Lancée par un groupe d’anciens employés de Meta, la blockchain Sui promet monts et merveilles à la crypto sphère. Promesses en l’air ou véritable révolution Web3 ? BeInCrypto fait le point.

Qu’est-ce que Sui ?

Blockchain Sui

Sui est une blockchain Layer 1 basée sur un mécanisme de consensus Proof of Stake. Elle a été lancée par Mysten Labs, une société fondée par un groupe d’anciens développeurs de Libra, le projet crypto déchu de Meta.

Pour rappel, Libra (alias Diem) était un projet de stablecoin et de plateforme de paiement crypto. Alors que certains des anciens développeurs du projet ont lancé Aptos, d’autres ont préféré se focaliser sur la blockchain Sui.

N.B

Contrairement aux idées reçues, la blockchain SUI et ses fondateurs n’ont actuellement aucune relation avec Diem ou Aptos.

Considérée comme une véritable pépite Web3, Mysten Labs, la société mère de la blockchain Sui, n’a eu aucun mal à séduire les capital-risqueurs. Parmi ses principaux investisseurs, on peut citer : Circle, Binance Labs et Electric Capital

En effet, l’équipe SUI promet de révolutionner le monde du Web3 en s’attaquant à ses deux plus grands problèmes, à savoir : la scalabilité et l’accessibilité. À long terme, l’équipe vise à rendre le Web3 aussi accessible et simple à utiliser que le Web2.

Comment fonctionne la blockchain Sui ?

À l’instar des autres blockchains de nouvelle génération, le réseau Sui est basé sur le principe des epochs (dans le jargon informatique, une epoch est la date à partir de laquelle un système d’exploitation commence à mesurer le temps). Chaque groupe de validateurs de la blockchain Sui gère une epoch qui s’étale sur une durée de 24 heures.

Les utilisateurs du réseau peuvent déléguer leurs actifs aux validateurs afin d’obtenir des droits de vote et gagner une partie des frais de transaction. Le réseau est également peu vulnérable aux attaques, car toute décision majeure doit être approuvée par au moins deux tiers des validateurs.

De plus, le réseau Sui s’appuie sur ce que l’on appelle “la scalabilité horizontale”, un concept informatique qui consiste à augmenter la puissance de calcul en ajoutant de nouveaux serveurs au réseau. En d’autres termes, les nodes (nœuds informatiques) de la blockchain Sui peuvent gagner en scalabilité en utilisant des ressources supplémentaires (nouveaux processeurs ou machines ou espaces de stockage supplémentaires).

Qu’en est-il des frais de gaz ?

C’est indéniable, la flambée des frais de gaz a ralenti le rythme d’adoption de la blockchain. Cependant, ces frais de gaz sont indispensables, car ils sont versés aux validateurs qui veillent à la sécurité du réseau blockchain. Sans gaz, les acteurs malveillants peuvent facilement spammer le réseau et mener une attaque par déni de service.

Lorsque l’activité d’un réseau blockchain augmente, les utilisateurs doivent payer des frais de gaz plus élevés pour ajouter leurs transactions aux blocs.

Afin de résoudre ce problème, SUI blockchain a mis en place un mécanisme de contrôle des frais. Ainsi, au début de chaque epoch (c’est-à-dire toutes les 24 heures), les validateurs votent sur un prix de référence qui s’applique à l’ensemble des transactions. De cette façon, les utilisateurs peuvent programmer leurs transactions en fonction de leur budget.

Notons toutefois que les utilisateurs de la blockchain Sui doivent payer des frais supplémentaires pour le stockage des données. En effet, à chaque fois qu’un utilisateur envoie des données au “Storage Fund” de Sui, il doit payer des frais de gaz et des frais supplémentaires à Sui. Le Storage Fund, ou fonds de stockage, permet de rémunérer les validateurs pour l’espace de stockage qu’ils fournissent aux utilisateurs. Ainsi, les frais de stockage augmentent au fur et à mesure que le réseau se développe.

Comment fonctionne Move, le langage de programmation utilisé par la blockchain Sui ?

La blockchain Sui utilise un langage de programmation appelé Move. Attention toutefois à ne pas confondre ce langage avec Core Move, qui a été développé par Meta et qui est basé sur le langage de programmation Rust.

