Différents pays et régions du monde appliquent des stratégies distinctes pour contribuer à la prochaine hausse du marché crypto. Voici une liste des cinq principales juridictions responsables de la croissance de la crypto-monnaie.
Les réglementations relatives aux crypto-monnaies varient considérablement d’un pays à l’autre, certains étant plus ouverts au développement des actifs numériques. L’impact d’une réglementation favorable à la crypto dépend de plusieurs facteurs, notamment des mesures réglementaires spécifiques adoptées et de la mesure dans laquelle les pays les appliquent.
Néanmoins, une réglementation favorable aux crypto-monnaies peut apporter stabilité et légitimité au marché. Cela peut inciter davantage d’investisseurs institutionnels et d’institutions financières traditionnelles à rejoindre cet espace. Ainsi, des investissement et une adoption supplémentaires peuvent contribuer à alimenter une hausse des cours crypto.
Les sources de bull run
Ils ont beau attendre avec impatience le prochain bull run crypto, les investisseurs et les amateurs d’actifs numériques ne peuvent pas savoir quand il démarrera. Cela dit, certains croient savoir d’où il partira.
En février dernier, Cameron Winklevoss, cofondateur de la bourse Gemini, a déclaré que le prochain bull run crypto viendra de l’Est. Il faisait là référence au fait que les pays asiatiques ont adopté les monnaies numériques, en introduisant des réglementations raisonnables qui pourraient entraîner des niveaux records d’investissement institutionnel.
Selon Chainalysis, l’Asie centrale, l’Asie du Sud et l’Océanie (CSAO) constituent le troisième plus grand marché crypto pour son indice en 2022. Les citoyens y ont bénéficié de 932 milliards de dollars de croissance de ce marché entre juillet 2021 et juin 2022.
Avec cela en tête, voici cinq pays qui pourraient être les moteurs du prochain bull run crypto. Vous trouverez également des prévisions sur la date à laquelle ils pourraient adopter des réglementations favorables aux crypto-monnaies et sur les actifs qui en bénéficieront.
Les Emirats arabes unis
En premier, on trouve les Émirats arabes unis (EAU). Les EAU ont introduit des réglementations pro-crypto en 2018 lors de l’annonce de leur stratégie blockchain. Cependant, ce n’est qu’au début de 2022 que l’industrie de la crypto a commencé à migrer vers les villes émiraties comme Dubaï, ce du fait que les EAU ont annoncé qu’ils introduiraient une licence fédérale pour les fournisseurs de services dits d’actifs virtuels ou VASP. Parmi lesquels, les exchanges crypto.
Cette licence fédérale combinait en fait toutes les licence crypto que le pays avait créées à ce moment-là. Dans les mois qui ont suivi, les gros titres n’ont pas manqué concernant des entreprises telles que des écoles internationales acceptant des paiements en crypto-monnaie et des agences gouvernementales s’essayant au métavers et aux NFT.
Fin 2022, le ministère de l’économie des Émirats arabes unis a même établis un siège virtuel dans un métavers personnalisé. Les Émirats arabes unis sont ainsi devenus le foyer de plus d’un millier et demi de projets et d’entreprises crypto.
D’autres villes des Émirats, notamment Abu Dhabi, ont annoncé au début de l’année des initiatives de plusieurs milliards de dollars dans le domaine de la crypto, surfant sur l’engouement pour ce marché. Le ministre du commerce extérieur des Émirats arabes unis a pour sa part déclaré que les crypto-monnaies joueraient un rôle important dans le commerce des Émirats.
L’adoption de la crypto par les Émirats arabes unis a également semblé provoquer des remous dans d’autres pays du Golfe, comme Oman, qui a révélé vouloir introduire des réglementations sur les actifs numériques dans les mois à venir.
Le problème de la “liste grise”
Si l’adoption crypto aux Émirats arabes unis a été positive, un problème mineur a toutefois entravé son potentiel. Il s’agit de l’accès aux services bancaires.
Selon les analystes concernant la régulation aux Émirats arabes unis, la réglementation en faveur des actifs numériques n’a pas encore incité les banques locales à ouvrir des comptes pour les clients crypto. Cela pourrait être dû au fait que le Groupe d’action financière, ou GAFI, a placé les Émirats arabes unis sur sa liste grise en mars. En effet, la liste grise indique qu’il est plus difficile d’effectuer des transactions avec le système bancaire mondial.
Une situation bientôt résolue ?
Cette situation n’est pas idéale pour les projets et les entreprises crypto qui cherchent à satisfaire des clients internationaux. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les Émirats arabes unis ont pris des mesures pour se retirer de la liste du GAFI. Parmi celles-ci, on trouve notamment un renforcement des réglementations relatives aux cryptos confidentielles et à la demande de davantage d’informations de la part des projets et des entreprises crypto.
