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Paiements en cryptomonnaie : un objectif difficile pour l’industrie

6 mins
Mis à jour par Célia Simon
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EN BREF

  • Pourtant favorables à la prospérité des pays dans le monde, les paiements en cryptomonnaie restent les grands ennemis des banques.
  • Pour les acteurs de l'industrie, la mise en place des paiements en cryptomonnaies est un des principaux objectifs à remplir
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La généralisation des paiements en cryptomonnaie semble devenir une réalité dans le monde. Néanmoins, cette étape représente un véritable défi pour les acteurs de l’industrie. Constance Wang, cheffe de l’exploitation chez FTX, Iana Dimotrova, directrice générale d’OpenPayd, Jordan French, rédacteur en chef chez Grit Daily ainsi qu’Ali Erhat Balbant et Sam Buxton, respectivement co-fondateurs d’Afr et de Damex.io se sont rencontrés lors du Paris Blockchain Week Summit pour en discuter.

Les cryptomonnaies, un moyen de paiement pour les pays sous-bancarisés

Face aux différents moyens de paiement, tous les pays ne sont pas égaux. Alors que certaines banques refusent de s’installer sur certains territoires tandis que la situation politiques de certains gouvernements empêche le développement de l’économie, les cryptomonnaies représentent une véritable alternative pour la population. C’est ce que Constance Wang a pu constater lors d’un voyage au Sénégal.

Je suis allée visiter l’une des plus grandes galeries d’art du Sénégal et j’ai voulu acheter une œuvre là-bas. Lorsque le moment de payer est venu, on m’a informée que le terminal permettant d’utiliser la carte de crédit ne fonctionnait pas. On m’a proposé, à la place, de payer en cryptomonnaies ! La transaction a été rapide et sécurisée, simplement en scannant le QR connecté à mon portemonnaie crypto.

Constance Wang lors de la conférence au Paris Blockchain Week Summit

Pour Ali Erhat Balbant, la situation est la même en Turquie, d’où il est orginiaire.

En Turquie, les banques ne coopèrent pas et ne sont pas toujours liées entre elles. La population a parfois des problèmes lorsqu’il s’agit de payer dans un magasin, par exemple. Pour moi, le réseau Bitcoin associé à une carte bleue Visa pourrait être une solution rapide et sûre pour régler la situation. Certaines personnes l’utilisent déjà mais ce sont principalement des passionnés de cryptomonnaies, qui connaissent déjà très bien l’industrie.

Ali Erhat Balbant lors de la conférence au Paris Blockchain Week Summit

Contrairement à ce que l’on peut penser, les utilisateurs les plus assidus de cryptomonnaies ne sont pas issus de pays développés mais plutôt de territoires non bancarisés dont la situation les empêche de bénéficier des services financiers traditionnels. La demande dans ces pays-là est très grande. La plupart de la population utilise les portefeuilles crypto sur téléphone en guise de compte en banque et l’adoption massive des monnaies numériques y est donc quasiment acquise.

Source : compte Twitter du Paris Blockchain Week Summit

Les banques, véritables concurrentes

Dans les pays plus développés, la situation est tout autre et la confiance des clients potentiels est moins acquise. La généralisation des paiements en cryptomonnaie représente une opportunité pour l’industrie ainsi qu’un véritable conflit. Face à l’intérêt grandissant de la population pour les monnaies numériques, les banques se retrouvent dépourvues de solutions. Le phénomène s’explique, bien sûr, par le prisme économique sur lequel ces établissements basent leur activité (toute monnaie qui n’est pas fiduciaire est un simple actif à conserver) mais également par la peur obsessionnelle d’une future adoption massive qui pourrait engloutir tout leur système.

Il y a, en effet, de quoi s’inquiéter : les utilisateurs utilisent de plus en plus la crypto car celle-ci est plus rapide, plus sûre et surtout moins coûteuse que les banques. Ces avantages font le bonheur des particuliers et des entreprises, qui retirent peu à peu leur capital des comptes traditionnels. La plupart des valeurs et des revenus étant maintenant en dehors du système bancaire, tout laisse à présager un effondrement prochain si la situation continue en ce sens.

Face à cette urgence, certains établissements commencent à entrevoir la nécessité d’un changement. Une petite poignée de banques propose donc un service de paiement par la blockchain, délivre des cartes Visa prenant en charge les cryptomonnaies et permet même de conserver des tokens pour les réinvestir. Malgré cela, la plupart des sociétés de cryptomonnaies éprouvent encore des difficultés à ouvrir un compte bancaire, car la crypto est encore considérée comme trop risquée par certains établissements.

