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CAR : Un memecoin “made in Africa” ou une supercherie ?

4 mins
Mis à jour par Célia Simon
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EN BREF

  • Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a surpris tout le monde en annonçant le memecoin CAR, mais très vite, des doutes ont émergé sur son authenticité.
  • Entre une vidéo potentiellement truquée, un site web suspendu et des incohérences techniques, plusieurs experts, dont Yokai Ryujin, ont tiré la sonnette d’alarme.
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Le président de la République Centrafricaine, Faustin-Archange Touadéra, a annoncé le lancement du memecoin CAR sur X, affirmant qu’il s’agissait d’une « expérimentation » visant à promouvoir le développement national et la présence du pays sur la scène crypto mondiale. Pourtant, dès les premières heures, de nombreux signaux d’alerte ont émergé : suspicion de deepfake sur la vidéo d’annonce, irrégularités dans l’enregistrement du site web, et une distribution on-chain qui interroge sur la réelle intention du projet.

CAR : Lancement éclair mais tâché de zones d’ombres

Le memecoin CAR a été lancé sur Pump.fun, une plateforme spécialisée dans l’émission de memecoins sur la blockchain Solana (SOL). Ce launchpad est connu pour permettre la création rapide de tokens, sans vérification préalable de l’identité des créateurs, ce qui favorise autant les projets légitimes que les rug pulls et scams.

Le contrat intelligent du CAR Token a été déployé à 22h25 UTC le dimanche 9 février 2025, et son prix a immédiatement explosé avec une capitalisation qui a atteint 530 millions de dollars en quelques heures, d’après les données de DexScreener.

L’engouement a été tel que de nombreux traders ont pris position sur l’actif, y voyant une opportunité unique d’investir dans ce qui pourrait être le premier memecoin national d’un pays africain.

Toutefois, plusieurs éléments techniques jettent une ombre sur cette initiative. La vidéo d’annonce du président Touadéra a été soumise à plusieurs modèles d’IA de détection de deepfake. L’outil Seferbekov de Deepware a estimé à 82% la probabilité que la vidéo soit générée artificiellement, bien que les outils Avatrify et Deepware Checker n’aient pas identifié de manipulation.

Par ailleurs, l’infrastructure du projet pose question. Le domaine officiel, car.meme, a été enregistré via Namecheap, un fournisseur de domaines low-cost généralement utilisé par des particuliers ou des développeurs indépendants, mais rarement par des institutions gouvernementales. Le “WHOIS” du site révèle que le domaine a été enregistré trois jours seulement avant l’annonce officielle, ce qui ne correspond pas aux pratiques classiques d’un projet d’envergure étatique.

Autre élément troublant : le compte X officiel @Car meme_news, censé relayer les actualités du projet, a été suspendu sans explication peu après le lancement. En réponse, le président Touadéra a indiqué sur X qu’il travaillait avec la plateforme pour rétablir l’accès, mais l’absence de communication officielle détaillée alimente la méfiance des observateurs.

Les experts avaient tiré la sonnette d’alarme sur le meme coin

Après avoir alerté la communauté sur l’enregistrement suspect du domaine, Yokai Ryujin, fondateur de Unrevealed XYZ, a poursuivi son enquête sur l’authenticité du projet. Il a souligné que l’absence de vérification KYC des créateurs sur Pump.fun rendait impossible l’identification des réels responsables derrière le memecoin. De plus, Le smart contract de CAR n’a pas été audité publiquement, et aucun rapport de sécurité n’a été fourni par une entreprise spécialisée comme CertiK ou SlowMist.

Peu de temps après ces révélations, Namecheap a suspendu le site officiel du projet, confirmant qu’il avait été signalé comme un « service abusif ». Cette suspension a amplifié les doutes sur la légitimité du CAR Token et a contribué à la défiance croissante des investisseurs.

Face à cette situation, Ryujin a publié un message sur X : « Je vous avais prévenus dès le départ et je continuerai à me battre pour la communauté », insistant sur la nécessité d’une vigilance accrue face à ce type d’initiatives.

Dans les heures qui ont suivi, la panique s’est emparée des détenteurs du token, provoquant un effondrement du CAR Token. Après son pic à 530 millions de dollars, la capitalisation du projet a chuté à 326 millions de dollars, entraînant une vague de liquidations.

L’historique en termes de crypto de la République Centrafricaine ajoute encore plus de complexité à l’affaire. En avril 2022, le pays avait adopté le Bitcoin (BTC) comme monnaie légale, devenant ainsi la deuxième nation après le Salvador à franchir ce cap. Cette décision avait été accompagnée du lancement du Sango Coin, un token censé attirer les investisseurs étrangers en échange de droits de résidence et de citoyenneté. Toutefois, en mars 2023, la législation sur les cryptos a finalement été annulée sous la pression de la CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale), mettant un terme au projet Sango.

Le lancement du memecoin CAR survient dans un contexte où plusieurs escroqueries similaires ont récemment secoué la sphère crypto. Ces dernières semaines, les comptes X de l’ancien Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad et de la plateforme DEXJupiter, basée sur Solana, ont été détournés pour promouvoir des memecoins frauduleux. Les similitudes avec CAR (une annonce soudaine, un pic de valorisation suivi de doutes sur l’authenticité du projet), poussent certains analystes à penser qu’il pourrait s’agir d’une opération frauduleuse sophistiquée.

Morale de l’histoire : Quand l’appât est trop beau, vérifie qu’il n’y a pas d’hameçon.

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Samuel Cange
Samuel Cange est un rédacteur crypto expérimenté, titulaire d'un master en économie de l'Université de Namur (Unamur). Ayant débuté sa carrière chez Cryptonaute en 2020, Samuel a développé une compréhension approfondie du marché des cryptomonnaies et de l'industrie de la blockchain. Il excelle dans les domaines de la Blockchain, de la Tokenisation, de la DeFi et du DePin, et est passionné par les marchés financiers et les technologies disruptives. Actuellement, Samuel apporte son...
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