En effet, les contrats intelligents de Sui utilisent le même langage de programmation que Diem et Aptos. Les principales différences entre la version originale du langage Move et la version utilisée par Sui sont les suivantes : 

  • Sur la blockchain Sui, les adresses représentent les ID d’objet;
  • Les points d’entrée Sui sont basées sur les données des références d’objet;
  • Sui utilise une architecture unique de stockage par objets (object-centric storage). Cela signifie que les données sont stockées en tant qu’unités distinctes;
  • La blockchain Sui utilise ce que l’on appelle des “initiateurs de modules”;
  • Chaque objet a un ID (identifiant) unique sur la blockchain Sui.

Move vs Solidity : quelles différences ?

Le langage de programmation Move de Sui vise à combler les lacunes de Solidity, le langage utilisé par la blockchain Ethereum. Son objectif premier est de représenter et assurer la sécurité des actifs numériques.

Comme vous le savez, la plupart des blockchains de nouvelle génération sont entièrement régies par les contrats intelligents (smart contracts). Les tokens basés sur Ethereum sont en effet des contrats intelligents qui conservent un historique des soldes associés à une liste de clés publiques

Sur la plupart des blockchains, les transactions permettent d’échanger des messages et non pas des actifs numériques. L’état global du réseau Ethereum est en effet la situation globale de tous les comptes. Sur la blockchain Sui, cependant, les choses sont complètement différentes.

Grâce au langage de programmation Move, les données du réseau Sui sont stockées par objets et non pas par comptes. Ces objets sont programmables et peuvent être échangés et transférés via des contrats intelligents. L’état global de Sui représente donc l’ensemble des objets programmables disponibles sur le réseau.

En effet, même les contrats intelligents sont considérés comme des objets sur la blockchain Sui. Chaque objet a une propriété qui dicte la façon dont il est utilisé dans les transactions.

Ainsi, un objet peut être : 

  • Détenu par une adresse – il s’agit du type d’objets le plus courant sur le réseau Sui, car sa propriété peut être transférée d’une adresse à l’autre.
  • Détenu par un autre objet – certains types d’objets, comme les actifs numériques, peuvent être détenus par des contrats intelligents (qui sont également des objets).
  • Immuable – les objets immuables ne peuvent pas être modifiés. Tous les packages Move (par exemple, les contrats intelligents) sont immuables une fois déployés.
  • Public – n’importe qui peut lire ou modifier un objet public.

Afin de s’assurer que leur code fonctionne comme prévu, les développeurs du réseau Sui peuvent utiliser un outil appelé Move Prover.

Transactions parallèles, késako ?

Sur la plupart des blockchains, les transactions s’exécutent l’une après l’autre. Ce, afin d’éviter le problème des doubles dépenses et d’assurer le bon fonctionnement du réseau. Bien que cette méthode soit très pratique, elle peut parfois limiter le débit de traitement de la blockchain.

En revanche, le mécanisme de transactions parallèles utilisé par la blockchain Sui lui permet de traiter jusqu’à 120 000 transactions par seconde. À titre de comparaison, Ethereum ne peut traiter que 7 à 15 transactions par seconde. De son côté, Visa ne peut pas traiter plus de 24 000 transactions par seconde.

En effet, la plupart des transactions n’ont pas d’interdépendances complexes avec d’autres parties de la blockchain. Généralement, les utilisateurs se contentent simplement d’envoyer un actif à un destinataire. Le mécanisme de consensus de Sui réduit la communication entre les validateurs lors du traitement des transactions. En conséquence, les transferts simples sont validés presque instantanément, tandis que les transactions complexes s’exécutent en 2 à 3 secondes.

Que faut-il savoir sur le mécanisme de consensus de la blockchain Sui ?

L’algorithme de consensus de Sui est géré par trois systèmes, à savoir : Narwhal, Bullshark et Tusk. Narwhal assure la disponibilité des données, tandis que Bullshark et Tusk s’accordent sur l’ordre de transfert des informations.

Notons par ailleurs que le mempool (le memory pool est l’espace où toutes les transactions sont stockées jusqu’à leur validation) de la blockchain Sui est basé sur un graphe orienté acyclique (DAG). Ce dernier permet de traiter les transactions parallèles au niveau de la couche d’exécution.