Jordan French, Iana Dimotrova, Sam Buxton, Ali Erhat Balbant et Constance Wang lors de la conférence au Paris Blockchain Week Summit

La crypto comme moyen de paiement : un véritable challenge pour les acteurs de l’industrie

La communauté des utilisateurs de cryptomonnaies s’agrandit chaque jour. Elle est si importante que l’utilisation de la blockchain pour les paiements semble être une issue inévitable sur le long terme. L’adoption de la crypto en tant que moyen de paiement permettrait aussi à une large part de la population de mettre les pieds dans l’industrie, alors que les cryptomonnaies ne représentent actuellement qu’une infime partie de l’argent qui circule dans le monde. Le succès de ces dernières dépend désormais exclusivement de l’utilisation que ses détenteurs en font, et l’industrie ne pourra exploser que si l’on s’en sert quotidiennement.

Les paiements en stablecoins deviennent néanmoins de plus en plus populaires. Cependant, chaque pays dispose encore de ses propres restrictions concernant leurs utilisations et, sans une norme globale qui sera appliquée à une large part des territoires, les cryptomonnaies restent encore difficiles à mettre à profit au quotidien. Elles représentent cependant un excellent moyen de paiement pour les entreprises.

Chez Damex.io nous avons comme client une société allemande qui achète du fer en Amérique du Sud. Comme ils sont en Allemagne, ils paient en Euro. Mais puisque leur fournisseur de fer est à l’étranger et souhaite recevoir le paiement en monnaie locale, la somme envoyée doit être convertie. Entre le temps où la société envoie l’argent et le temps où le fournisseur la reçoit, la somme transférée est donc déjà passée entre les mains de plusieurs tiers chargés de l’échange de devise, dans un délai de plusieurs jours. Les cryptomonnaies sont donc devenues la solution : le client nous transfère les euros avec lesquels nous achetons des USDT ou USDC que nous envoyons ensuite au fournisseur. Il les convertit ensuite lui-même en sa monnaie locale et tout cela n’aura pris que 20 minutes !

Sam Buxton lors de la conférence au Paris Blockchain Week Summit

Mais si les paiements en cryptomonnaie disposent de tant d’avantages, pourquoi leur adoption prend-elle autant de temps ? La réponse est très simple : pour en arriver jusque-là, les acteurs de l’industrie doivent longuement se préparer. Les sites d’échanges et autres sociétés de crypto ont besoin de créer des réserves de cryptomonnaies, sans quoi le stock s’écoulera rapidement sous la demande. Pire encore : sans stock, les utilisateurs ne pourront pas acheter de cryptos ou les échanger contre de la monnaie fiduciaire.

Certaines entreprises ont néanmoins su s’équiper dans l’attente du pire et conservent leurs stablecoins en trésorerie pour des achats futurs, mais la mise en place d’une véritable infrastructure est nécessaire pour s’assurer que le marché des cryptomonnaies ne s’effondre pas.

Plus alarmant encore : le marché des cryptomonnaies n’est pas encore en capacité de répondre à la demande, en cas d’adoption de masse. Il ne représente actuellement que 2% des paiements dans le monde et devra s’organiser pour remplacer progressivement les 98% manquants à l’avenir.

Pour FTX, la prochaine étape vers l’adoption massive consiste à étudier la demande que nous pouvons supporter, car il y a beaucoup de transactions. Nous avons fait une étude en partenariat avec Visa et MasterCard et chaque seconde, on enregistre environ 5 000 transactions dans le monde. La blockchain n’est pas encore en mesure de supporter un tel trafic. C’est pourquoi nous travaillons avec Solana ; l’offre est énorme et nous devons nous organiser rapidement et à faible coût. Malheureusement, nous avons encore plus de demandes que de solutions pour le moment. Cependant nous pouvons régler le problème sur du long terme. Pour cela, nous avons besoin de liquidités réglementaires de masse. Une fois que nous les aurons obtenues, nous pourrons soutenir des paiements en crypto avec des transactions rapides, sûres et bon marché.

Constance Wang lors de la conférence au Paris Blockchain Week Summit

Pour les quatre experts, le paiement mélangeant monnaie fiduciaire et crypto (notamment les stablecoins) sont l’avenir de l’industrie. Il faudra les intégrer à différents niveaux et jongler entre les échanges et les dépôts, mais avec une bonne réglementation, les deux secteurs pourraient facilement se complémenter. Pour l’instant, un seul projet semble correspondre à cette idée : la CBDC qui permettra d’avoir le soutien du gouvernement et des banques, ainsi qu’une norme généralisée. Il faut néanmoins attendre son lancement pour entrevoir ou non une possibilité d’adoption de masse des cryptomonnaies dans le futur.

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Laure Elizabeth Iacoucci
Après avoir parcouru le monde en tant qu'artiste, Laure Elizabeth a décidé de se poser et de se plonger dans le monde de la cryptomonnaie. Basée en France, diplômée de l'Université de Strasbourg et de l'Université Paris 8, elle a mis les pieds dans la crypto en 2017 et, depuis, n'a jamais cessé de faire partie de l'aventure. Avec plusieurs années d'expérience dans le journalisme et la traduction dans différentes langues à son actif, elle se consacre désormais à informer le public des...
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