Le krach de la cryptomonnaie cause du tort à toutes les monnaies numériques. Une leçon qui reste en tête de tous les passionnés, et qui joue un grand rôle dans la relance de l’industrie.
La peur de perdre prévaut sur la passion
Le krach des cryptomonnaies, bien que prévu et craint par la plupart des acteurs de l’industrie, est enfin survenu. Arrivé comme un tsunami, il a emporté avec lui la valeur des monnaies numériques et noyé certaines d’entre elles. Terra en aura fait cruellement les frais. La chute de la crypto a laissé surgir une véritable vague de panique au sein des passionnés et des investisseurs de la crypto sphère, qui ont alors revendu leurs pièces dans la précipitation. Néanmoins, à l’heure de la reconstruction, ils sont très peu à répondre présent à l’appel.
Avant la crise, les cryptomonnaies étaient encore vues comme une mine d’or. Appâtés par le succès de Bitcoin qui avait su rendre riche ses investisseurs de la première heure, la communauté n’a cessé de grandir et, aveuglés par l’envie de gagner de l’argent, certains d’entre eux n’ont pas su voir les signes ni se protéger.
Les monnaies numériques sont désormais vues comme une industrie instable et peu fiable, au sein de laquelle tout investissement peut être perdu – bien que cela soit également le cas pour tous les autres placements.
Les investisseurs crypto ont retiré leurs fonds, aux dépends d’autres devises. Bitcoin, par exemple, a vu sa valeur baisser lorsque les utilisateurs de Terra ont revendu le contenu de leur portemonnaie crypto après avoir été dédommagés. Ils ont été très peu à replacer leur argent dans sa blockchain par la suite, et Bitcoin a perdu près de 60% de sa valeur pour atteindre des records de baisse depuis neuf mois. Mais comment expliquer le désengagement de la communauté ?
D’après Le Revenu, les membres de la crypto sphère sont atteints d’une véritable “cryptophobie”, et même les plus enthousiastes refusent de se replonger dans le bain de la spéculation. Pour expliquer pourquoi, le journal utilise la métaphore de la bougie.
« Connaissez-vous l’histoire de la bougie?, écrivait Louis Roubaud (La Bourse, Grasset). Dans un cercle d’amis, lors d’une veillée d’hiver, on allume une bougie. Cette bougie allumée va de main en main comme le flambeau des lampadophores. Au fur et à mesure que la mèche s’allonge, la cire fond. La flamme est plus belle, la bougie plus courte. Et ce, tout au long de la chaîne. Soudain, un joueur pousse un cri et jette brutalement le petit bout de chandelle bouillante. Elle vient de lui brûler les doigts… »
Extrait de l’article du Revenu
Cette crainte d’être le dernier de la chaîne et de tout perdre alors que d’autres ont su tirer leur épingle du jeu est en quelque sorte confirmée par l’indice de Fear and Greed qui évalue le désir d’achat de la crypto ou, au contraire, son aversion sur une échelle de 0 à 100.
Contrairement au début de l’année, où l’indicateur était à 60 (ce qui indique une forte envie d’investir de la part du public), ce dernier était dernièrement placé à 8, ce qui veut dire que la peur extrême règne en maître au sein de l’industrie et que les individus ont tendance à liquider leurs fonds. En effet, dans le cadre d’une telle crise, les survivants préfèrent sauver les meubles en vendre ce qu’il leur reste avant que les cryptomonnaies ne plongent davantage, voire ne disparaissent.
Le résultat d’une politique d’opposition
La peur des investisseurs et des acteurs peut également s’expliquer par la longue bataille médiatique qui oppose la crypto sphère aux avocats de la finance traditionnelle. À force de mettre en avant le côté volatile et spéculatif de la cryptomonnaie, la Banque Centrale Européenne et les différents gouvernements ont su instiller la méfiance ainsi que la peur dans l’esprit d’éventuels intéressés. Quant aux passionnés qui ont tout perdu, ils en viennent à se dire que les médias avaient raison.
En France, le phénomène est définitivement palpable. Dans un pays où les générations se déchirent encore et malgré l’engagement des jeunes au sein de l’industrie, le rejet de la technologie de la blockchain et le côté moralisateur des grandes institutions ne fait qu’éloigner les investisseurs.
Tandis qu’on les prévient des risques qu’ils pourraient encore encourir (d’autant plus que la crise est loin d’être terminée ou stabilisée), ces derniers préfèrent se détourner de l’industrie et placer leurs fonds dans des projets plus sûrs. Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle ils n’investissent plus.
Les investisseurs déplacent désormais des capitaux vers des obligations plus sûres au lieu de simplement vendre et détenir des liquidités (comme ils le faisaient jusqu’à présent…). Un appétit pour le risque plus large associé à une corrélation plus faible entre les classes d’actifs pourrait signifier que les prix ont atteint un creux, au moins pendant un certain temps. Les chiffres macroéconomiques clés font état d’une inflation plus élevée, d’un revenu personnel légèrement supérieur et de dépenses stables. Si les dépenses cessent d’être vigoureuses à mesure que le revenu personnel diminue, les prix à la consommation diminueront également.
Extrait de la note de Matteo Bottacini, trader chez Crypto Finance
La crypto sphère sait déjà quoi faire
Si l’on en croit Matteo Bottacini, il faudra attendre plusieurs mois, voire quelques années, pour que la situation se rétablisse. Les cryptomonnaies devront déjà se stabiliser et l’inflation qui atteint des records depuis plusieurs semaines devra s’atténuer avant que les investisseurs ne reviennent.
Entre temps, l’industrie devra corriger ses différents travers : avidité qui génèrent des arnaques, volatilité et trop grosses spéculations devront être combattues si la crypto souhaite trouver sa place auprès de la population.
Nous avons tous à l’esprit les tweets d’Elon Musk qui déstabilisent régulièrement le Bitcoin. Il suffit de quelques mots du fondateur de Tesla pour que le cours dégringole comme en mai 2021. Alors que l’unité affichait une valeur d’environ 45 000 dollars, Musk avait sous-entendu que Tesla pourrait revendre ses parts de Bitcoin : la monnaie avait alors chuté aux environs de 30 000 dollars.
Extrait d’un article de Capital sur la peur de la crypto
Comme l’ont déjà fait remarquer plusieurs grands acteurs de la crypto sphère, la confiance que la population a placée dans l’industrie ne pourra revenir que lorsque cette dernière se sera davantage sécurisée, aura évincé tous ses projets fantômes et démontré sa valeur au grand public en proposant davantage de services.
C’est donc un grand travail qui attend la crypto sphère qui devra sans doute patienter avant de voir son heure de gloire arriver.
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