Quelles sont les dApps à surveiller sur la blockchain Sui ?

Bien que la blockchain Sui en soit encore à ses débuts, elle a déjà séduit de nombreux développeurs d’applications décentralisées. Voici quelques-unes des dApps les plus populaires sur le réseau : 

Plateformes SocialFi

Le réseau Sui abrite toute une panoplie de dApps SocialFi, notamment : Read2N (une plateforme de publication Web3), Peeranha (une application de questions-réponses similaire à Quora) et SoWork (une plateforme dédiée aux travailleurs à distance).

Sur SoWork, les utilisateurs peuvent créer leurs propres bureaux virtuels pour connecter des équipes du monde entier. De nombreuses grandes entreprises, dont Microsoft et Harvard Business School, utilisent SoWork.

Bridges crypto

Les ponts Axelar Network et Wormhole ont déjà ouvert leurs portes sur la blockchain Sui.

Plateformes DeFi

Parmi les plateformes DeFi les plus populaires sur le réseau Sui, on peut citer : Naami, Araya Finance et SynthMeta. Le réseau abrite toute une panoplie d’applications DeFi, mais ces dernières sont encore en phase de test.

Naami et Araya Finance sont des bourses crypto décentralisées (DEX). Leurs utilisateurs peuvent échanger des actifs enveloppés (wrapped assets), comme Bitcoin ou Ethereum. De son côté, SynthMeta est une plateforme tout-en-un pour l’échange et le trading de produits dérivés. 

Applications GameFi

Rage est l’un des rares jeux disponibles sur la blockchain Sui. Il permet aux gamers de collecter des ressources, construire leurs propres villages et combattre d’autres joueurs.

Aptos vs Sui : quelles différences ?

Aptos et Sui partagent de nombreux points communs : ils sont tous deux inspirés du projet Diem de Meta et ils utilisent le même langage de programmation. De même, ils sont soutenus par les mêmes investisseurs. Cependant, les deux projets ne sont pas tout à fait similaires.

Alors que Aptos utilise une version classique du langage Core Move, l’équipe Sui a apporté quelques modifications à son langage de programmation. De même, Aptos n’utilise aucun système de stockage par objets. Sur Sui, en revanche, n’importe quelle adresse peut posséder un nombre illimité du même type de ressources. De plus, un seul compte Sui peut posséder dix objets différents, chacun avec sa propre valeur.

Sui peut traiter jusqu’à 120 000 transactions par seconde, tandis qu’Aptos peut exécuter plus de 160 000 transactions par seconde. Notons cependant que le débit de traitement du réseau a chuté de façon spectaculaire lors du lancement du mainnet (réseau principal).

Cela dit, étant donné que les deux blockchains en sont encore à leurs débuts, il est difficile de les comparer. Il convient toutefois de rappeler qu’Aptos a lancé son réseau principal en octobre 2022, soit six mois avant Sui.

La feuille de route de Sui

Le devnet de la blockchain Sui a vu le jour en mai 2022. Il comprenait uniquement un explorateur et quatre nodes (qui étaient tous gérés par Mysten Labs). Près de six mois plus tard, l’équipe a lancé la première version de son testnet. 

Ensuite, les développeurs ont progressivement introduit de nouvelles fonctionnalités sur le testnet. L’objectif était de vérifier le bon fonctionnement des nodes de validation, des portefeuilles et des différents outils de développement. Le déploiement du testnet s’est étalé sur trois étapes : réseau, staking et mises à jour.

Suite au succès des deux premières versions du testnet, l’équipe a lancé son réseau de test permanent le 29 mars 2023. Bien que le mainnet ait été lancé en mai, la dernière version du testnet restera toujours opérationnelle.

Selon l’équipe du projet, le testnet permanent est la première version de Sui DevX 1.0. Ce dernier se base sur les propositions de la communauté pour améliorer l’efficacité et l’ergonomie des outils de développement de Sui.

Sui blockchain
Feuille de route de la blockchain Sui : about-sui.com

La tokenomics de la crypto Sui

Comme vous l’aurez compris, le token Sui est la cryptomonnaie native de la blockchain Sui. Son offre totale est plafonnée à 10 milliards de pièces et ses détenteurs peuvent l’utiliser pour : 

  • Obtenir des droits de vote et gagner une partie des frais de transaction;
  • Payer les frais de gaz;
  • Échanger des actifs sur la blockchain Sui;
  • Effectuer des transactions.

