La fin de la suprématie du dollar américain dans la finance et l’économie mondiale est un sujet largement discuté, mais ce processus est beaucoup plus complexe qu’on pourrait le prévoir. La dé-dollarisation pourrait en effet entraîner une perturbation majeure de l’ordre économique international, quitte à produire un effet où les acteurs mondiaux se verraient obligés de se déconnecter totalement des États-Unis.
Renverser le dollar
Comme l’a exprimé le président brésilien Lula lors de sa visite en Chine en avril, : « Pourquoi tous les pays seraient obligés de faire leurs échanges en se basant sur le dollar ? Qui a décidé que le dollar serait la monnaie (de référence) ? » En réalité, pourquoi est-il nécessaire d’utiliser le dollar pour faciliter des échanges bilatéraux lorsque les deux pays disposent de leurs propres devises ? Quelle est la contribution de la monnaie américaine aux échanges et aux économies mondiales qui justifie sa prééminence ?
Dans une tribune parue dans Le Monde, Carla Norrlöf, professeur de sciences politiques à l’Université de Toronto, a abordé la question de l’importance du dollar. D’entrée de jeu, elle a souligné que pour supplanter la suprématie du dollar, il faudrait un changement monétaire substantiel.
Le billet vert est-il indispensable ?
Dans son argumentation, l’auteure commence par souligner que les gouvernements étrangers utilisent le dollar comme une monnaie d’ancrage pour stabiliser leur propre devise, tandis que les entreprises étrangères le privilégient comme moyen de règlement des échanges internationaux. Cette confiance accordée au dollar par ces acteurs lui confère son statut hégémonique. De plus, il est largement accessible sur tous les marchés de change internationaux.
Elle précise, en ces termes : “La liquidité, la profondeur et l’ampleur du marché du dollar en font une option moins coûteuse et plus pratique que d’autres alternatives.”Elle poursuit en expliquant que le dollar joue un rôle crucial en tant que bouée de sauvetage en période de crise.
Elle souligne qu’une tentative de concurrencer le dollar nécessiterait que le pays ou le groupe émettant une nouvelle monnaie brise les effets de réseau du billet vert et soit prêt à en subir les conséquences. La spécialiste estime que les pays développés hésitent à prendre ce risque, car cela les priverait de l’accès aux lignes de swap en dollars, qui leur permettent d’obtenir des liquidités pour intervenir en cas de crise nationale.
De plus, elle note qu’un pays qui délaisse l’USD perd la garantie de sécurité américaine. elle conclut en affirmant : “À moins de bouleversements économiques majeurs ou de réalignements géopolitiques, l’hégémonie mondiale du dollar persistera, créant ainsi les conditions de sa propre pérennité.”
Qu’en est-il du Bitcoin ?
Le dollar sera peut-être difficile à détrôner mais il ne pourra pas empêcher le développement de système monétaire alternatif. Le Bitcoin, en tant que mode de paiement numérique, est destiné à coexister avec le “green buck” en raison de sa convivialité et de ses garanties de sécurité. Bien que la volatilité soit actuellement reprochée au Bitcoin, de nombreux experts estiment que, à mesure que son adoption s’élargira avec le temps, la cryptomonnaie devrait connaître moins de fluctuations sur les marchés.
Morale de l’histoire : Le billet vert sera-t-il le premier à défier le proverbe : “le génie n’a qu’un siècle “
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