Ces réglementations révisées sur les actifs numériques devraient permettre aux banques des Émirats arabes unis d’être plus à l’aise pour servir les clients des crypto-monnaies et, avec un peu de chance, suffire pour que les Émirats arabes unis ne figurent plus sur la liste grise.
Si ces deux éléments se concrétisent, cela pourrait enfin ouvrir les vannes du capital crypto dans le pays. La seule mise en garde concerne les réglementations qui constituent un obstacle à l’investissement dans les crypto-monnaies aux Émirats arabes unis. En effet, l’incertitude persiste concernant les monnaies numériques autorisées par la loi islamique. Pour rappel, les jeux d’argent sont interdits par l’islam ; et on peut se permettre de dire qu’une grande partie de l’investissement dans la crypto n’est pas bien différente des jeux d’argent.
Il est donc logique que les Émirats arabes unis soient particulièrement intéressés par le métavers et les NFT, dont l’élément de propriété numérique les rend plus acceptables du point de vue de l’islam Ainsi, les cryptomonnaies du métavers et des NFT pourraient bénéficier des flux les plus importants de l’adoption continue des crypto-monnaies par les Émirats arabes unis.
L’Arabie Saoudite
Cela fait la transition avec le deuxième pays à surveiller : L’Arabie saoudite. Contrairement aux Émirats arabes unis, le gouvernement saoudien a interdit aux banques de traiter les transactions liées aux cryptomonnaies en 2018, en plus de déclarer que l’échange de cryptomonnaies était illégal. Cependant, il n’y aurait pas de sanctions pour ceux qui négocient des actifs numériques.
Ainsi, cette absence de sanction est probablement la raison pour laquelle un grand nombre de citoyens saoudiens détiennent et échangent de la crypto.
Selon une enquête réalisée par KuCoin en mai 2022, environ 14 % des adultes saoudiens ont détenu ou échangé des crypto-monnaies au cours des six derniers mois. De même, 17 % s’intéressaient aux actifs numériques.
L’évidente popularité des crypto-monnaies en Arabie saoudite a donné naissance à des produits numériques supposément Halal, et qui ont commencé à faire la une des médias à la fin de l’année dernière. À la même époque, la Banque centrale saoudienne a annoncé qu’elle avait engagé un expert crypto pour l’aider à élaborer la politique du pays en la matière.
Avec l’émergence de la Mega City saoudienne et sa potentielle adoption des crypto-monnaies, Binance est déjà présente sur le terrain dans le pays. Cela prouve que le royaume envisage sérieusement une réglementation favorable à la crypto, ce probablement dans le but de rivaliser avec les autres pays du Golfe.
L’annonce inattendue, en début d’année, d’un partenariat entre le gouvernement saoudien et le projet crypto The Sandbox pour le développement d’un métavers en est d’ailleurs une preuve supplémentaire. Cela souligne l’attrait des métavers et des NFT pour les pays aux coutumes et aux lois islamiques.
Des rapports compliqués avec les Etats-Unis
Bien qu’il soit encore trop tôt pour dire si l’Arabie saoudite adoptera les crypto-monnaies dans les mêmes proportions que les Émirats arabes unis, sa géopolitique semble pousser le royaume pétrolier dans cette direction. Comme certains l’ont peut-être remarqué, les relations de l’Arabie saoudite avec les États-Unis s’affaiblissent, tandis que ses rapports avec la Chine se renforcent. L’Arabie saoudite envisagerait d’ailleurs de fixer le prix de certaines de ses ventes de pétrole à la Chine en yuans.
Il s’agit là d’une décision importante, car l’Arabie saoudite est censée fixer le prix de l’ensemble de son pétrole en dollars américains. Ainsi, le fait de fixer le prix d’une petite partie de son pétrole en yuans affaiblirait le dollar américain, ce qui contrarierait les États-Unis. C’est là que la situation devient très intéressante. Le riyal saoudien est rattaché au dollar américain au taux de 3,75 SAR pour 1 USD, ce depuis 1986. Si l’Arabie saoudite devait contrarier les États-Unis, par exemple en vendant son pétrole en devises étrangères, Washington pourrait prendre des mesures de rétorsion en limitant l’accès de l’Arabie saoudite à l’USD.
Le gouvernement saoudien semble d’ailleurs très conscient de la situation. C’est pourquoi la banque centrale saoudienne envisage de développer une monnaie numérique de banque centrale, ou CBDC. Ainsi, un riyal saoudien numérique pourrait permettre à l’Arabie saoudite d’éliminer la dépendance de sa monnaie à l’égard du dollar américain.
