de la finance traditionnelle, en tant que professionnel de l’investissement. Ce bagage, qu’il revendique pleinement, l’a préparé à une approche unique du secteur crypto, notamment sur les enjeux de gouvernance, de conformité et de stratégie à long terme.
Il revient dans l’interview sur ce basculement fondateur : « Dans les fonds d’investissement, votre management est assez limité, vous n’êtes qu’avec des gens qui vous ressemblent et les équipes sont assez concentrées. Aujourd’hui, je manage indirectement une centaine de personnes […] et c’est quelque chose que j’ai dû apprendre. »
Ce changement de cap, dit-il, l’a amené à adopter une posture plus opérationnelle, mais aussi plus humaine et plus humble, au contact direct des utilisateurs, de l’innovation technologique comme des régulateurs.
Nicolas parle ainsi d’un challenge total dans cette reconversion vers le management, notant l’importance de concentrer toute son attention sur un même secteur et d’établir une stratégie précisément adaptée à celui-ci. Sous sa direction, Coinhouse s’est structurée comme une entreprise à ambition française et européenne, dans une dynamique de consolidation à plus grande échelle alimentée par les nouvelles réglementations.
Coinhouse, une plateforme hybride
Coinhouse se distingue par une double ambition : proposer des services d’investissement crypto accessibles et sécurisés alignés strictement sur les exigences réglementaires européennes récemment établies par MiCA, mais aussi offrir à ses clients un véritable accompagnement personnalisé. Nicolas Louvet insiste sur cette singularité : « Coinhouse n’est pas un exchange dans le sens ou nous ne sommes pas une bourse. Nous sommes ce qu’on appelle en anglais un broker-dealer […] Nous ne visons pas une clientèle de grands experts dans le trading mais plutôt des gens qui cherchent à accéder à des crypto puis les conserver et les utiliser. »
Sous son impulsion, la société a rapidement obtenu le statut de Prestataire de Services sur Actifs Numériques (PSAN) auprès de l’AMF, une démarche encore rare dans l’écosystème à l’époque.
L’autre particularité de Coinhouse et qui va – M. Louvet lui-même le reconnait – un peu à l’encontre du principe d’auto-garde promu par Ledger, est son service de garde sécurisée d’actifs crypto. « L’idée de Ledger est “garde tes crypos toi-même” […] mais comme on l’a vu récemment, garder ses cryptos soi-même présente un certain type de risques qui doit être mitigé par le fait d’avoir une majorité de cryptos conservées par un acteur de confiance. ». Un discours qui semble particulièrement pertinent à une époque où les kidnappings et autres violences à l’égard des détenteurs de cryptos ne font que bien trop souvent la une des médias.
Enfin, contrairement à d’autres plateformes, souvent impersonnelles ou opaques, Coinhouse mise sur la proximité et le conseil humain pour démocratiser l’investissement en cryptoactifs.
Les piliers de l’avenir de la crypto dans un monde en chamboulement constant
Concernant les perspectives d’évolution du marché, Nicolas Louvet adopte une approche lucide et structurée. Il distingue clairement trois piliers de développement à ses yeux stratégiques : Bitcoin, les stablecoins et la réglementation européenne.
Bitcoin reste l’actif fondamental de l’écosystème, et dont l’achat est selon lui « maintenant nécessaire d’être considéré par quasiment toute la population ». À ses yeux, le rôle de Bitcoin est aujourd’hui mieux compris et intégré dans des stratégies patrimoniales sérieuses.
Au sujet des stablecoins, il voit là un produit particulièrement pertinent et puissant. Pour lui, ces actifs stables, adossés à des grandes devises comme l’euro, la livre sterling ou encore le yen, méritent d’être sérieusement considérés dans chaque pays, ne serait-ce que pour se protéger d’une trop grande dépendance au dollar. Concernant l’importance pour une nation de disposer d’une version tokénisée de sa monnaie, il ne parle d’ailleurs pas « d’une question de choix, mais d’une obligation ».
Cela dit, l’essor du stablecoin ou d’autres monnaies tokenisées dépendra grandement de son usage, notamment dans le domaine des paiements numériques et dans leur capacité de transferts.
Concernant l’évolution du marché, le CEO de Coinhouse considère que « le début de l’année nous a été un peu confisqué par la géopolitique, les annonces du président américain et l’environnement économique » mais que la résilience du Bitcoin et de l’ensemble du marché crypto face à ce climat instable suggère une vision qu’il qualifie de raisonnablement optimiste. « Je pense que le marché est bien parti pour continuer sur une hausse […]. Il y a toujours des phases de correction, mais je pense que le moment qu’on vit actuellement est vraiment intéressant. »
Cet entretien avec Nicolas Louvet nous a ainsi permis de mettre les projecteurs sur une génération d’entrepreneurs crypto désireux de bâtir des structures solides, réglementées et orientées vers l’intérêt des utilisateurs. La participation du CEO de Coinhouse à Spotlight symbolise bien cette volonté de rapprocher les mondes de la crypto, de la tech et de l’économie réelle.
Avis de non-responsabilité
Avis de non-responsabilité : conformément aux directives de The Trust Project, cet article d’opinion présente le point de vue de l’auteur et ne reflète pas nécessairement les opinions de BeInCrypto. BeInCrypto s’engage à fournir des informations transparentes et à respecter les normes journalistiques les plus strictes. Les lecteurs sont invités à vérifier les informations de leur propre chef et à consulter un professionnel avant de prendre des décisions sur la base de ce contenu.