Où acheter la crypto Sui ?

Où acheter la crypto Sui ?

La crypto Sui est disponible sur la plupart des grands exchanges crypto, notamment Binance, OKX, KuCoin et ByBit. Au moment où nous écrivons ces lignes, l’actif s’échange à 0,98 $, en baisse de 54,34 % par rapport à son sommet historique du 3 mai 2023.

Au grand dam de la communauté, la blockchain Sui a décidé de ne pas passer par la case airdrop. Peu de temps avant le lancement de son mainnet, l’équipe a lancé un programme baptisé “Sui Champions & Supporters”. Ce dernier a permis aux premiers contributeurs et investisseurs d’acheter le token Sui à un cours de 0,03 $ sur OKX, KuCoin et ByBit.

D’après l’équipe du projet, les champions sont “les modérateurs et les testeurs qui ont contribué de manière significative au réseau”, tandis que les supporters sont “les membres qui ont rejoint la chaîne Discord avant le 1er février 2023”.

Alonso de Gortari, économiste en chef chez Mysten Labs, a précédemment déclaré qu’une “partie des tokens sera allouée à l’équipe Mysten Labs, aux premiers contributeurs, aux investisseurs et aux programmes de subvention”.

De même, une partie de l’offre totale de la crypto Sui a été versée à la Fondation Sui. Cette dernière utilisera les fonds pour : 

  • Les hackatons, les conférences et le développement de la blockchain Sui;
  • Le développement de projets liés à la DeFi, aux portefeuilles crypto et à l’identité numérique;
  • La création de produits et de services visant à attirer davantage d’utilisateurs vers la blockchain Sui.

La blockchain Sui peut-elle tenir ses promesses ?

Tout d’abord, il est très difficile pour une blockchain grand public de traiter 120 000 transactions par seconde. Pour la plupart des réseaux blockchain, il est tout à fait possible de traiter de gros volumes de transactions simples en seulement quelques secondes. Néanmoins, les transactions complexes nécessitent d’énormes quantités de puissance de calcul et une très grande scalabilité. En conséquence, il est probable que la blockchain Sui ait du mal à tenir ses promesses en termes de débit.

Théoriquement, même Ethereum, qui souffre de grands problèmes d’évolutivité, peut traiter plus de 120 000 transactions simples par secondes Cependant, les plateformes DeFi complexes nécessitent des contrats intelligents qui dépendent d’autres contrats intelligents. En d’autres termes, une seule transaction peut solliciter différentes parties de la blockchain.

Ces transactions complexes nécessitent de grandes quantités de gaz. Cependant, les blocs de la blockchain ont des limites de gaz, ce qui signifie qu’ils ne peuvent pas dépasser un certain volume de transactions.

Quel avenir pour la blockchain Sui ?

Tous les nouveaux projets blockchain se lancent avec des objectifs ambitieux, mais la plupart d’entre eux ne résistent pas à l’épreuve du temps. Sui se targue d’avoir le remède miracle à tous les maux de la blockchain, à savoir la scalabilité, les frais de gaz et les problèmes de congestion et de latence.

La blockchain Sui parviendra-t-elle à tenir ses promesses ? Seul le temps nous le dira. Cependant, une chose est sûre : les projets comme Sui et Aptos sont en train de préparer le terrain à une nouvelle ère du Web3. 

Foire aux questions (FAQ)

Qu’est-ce que la blockchain Sui ?

Qu’est-ce que le langage de programmation Move ?

Qu’est-ce que Mysten Labs ?

Qu’est-ce que Aptos ?

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Fatima-Zahra C
Diplômée de Toulouse Business School, Fatima-Zahra a entamé sa carrière en tant que consultante chez Deloitte, avant de se reconvertir dans la presse économique et fintech. En plus de son travail de journaliste, Fatima-Zahra a géré les relations presse de plusieurs cabinets d’avocats à Paris, Londres et Casablanca. Tombée sous le charme des cryptomonnaies en 2021, elle a travaillé en tant que traductrice chez BeInCrypto de 2021 à 2023. Ses sujets d’expertise : Cryptomonnaies, Finance...
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