À la fin de l’année dernière, l’Iran, autre pays islamique, a autorisé les entreprises à utiliser les crypto-monnaies pour le commerce. De son côté, la Chine a récemment négocié un accord de paix entre l’Arabie saoudite et l’Iran. L’Iran pourrait ainsi utiliser la crypto pour commercer avec l’Arabie saoudite, ce qui inciterait les Saoudiens à faire de même.
Ainsi, si l’Arabie saoudite commence à utiliser les crypto-monnaies pour le commerce, les pays du Golfe suivront probablement le pas. En effet, les monnaies de la plupart des pays du Golfe sont également liées au dollar américain.
Hong Kong
La troisième juridiction sur notre liste est Hong Kong, un territoire relié à la Chine. Ainsi, cela laisse présager que l’ensemble de la natio chinoise suivra ses pas. Pour rappel, la Chine a interdit les crypto-monnaies en 2018 et a éradiqué ce qui restait de l’industrie en 2021.
Hong Kong était initialement considéré comme un refuge pour les entreprises et les projets crypto chinois, mais cela a changé après la prise de contrôle de l’État administratif à la suite de manifestations de masse en 2019 et 2020.
Fin 2020, Hong Kong a interdit le trading au détail des crypto-monnaies et a pris des mesures sévères à l’égard de cette industrie. Début 2022, la juridiction hongkongaise a alors commencé à cibler les stablecoins, car ils pourraient risqueraient d’éclipser une CBDC locale. De même, le fait que le dollar de Hong Kong soit rattaché au dollar américain suggère que Hong Kong pourrait également essayer d’échapper à l’influence des États-Unis avec une CBDC.
Plus tard dans l’année 2022, les autorités de Hong Kong ont indiqué que certaines NFT requéraient des réglementations supplémentaires. Ainsi, la région n’est peut-être pas aussi ouverte aux niches que sont le métavers et les NFT que les Émirats arabes unis ou l’Arabie saoudite. Cela pourrait être dû au contrôle strict exercé par la Chine sur les réseaux sociaux et à sa volonté de préserver cette mainmise.
Contrairement à la République populaire de Chine, les autorités locales ont envisagé de légaliser le trading et l’investissement au détail dans la crypto d’ici à la fin de 2022. Hong Kong s’est alors engagé à attirer plus de 1 000 entreprises et projets crypto au cours des trois prochaines années.
Au début de l’année, les autorités de Hong Kong ont précisé qu’elles souhaitaient limiter les investissements de détail aux crypto-monnaies les plus importantes et les plus liquides du secteur. Cela suggère donc que les actifs tels que le BTC et l’ETH pourraient être les plus grands bénéficiaires lors de leur légalisation cet été.
Un retour de veste à prendre avec des pincettes
Il n’est pas surprenant que le gouvernement chinois ait approuvé les projets de Hong Kong en matière de crypto. Il s’agit là d’un euphémisme, étant donné que les banques chinoises essaieraient de fournir des services bancaires aux entreprises et aux projets crypto à Hong Kong, ce bien que la monnaie numérique soit illégale sur le continent. De plus, les banques de Hong Kong ont également commencé à proposer à leurs clients des conversions de crypto-monnaie en monnaies fiat.
Arthur Hayes, ancien PDG du géant des produits dérivés crypto BitMEX, pense que la prochaine hausse du secteur pourrait commencer lorsque la Chine reviendra sur le marché, et que Hong Kong aura un rôle essentiel à jouer dans ce processus. Cependant, il y a des réserves à formuler. Les autorités de Hong Kong semblent opposées à tout, sauf à l’investissement dans la crypto. Les stablecoins autres les CBDC seront interdites, et la DeFi (finance décentralisée) sera également soumise à des restrictions.
Singapour
Ce qui nous amène à la quatrième juridiction à surveiller, Singapour, qui semble entretenir une relation d’amour-haine avec les crypto-monnaies. La ville-État a refusé des centaines de licences crypto, a interdit la publicité liée aux monnaies numériques et a même fermé les guichets automatiques crypto au début de l’année dernière. En revanche, KPMG a constaté que les investissements en actifs numériques au sein de cette petite nation étaient treize fois plus élevés qu’en 2021.
Les banques singapouriennes ont commencé à étendre leurs services aux investisseurs de détail au début de 2022 et plusieurs grandes sociétés crypto, dont Circle et Coinbase, ont obtenu des licences. De plus, les entreprises singapouriennes ont exploré les options de paiement en crypto-monnaie, et le gouvernement a étudié la possibilité de tokeniser des actifs sur des cryptos de type “Smart contract”. Pourtant, malgré ces gros titres, on n’a pas manqué de répressions contre l’industrie.
La plupart de ces mesures ont été prises après l’effondrement du fonds spéculatif Three Arrows Capital (3AC), lequel était basé à Singapour. Cette faillite ayant potentiellement été causée par l’implosion du stablecoin UST de Terra, les stablecoins ont fait partie des niches ciblées par les régulateurs singapouriens. Ceux-ci ont également émis le souhait de restreindre la participation des petits investisseurs dans les crypto-monnaies, mais semblent finalement avoir opté pour l’introduction d’une nouvelle réglementation applicable à tous.
Les régulateurs ont ainsi travaillé sur la rationalisation du processus de sélection pour les projets crypto et les entreprises qui cherchent à obtenir des comptes bancaires dans le pays. L’accès bancaire étant clairement le principal problème de l’industrie crypto, cette initiative pourrait donc s’avérer très positive.
La région n’est pas sans ses réserves
Aujourd’hui, le secteur pourrait encore rencontrer deux problèmes à Singapour. Tout d’abord, le pays a subi un préjudice financier direct lors de la faillite de FTX, qui s’est soldée par une perte d’emplois. En effet, le fonds d’investissement de Singapour, Temasek, a perdu environ 275 millions de dollars lorsque la bourse crypto a fait faillite. Cela a rendu Singapour sceptique à l’égard des plateformes crypto en général, ce qui a causé des problèmes à Binance et à acteurs du secteur.
Ensuite, Singapour a travaillé en étroite collaboration avec la Réserve fédérale sur une CBDC. Cela suggère que le pays est plus géopolitiquement aligné sur les États-Unis et qu’il n’essaie pas d’échapper à l’influence américaine en utilisant une CBDC, comme c’est le cas d’autres pays. Cela expliquerait pourquoi les autorités singapouriennes surveillent Binance plutôt que FTX, et pourquoi le pays continue d’osciller entre l’acceptation et le rejet de la crypto.
Pour ceux qui l’ignorent encore, Binance a fait l’objet d’un examen minutieux de la part des régulateurs américains ces derniers temps, tout comme le reste de l’industrie. Cela signifie que l’impact de Singapour sur le marché des crypto-monnaies pourrait aller dans les deux sens. En effet, il pourrait s’avérer positif si le pays décide de rivaliser avec ses voisins en matière de réglementation crypto, mais très néfaste si le pays choisit de suivre les pas des États-Unis.
La France
Le dernier pays à surveiller pourrait vous surprendre : La France. À première vue, la nation française est en train de devenir le pays le plus favorable aux crypto-monnaies en Europe, en dehors de la Suisse, et peut-être le plus favorable aux crypto-monnaies en Occident.
Depuis la réélection d’Emmanuel Macron en avril de l’année dernière, on a noté une avalanche de nouvelles pro-crypto. Pour commencer, Binance a pu s’enregistrer en tant que fournisseur de services d’actifs numériques dans le pays en mai dernier. Il s’agit d’un événement important, car Binance a fait l’objet d’un examen minutieux dans d’autres pays d’Europe. En septembre dernier, la Société Générale a commencé à offrir des services de garde de crypto-monnaies aux investisseurs institutionnels et a ensuite obtenu le même statut PSAN que Binance afin d’offrir encore plus de services crypto.
Ce, alors même que les banques américaines ont commencé à faire l’objet d’un examen minutieux pour avoir fait de même. Au début de l’année, Binance s’est associée à l’entreprise française Ingenico pour tester les paiements en crypto-monnaie dans le pays.
De même, il convient de noter que l’UE travaille sur sa réglementation en matière de crypto-monnaie et que la France fait figure de précurseur. De plus, Circle, l’émetteur de stablecoins USDC, a choisi la France pour y installer son siège européen.
Et la crypto dans le reste de la région ?
Si on tient compte du fait que Circle connaît les réglementations sur les crypto-monnaies partout dans le monde et que la société dispose de l’argent nécessaire pour s’installer n’importe où, le choix de la France confirme que le pays est finalement très favorable à la crypto. La position de la France semble correspondre au sentiment de l’UE et aux tentatives du continent de maintenir sa croissance économique face à de terribles obstacles.
Ainsi, si la France continue sur sa lancée, elle pourrait inciter d’autres pays à faire de même, et pas seulement en Europe. N’oublions pas que le français est l’une des langues les plus parlées au monde. Plus important encore, elle est parlée dans de nombreux pays d’Afrique et du Moyen-Orient qui tentent activement d’échapper au dollar américain. Il serait alors facile pour ces pays de suivre les traces de la France.
Morale de l’histoire : La crypto est sans frontières, mais son adoption dépend de nos frontières.
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